Corps de l’article

Depuis la popularisation du concept de développement durable (DD), à la fin des années 1980 par le rapport Brundtland, le vocable « durable » a été appliqué à pratiquement tous les champs d’intervention, de l’agriculture au tourisme en passant par la ville et l’urbanisme durable. Aujourd’hui, la problématique des territoires durables constitue une approche paradigmatique distincte, comme en témoigne la revue électronique Développement durable et territoires. Le présent livre s’inscrit dans cette approche, tout en étant orienté vers la « mise en pratique du DD » à l’échelle des quartiers urbains. Il s’agit alors de fournir une boîte à outils, une méthodologie et un éventail de bonnes pratiques de développement urbain durable, dont les écoquartiers, basées sur la participation des populations et la triple intégration des besoins locaux, des contraintes environnementales et des enjeux de DD.

Un des enjeux cruciaux, à l’échelle des territoires (quartier, ville, regroupement de municipalités, MRC, région, bassin versant), est celui de la capacité de l’ensemble des acteurs non seulement de réaliser des projets ponctuels, tels que le compostage ou la mobilité durable, mais d’adopter une démarche intégrée de DD ; intégrée de façon multidimensionnelle (de l’environnement à la culture), multitemporelle (d’hier à aujourd’hui), multiscalaire (du local au global) et multiacteurs. Une des trois parties du livre est d’ailleurs consacrée à la démarche intégrée d’urbanisme durable et les deux autres au développement urbain et aux projets d’aménagement. Par contre, les questions de la concordance des temps de l’action, de l’intégration des échelles spatiales et des jeux d’acteurs autour d’un mode de gouvernance plus participatif (démocratie élective vs démocratie participative) n’ont pas été abordées explicitement.

Le sous-titre du livre Concevoir un écoquartier crée une attente de « comment ». Toutefois, le contenu reste davantage sur les plans de la démarche stratégique, des principes et des exemples. Certes, la conception d’un projet intégré d’aménagement urbain durable ne relève pas du livre de recettes ; mais il aurait été intéressant que les auteurs fassent état des embûches rencontrées, des limites de la démarche stratégique et des écarts entre les objectifs, les finalités et les résultats obtenus dans les cas présentés. Selon nous, il n’y a pas de ville durable dans le monde – bien que certaines s’en réclament : c’est un chantier en construction, en devenir, dont l’issue n’est pas encore connue. Car l’urbanisme durable renvoie plus largement à une transformation du mode de production et de consommation, bref des rapports sociospatiaux. La Chartre d’Aalborg, pour des villes durables, souligne d’ailleurs l’urgence d’une telle rupture.

Malgré les éléments de critique évoqués, ce livre constitue une référence obligée pour les collectivités territoriales, pour les formateurs et les praticiens de l’aménagement urbain et régional soucieux de traduire les principes et les objectifs de DD dans l’action et les territoires.