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L’Atlas des risques en France dirigé par Yvette Veyret et Richard Laganier présente de façon stimulante une approche territoriale et territorialisée des risques naturels et technologiques en France nourrie par les contributions de 18 auteurs, principalement géographes. L’analyse du sous-titre proposé, Prévenir les catastrophes naturelles et technologiques, permet de rendre compte de la visée de l’ouvrage. Le premier terme, « prévenir », s’impose dans la mesure où l’État français construit sa politique de gestion des risques sur une stratégie d’anticipation sur tous les territoires et pas seulement sur les territoires sinistrés. Ensuite, « catastrophes » atteste de l’importance du décryptage des retours d’expérience (REX) pour mettre à disposition des données relatives aux risques et renforcer à la fois la culture du risque et la résilience collective de la France. Enfin, « naturelles et technologiques » expriment l’emprise des aléas sur le territoire, non pas en termes d’augmentation des fréquences des manifestations des aléas, mais en termes d’accentuation de la vulnérabilité des sociétés et des territoires.

En déplaçant la focale, les auteurs déroulent toutes les échelles spatiales, de l’analyse du national au local, et révèlent toute la complexité à la fois des risques et des enjeux de l’aménagement du territoire. La première partie offre un état des lieux des manifestations des aléas et des risques en France et met aussi en lumière les approches-clés pour une analyse opérationnelle et contemporaine des risques : par exemple, la vulnérabilité, offrant ainsi un renouvellement de l’approche des risques. Puis, une deuxième partie présente les politiques et stratégies de gestion des risques et invite le lecteur à une analyse du fonctionnement institutionnel de la France. Les REX présentés dans la troisième partie révèlent les réalités et les diversités territoriales des risques. Ces REX visent à capitaliser les leçons du passé pour gérer le présent et prévenir dans le futur. Enfin, une quatrième partie montre comment les risques naturels et technologiques entrent en synergie dans les villes, comment le niveau de vulnérabilité d’une ville dépend de la qualité de sa gouvernance, de facteurs humains, de facteurs socioéconomiques ou encore culturels et institutionnels. La ville émerge comme « territoire à risque ».

Chaque double page est organisée autour d’un thème : la vulnérabilité des sociétés (p. 14-15), les politiques de gestion (p. 26-27), une gestion transfrontalière des risques fluviaux (l’Escaut – p. 46-47), Xynthia ou la difficile gestion des effets d’une tempête (p. 50-51), sécheresse et gel dans les espaces ruraux (p. 56-57), Lyon ou l’importance des risques technologiques (p. 78-79), Paris et la crue centennale (du risque naturel au risque métropolitain – (p. 86-87)… Les auteurs se saisissent de ces thèmes à partir de cartes de graphiques, d’encadrés explicatifs et de texte. Chaque graphique offre un coup de projecteur sur une réalité territoriale ; mais derrière l’expression graphique et géographique, l’ouvrage propose une analyse des mécanismes territoriaux complexes, par exemple l’urbanisme, l’aménagement du territoire, le jeu des échelles spatiales et temporelles, les politiques de gestion, ou encore le jeu des acteurs.

L’Atlas des risques en France invite les acteurs territoriaux à penser (ou repenser) les territoires à l’aune des risques en les considérant comme leviers pour un renouvellement territorial. Compte tenu des différentes entrées, l’ouvrage, très exhaustif, intéressera un public qui dépasse le cercle des géographes et pourra être utilisé aussi bien dans le cadre de l’enseignement que de l’action territoriale publique, ou par les élus locaux et le grand public puisque, au fond, la question des risques est un peu l’affaire de tous.