Résumés
Résumé
La langue orale, c’est certes un outil de communication, mais c’est aussi, en contexte scolaire particulièrement, un outil de pensée et d’apprentissage, et, plus fondamentalement, un vecteur d’affirmation de soi. La communication orale n’est pas seulement la prise de parole. N’oublions pas en effet la compréhension orale, qui vise à faire en sorte que les élèves acquièrent des outils leur permettant de mettre en place une réception critique du discours de l’autre. L’oral de communication proprement dit comprend deux dimensions: la production orale à caractère plus ou moins formel et les interactions verbales. Les interactions orales sont également au coeur d’un autre oral: celui mobilisé par la réalisation de tâches d’apprentissage. Les interactions orales sont mises à profit, parce que l’on postule que c’est dans l’interaction langagière sociale que se réalisent les apprentissages. Ce premier oral d’apprentissage se prolonge – et s’approfondit – dans un autre: un oral de construction de savoirs, qui a trait à la construction de critères qui caractérisent des objets d’apprentissage et à l’explicitation des démarches méthodologiques qui permettent de s’approprier ces objets. Cet oral de construction de savoirs s’accompagne d’un oral plus réflexif, par le biais duquel l’apprenant parle de l’objet d’apprentissage que représente l’oral, et, plus largement, de ses apprentissages ainsi que des représentations qu’il se construit de ses apprentissages, et de lui comme apprenant. Plus fondamentalement, la communication orale sous ses divers volets permet à l’élève de se produire, de se construire comme sujet parlant et de se dire comme personne, en français. Quant au travail pédagogique sur la communication orale, il privilégie une prise de parole par les élèves, qui s’accompagne d’interventions sur des éléments de l’oral comme objet – et non seulement comme médium – d’apprentissage; il bénéficie en outre de conditions favorisantes telles que des pratiques signifiantes et des modèles; il vise enfin à promouvoir une conscience, autant qu’une culture, de l’oral, pour que les élèves puissent se construire, en contexte scolaire, leur parole. Plus fondamentalement, il est question de développer chez l’élève un pouvoir d’action, sur le discours de l’autre et, surtout, sur son propre discours et sur soi.
Abstract
While it is true that oral language is a tool for communication, it can also (particularly in a scholastic context) be a tool for thinking and learning and, more fundamentally, a vector of self-affirmation. Oral communication is not only the act of speaking. Indeed, we mustn’t neglect the role of oral comprehension, which aims to lay the way for students to acquire the tools they need to develop critical listening skills. The oral aspect of communication per se comprises two dimensions: oral production of a rather formal nature and verbal interaction. Oral interaction is additionally at the core of another oral process that takes place when students carry out learning tasks. Oral interaction is called into play, then, in learning situations, based on the postulation that it is through social language interaction that learning occurs. This first aspect of oral communication as a part of and for the purpose of learning is extended—and broadened—in another oral aspect of communication that deals with knowledge-building. This aspect deals with the building of criteria that characterize the objects of learning and with explanation of the methodological processes that make appropriation of these objects possible. This oral aspect of learning (knowledge-building) is paired with a more reflexive oral process whereby learners talk about oral language as an object of learning, and, more broadly, about their own learning, the representations that they construct of their learning, and how they see themselves in their capacity as learners. More fundamentally, oral communication considered in its diverse aspects provides students with the means to build and realize themselves as speaking subjects and to give voice to their personhood in French. As for the pedagogical work on oral communication, it focuses on getting students speaking and is backed by activities that involve the elements of oral communication as an object—and not only a means—of learning. Moreover, this pedagogical work draws on favourable conditions provided by meaningful practices and models. And finally, it aims to promote an awareness, as much as a culture, of the oral aspects of communication, so that students may work in a school setting to build their voice. More fundamentally, the goal is to empower students to take action in regard to the spoken discourse of others and, above all, in regard to their own discourse and to their sense of self.
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Parties annexes
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