Comptes rendus bibliographiques

FONTAN, Jean-Marc, KLEIN, Jean-Luis et LÉVESQUE, Benoît (dir.) (2003) Reconversion économique et développement territorial. Québec, Presses de l’Université du Québec (Coll. «Géographie contemporaine», 340 p. (ISBN 2-7605-1244-4)[Notice]

  • Steve Déry

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  • Steve Déry
    Université Laval

Le dixième titre de la collection «Géographie contemporaine» rassemble des textes inspirés par «Le rendez-vous de Montréal», colloque s’étant tenu en mai 2002 pour prendre la mesure du «défi posé aux territoires par la situation de reconversion continue de leurs activités économiques» (p. 2). Plusieurs des textes ont été présentés à cette rencontre; ils sont complétés par des textes sollicités pour élargir la réflexion. Les directeurs de la publication, Jean-Marc Fontan, Juan-Luis Klein et Benoît Lévesque souhaitent que les contributions présentées contribuent non seulement à une meilleure connaissance des initiatives de reconversion d’activités économiques dans le monde, mais aussi à «élaborer des stratégies novatrices, respectueuses des citoyens, en ce qui concerne l’adaptation des économies locales au nouveau contexte créé par la mondialisation» (p. 3). L’ouvrage compte un total de 16 chapitres, additionnés d’une introduction présentant l’organisation du recueil et un épilogue permettant de présenter les principaux constats se dégageant des discussions ayant culminé avec «Le message de Montréal». Les textes, d’inégale qualité – ce qui arrive souvent dans les compilations du genre –, ont été regroupés en trois parties, présentant la question à différentes échelles. Trois de ces textes ont été traduits de l’anglais. Le contexte global de reconversion est présenté dans la première partie où il est question de la crise du fordisme. Un des objectifs de Klein et Fontan (premier texte) est de mettre en évidence le rôle joué par le territoire comme facteur d’identité collective. Ils utilisent comme étude de cas le technopôle Angus, à Montréal, où l’action locale s’est révélée efficace parce qu’elle a su mobiliser des ressources endogènes et exogènes (p. 28). Pecqueur observe ensuite la mutation des rapports entreprise-territoire. Pour lui, l’industrie des pays industrialisés peut se dégager de la concurrence des pays à bas salaires en s’orientant vers la qualité des produits, ce qui implique une dépendance plus forte à l’égard des marchés locaux, et donc un risque d’ancrage territorial (p. 39). Le texte de Kresl traite de la revitalisation des quartiers centraux aux États-Unis, en comparant Harrisburg, Philadelphie et Pittsburgh. Malheureusement, on y trouve plusieurs confusions et des raisonnements qui manquent de clarté, comme lorsqu’il présente les «bonnes raisons qui justifient [la] préoccupation» envers des villes en crise; parmi ces raisons, un «taux d’ethnicité plus élevé» (p. 53). Ce n’est pas l’appartenance à un groupe ethnique minoritaire ou différent qui cause la crise; il faudrait plutôt parler de leur exclusion, de leur pauvreté, etc. Dans le texte suivant, Benko examine les mutations de l’emploi en le distinguant du travail, les nouvelles possibilités du rapport salarial et la structuration du marché du travail. Parmi les mutations, la mondialisation contribue «à faire passer au salariat des formes de travail agricole ou d’artisanat traditionnel» (p. 82). Lévesque discute des reconversions industrielles en lien avec la société civile. Pour lui, ces reconversions font face à deux défis spécifiques: 1) obtenir un appui public approprié, en risquant de surpolitiser les initiatives, ce qui apparaît toutefois difficile en raison de la non reconnaissance de la spécificité de leur démarche par les pouvoirs publics; 2) défi de la coordination et de la gouvernance dans une démarche qui compte une multiplicité d’acteurs (p. 114). La deuxième partie, qui porte davantage sur les stratégies mises en oeuvre, débute par un texte de Stöhr, qui propose une relecture d’un ouvrage publié par lui-même et Taylor en 1981: Development from Above or Below? Laville et Gardin analysent ensuite les «initiatives locales», nouvelle appellation générique présentée en 1998 dans un livre blanc de la Commission des communautés européennes. La discussion au sujet du partenariat est particulièrement éclairante: malgré des efforts soutenus, les résultats escomptés …