Corps de l’article

Le volume de Scott McKay, Pour un Québec vert et bleu, constitue un apport valable aux discussions qui ont lieu (ou n’ont pas lieu, selon certains) relativement aux choix de politiques publiques que le Québec doit faire en matière environnementale.

Scott McKay se penche sur un bon nombre de ces choix : exploitation pétrolière et gazière de nos propres sources, source d’approvisionnement en pétrole bitumineux albertain, transport et aménagement, développement durable, gaz à effet de serre, entre autres.

Mais l’auteur aborde aussi, et c’est peut-être là sa contribution la plus intéressante, les questions institutionnelles reliées à l’environnement. Faut-il modifier le fonctionnement du BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) ? Comment structurer les incitatifs et les pénalités pour que nos entreprises prennent le virage vert, sans les fragiliser vis-à-vis de leurs opérations et les rendre vulnérables à la compétition internationale ? Comment faire progresser le développement durable en dehors de son statut actuel de contrainte en bonne partie bureaucratique ?

Sur les questions institutionnelles qui se posent à propos du BAPE, l’auteur fait preuve, entre les pages 129 et 143, d’une bonne connaissance de la question et de sa capacité d’y traiter, avec les nuances appropriées, des possibles améliorations à apporter. Il peut arriver que les nombreuses nuances empêchent parfois de bien voir la direction à prendre. Mais on ne reprochera pas à un homme politique de prendre en considération les différents angles d’une question, dont certains sont assez loin de la politique comme telle.

C’est également aux pages 78 à 85 que Scott McKay traite avec nuances de la délicate question des moyens – fiscaux en particulier – à prendre pour inciter les entreprises à effectuer le virage vert qui est proposé. À cet égard, l’auteur va même jusqu’à présenter des données qui peuvent nuancer l’idée, pourtant bien répandue, de Michael Porter, que des normes plus sévères entraînent à coup sûr nos entreprises à être plus efficaces sur le plan de la compétitivité internationale. Dans le traitement de cette dernière question, McKay marque bien la différence entre les effets à court et à long termes de ces normes exigeantes, tout en notant le fait que les résultats positifs ne sont pas nécessairement garantis. L’auteur, dans le même esprit, traite avec circonspection des nuances des différentes politiques fiscales afin qu’elles donnent les meilleurs résultats sur le plan environnemental. Les nuances sont d’autant plus appréciées que, dans ce domaine, les pro-État et les pro-marché s’affrontent trop souvent sur une base idéologique, sans tenir compte des dynamiques particulières qui se présentent dans les faits.

L’auteur ne manque pas de conviction, mais cela ne l’empêche pas de proposer des politiques publiques et des instruments qui tiennent compte des réalités auxquelles on fait face.

On peut critiquer ici et là certains propos plus directement politiques – l’auteur était un député du Parti Québécois –, mais cela ne compte pas pour beaucoup dans l’ensemble du volume. Il n’est pas impossible que le livre ait été rédigé un peu rapidement. Par contre, on y trouve beaucoup de références récentes et pertinentes, qui auraient pu être regroupées à la fin, dans une liste de références.

La qualité du volume, au final, vient de l’expérience diversifiée de son auteur : études spécifiques dans le domaine du traitement des eaux, militant, consultant à l’international, puis homme politique. Normalement, voilà un parcours qui dirigerait tout droit vers les plus hautes fonctions en matière environnementale au Québec.