Chronique bibliographique

Roderick A. Macdonald et Véronique Fortin (dir.), Autonomie économique autochtone : dimensions multiples, Montréal, Les Éditions Thémis, 2015, 336 p., ISBN 978-2-89400-331-2[Notice]

  • Fatoumata Kaba

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  • Fatoumata Kaba
    Université Laval

La question autochtone au Canada est très souvent abordée en termes de titre aborigène, de droits ancestraux ou de revendication territoriale globale. Cependant, un thème central semble être occulté, soit celui des moyens financiers nécessaires pour soutenir l’autonomie gouvernementale des peuples autochtones. En effet, l’autodétermination des peuples autochtones est appréhendée de manière limitative, privilégiant l’aspect politique et culturel au détriment de l’aspect économique. L’ouvrage sous la direction de Roderick A. Macdonald et Véronique Fortin, dans une perspective pluridisciplinaire (géographie, économie, droit, anthropologie, sociologie, etc.) et avec une approche méthodologique basée sur le pluralisme juridique, le droit comparé et le postcolonialisme, explore les différentes facettes de l’autonomie économique des peuples autochtones au Canada. Du modèle entrepreneurial féminin aux ententes sur les revendications territoriales globales ainsi qu’aux ententes sur les répercussions et les avantages en passant par l’obligation fiduciaire de la Couronne, les sujets sont abordés de façon transversale. Réalisé sous la direction de Roderick A. Macdonald et Véronique Fortin, l’ouvrage intitulé Autonomie économique autochtone : dimensions multiples regroupe onze textes répartis en deux parties thématiques. Après la préface de Pierre Noreau, « Économie et autochtonie : entre altérité et intégrité » (p. xiii) qui rappelle le contexte d’élaboration de l’ouvrage par l’équipe « Peuples autochtones et gouvernance » (p. xiii), l’introduction de Véronique Fortin et Roderick A. Macdonald (qui ressemble plus à une conclusion) fait une mise en contexte des thématiques abordées. On y trouve en réalité une mise en perspective des objectifs des auteurs qui cherchent à étudier « plusieurs modèles susceptibles de permettre un développement spécifique des activités économiques autochtones » (p. xiv). Ce faisant, la problématique centrale dans l’ouvrage est « la question des conditions de la participation autochtone à la modernité économique » (p. xv), en d’autres termes, la contribution des peuples autochtones à l’économie moderne, en partant des différentes théories du développement. C’est pourquoi les auteurs cherchent à énoncer les conditions de l’autonomie économique autochtone indispensable pour soutenir l’autonomie gouvernementale. Dans ce sens, l’ouvrage « explore les questions liées à l’autodétermination, à l’exploitation équitable des ressources et au développement économique et social des communautés autochtones » (p. 2). La première partie, dont le titre est « Interactions sociales et territoires », est développée en quatre thèmes. Le premier texte, qui s’intitule « Who owns the meaning of property in indigenous collectivities in Canada ? Some hypotheses on the subject of law-making » (p. 15), a été rédigé par Thomas McMorrow. Il examine les débats relatifs à la réforme de la Loi sur les Indiens portant sur le régime de propriété dans les réserves au Canada. Pour lui, le régime de propriété appliqué dans les réserves indiennes constitue un frein au développement économique des peuples autochtones. Il s’interroge à cet effet sur le lien possible entre la privatisation de la propriété (qu’il analyse comme un concept relationnel) dans les réserves et la culture autochtone. Le deuxième texte, intitulé « Treaties, laws and indigenous normativity » (p. 35), a été élaboré par un des directeurs de l’ouvrage lui-même, Roderick A. MacDonald. Ce dernier rappelle, de manière originale, les impacts de la Loi sur les Indiens sur le développement économique des peuples autochtones. Il précise que les réflexions menées au cours des dernières années ont porté sur la manière de modifier la Loi sur les Indiens pour favoriser le développement économique dans les réserves. En mentionnant l’Initiative sur le droit de propriété des Premières Nations comme une des solutions de rechange, il précise que l’idée qui sous-tend cette dernière est que les terres dans les réserves peuvent faire l’objet d’appropriation et de titre de propriété. …

Parties annexes