Résumés
Résumé
L'article remet en question le « classicisme juridique », une vision communément partagée selon laquelle le droit civil français demeure, comme depuis la codification, un système purement et profondément formaliste et positiviste, c'est-à-dire cohérent, complet et autonome de même que caractérisé par un raisonnement objectif neutre et rationnel. L'auteure démontre l'existence d'une tradition critique vigoureuse dans la communauté juridique française, laquelle chercha à démanteler l'emprise du classicisme juridique. Ce courant critique a été éclipsé par l'histoire et le contexte culturel du xxe siècle. Plus précisément, l'article est consacré à l'analyse des travaux de deux auteurs, soit le pragmatiste Raymond Saleilles et le théoricien de la méthode François Gény. L'auteure avance l'hypothèse que, avec plusieurs autres juristes de la fin du XIXe siècle, ils formèrent une école de pensée critique en matière de droit privé qu'elle a choisi d'appeler les « juristes inquiets ». Elle examine la critique interne et externe des juristes inquiets, ainsi que la vision innovatrice qu'ils proposèrent pour renouveler la tradition juridique.
Abstract
This paper calls into question the notion of « legal classicism », a widely shared vision in which French civil law has been considered to be —since the time of codification —a purely and profoundly formalistic and positivist system, i.e. coherent, complete and autonomous as well as being characterized by objective, neutral and rational reasoning. The author presents the existence of a vibrant critical tradition in the French legal community, which has sought to dislodge the influence of legal classicism. This critical line of thinking was eclipsed by history and the cultural context of the xxth century. More specifically, the paper presents an analysis of the works of two authors, viz. the pragmatist Raymond Saleilles and the theoretician underpinning the method, François Gény. The author proposes the hypothesis that, along with several other legal scholars toward the end of the xixth century, they were members of a school of critical thought in the area of private law that she has chosen to call the « juristes inquiets » (Anxious Jurists). She proceeds to analyze the external and internal criticisms of the « juristes inquiets », plus the innovative vision that they proposed to usher in a renewal of legal tradition.
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