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Cet ouvrage collectif est présenté sous la forme de seize courts chapitres, chacun traitant d’un grand projet, chacun de ces projets ayant en commun le fait de se développer dans un quartier ou un site « déqualifié ». Une intro-duction sommaire situe les chapitres dans un contexte plus large d’évolutions métropolitaines. Deux chapitres de conclusion essaient de cerner une définition de ce qu’est un grand projet et proposent des pistes d’interrogations.
Et c’est là tout l’intérêt de ce livre : car aucune vision de grand projet ni de site « déqualifié » ne s’impose. Au contraire, une première lecture des seize chapitres descriptifs laisse le lecteur un peu dépourvu face à la multitude de projets de toutes sortes (du Stade de France à l’enfouissement des réseaux câblés à Saint-Jérôme, en passant par le projet Angus, le réseau vert de Montréal et le quartier de Bercy) qui sont décrits. De plus, bien que les chapitres soient axés sur la mise en place et la gestion des projets (et beaucoup moins sur leurs aspects physiques ou architecturaux), la grande diversité des approches (du projet émanant d’une demande sociale locale jusqu’au projet conçu et mené par l’État) et la grande mixité de partenariats, de sources de financement et d’objectifs, laissent encore, à première vue, un sentiment de désorganisation. Le fait que les exemples soient tirés de cas québécois et français ne fait que renforcer cette première impression.
Mais ce sentiment amène à un retour sur le livre. Et ce retour permet de découvrir un ensemble de problématiques récurrentes et un ensemble de thèmes unificateurs, qui font de ce livre non seulement un tout, mais bien un outil de réflexion important sur la nature des grands projets, voire de la métropole d’aujourd’hui. Le lecteur est porté à réfléchir sur l’insertion des projets dans la ville, sur la diversité d’objectifs (souvent pour un même projet), sur leur évaluation, sur l’importance des compromis, des négociations, mais aussi du rôle de la vision à long terme et du courage nécessaires pour mener à bien de tels travaux – surtout dans les zones dépourvues ou abandonnées. Et l’on trouve, dans chaque chapitre, des éléments permettant au lecteur de former ses propres idées – ou ses propres questionnements – sur ces sujets.
On peut déplorer le manque de cartes permettant au lecteur de se repérer (et de repérer les projets décrits) dans des métropoles qu’il ne connaît pas nécessairement (Montréal, Paris, Lyon, Lille et Québec), ainsi que l’utilisation abondante (mais peut-être inévitable quand on traite d’un tel sujet) d’acronymes parfois difficiles à déchiffrer.
En somme, ce livre accessible est une source d’information et de réflexion qui intéressera à la fois chercheurs et décideurs. Bien que traitant de grands projets sur des sites déqualifiés, la portée du livre est plus large : au fond, c’est la métropole post-industrielle du XXIe siècle et son re-développement qui en constituent le coeur. Mais le livre est aussi une source d’informations factuelles et succinctes et comme tel peut s’avérer un outil pédagogique très utile.