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Introduction

Les prospectives « territoriale » et « environnementale », démarches proactives d’aide à l’aménagement du territoire et à la gestion de l’environnement (Berger, 1958 : 76 ; Mermet, 2005a : 39 ; Godet et Durance, 2011 : 113), s’enrichissent depuis plus d’une décennie d’un tournant géographique. Considérant l’espace comme sujet de conjectures et comme agent du changement, la « géoprospective » entend effectivement compléter les future studies où l’espace n’est généralement qu’un support de localisation (Emsellem et al., 2012 : 156 ; Voiron-Canicio, 2012 : 104 ; Houet et Gourmelon, 2014 : 2). Jusqu’à présent, l’apport des travaux sur la notion de géoprospective, encore imparfaitement stabilisée, a surtout porté sur le développement d’outils spatialisés de simulation des scénarios. Or, dans un contexte d’émergence de la participation des acteurs à la gestion des ressources naturelles (D’Aquino, 2002 : 9), ce type de démarche complexe pose le problème de l’implication des acteurs dans les processus de gestion, car il rend « les interactions entre acteurs, entre acteurs et chercheurs, entre acteurs et processus » plus délicates (Lardon, 2005 : 178). Les développements techniques de la géoprospective conduisent donc à réexaminer les processus de coconstruction (Voinov et Bousquet, 2010 : 1269 ; Étienne, 2012 : 128 ; Emsellem et al., 2012 : 164).

Dans ce contexte, ce travail entend enrichir la réflexion sur la géoprospective à travers son application aux pêches maritimes. En effet, ce cas d’application semble particulièrement pertinent pour trois raisons principales. Tout d’abord, la gestion de l’environnement en général et des pêches en particulier est l’enjeu de paradigmes contradictoires relatifs à l’intervention de l’administration, du marché ou du partenariat (Jessop, 1997 : 112 ; Gray, 2005 : 16). Ensuite, l’explicitation formelle des dimensions spatiales y est aussi difficile que stratégique (Chaussade, 1998 : 213 ; Kenchington et al., 2014 : 110). Enfin, l’expertise des pêches maritimes pour l’aide à la décision repose essentiellement sur la modélisation statistique (Megrey et Moksness, 1996 : 2). Ainsi, des questions au coeur de la géoprospective se posent avec une acuité particulière dans le champ des pêches maritimes, en faisant un « terrain » d’expérimentation particulièrement intéressant. Après un rappel des principes de la géoprospective et une discussion sur la pertinence de l’étude de cas, une proposition de méthode sera développée.

La géoprospective, une rencontre entre la géographie et la prospective

La participation, un principe fondamental de la prospective

Les participations d’acteurs aux sciences et à la gestion, par exemple environnementales, se multiplient (Mermet et Berlan-Darqué, 2009 : 9) au point de devenir une « norme » de légitimité politique et scientifique (Barbier et Larrue, 2011 : 69). La coconstruction de scénarios apporte effectivement une plus-value à la production « de la connaissance et des solutions » (Gasselin et Lavigne Delville, 2010 : 31).

La prospective est un acte stratégique qui vise à susciter du débat pour faire évoluer une situation jugée insatisfaisante ou à améliorer la connaissance dans un contexte d’incertitudes (Godet et Durance, 2011). Ces incertitudes sont considérées comme autant de « marges d’autodétermination » pour que les acteurs construisent l’avenir plutôt que de le subir (De Jouvenel, 2004 : 23). La qualité des futurs possibles ne réside pas dans le raisonnement, mais dans la critique (De Jouvenel, 1964 : 31). Aussi, l’enjeu de la prospective est-il la mise en débat des conjectures, des énoncés sur un futur possible, plus que la robustesse des scénarios (Mermet, 2005b : 74). La valeur d’une prospective est donc d’élargir les connaissances sur le futur, mais surtout de les soumettre à la discussion. En ce sens, c’est une démarche qui vise à responsabiliser les acteurs vis-à-vis des visions futures énoncées et à les inviter à émettre des avis critiques sur ces visions.

L’espace, une composante introduite par la géoprospective

En prospective, les enjeux et les changements sont parfois localisés et plus rarement territorialisés, mais seule la géoprospective permet d’appréhender l’espace comme un agent de changement tel que l’ont montré certains travaux récents (par exemple, Fusco, 2012 ; Dodane et al., 2014 ; Aguejdad et al., 2016). La géoprospective peut également être conçue comme une occasion d’analyse de l’espace en tant que construit social, politique et symbolique (Lefebvre, 1974 ; Frémont, 1977 ; Soja, 1996). Du fait de ces représentations, la géoprospective peut aussi explorer les difficultés d’intégrer l’espace aux démarches participatives (Noucher, 2009 : 2).

Les modèles : modalité ou finalité de la géoprospective ?

La modélisation est une approche expérimentale et cognitive basée sur des représentations, des hypothèses issues d’observations ou des connaissances théoriques (Brunet, 1980 : 254), qui simplifie le fonctionnement d’un système ou l’effet d’une action sur ce système pour mieux comprendre des phénomènes complexes (comme les dynamiques et interactions spatiales) et évaluer les conséquences des changements, notamment dans l’espace (Hubert-Moy et al., 2006 : 4 ; Voiron-Canicio, 2006 : 1 ; Houet, 2015 : 124). La prospective cherchant à s’émanciper des tendances en identifiant des ruptures probables (De Jouvenel, 2004 : 51), les modèles pourraient dès lors paraître antagonistes à la démarche. Le terme modélisation renvoie en fait à une diversité de méthodes standardisées, visuelles et spatialisées (chorèmes, plateformes multiagents, etc.), potentiellement aptes, pour certaines, à intégrer les acteurs dans la recherche (Brunet, 1980, Voinov et Bousquet, 2010 : 1269 ; Houet et Gourmelon, 2014). En effet, il convient de disposer de « supports d’une reconnaissance réciproque, des véhicules d’informations et des bases de l’apprentissage » (Cairol et Piveteau, 2001 : 58, Étienne, 2012 : 132).

Pour les inspirateurs de la démarche de géoprospective, la modélisation occuperait ainsi une place centrale dans la géoprospective, à plus forte raison que les sorties de modèles spatialisés amélioreraient la « communication » des résultats auprès des acteurs (Emsellem et al., 2012 : 161). Les modèles peuvent donc être conçus comme un outil adapté pour compléter les démarches qualitatives de scénarisation (Kieken, 2005 : 209 ; Gourmelon et al., 2013 : 105 ; Mallampalli et al., 2016 : 8).

Les pêches maritimes, un objet pertinent de géoprospective

La gestion des pêches maritimes : entre centralisation et pratiques nouvelles

La profonde influence acquise par la théorie de la « tragédie des communs » (Hardin, 1968 : 1244) s’est largement diffusée aux politiques des pêches (St. Martin, 2007 : 530), se manifestant en Europe par la puissance de l’administration. Ce modèle de gestion est néanmoins l’objet de critiques (notamment Khalilian et al., 2010 : 1182). C’est pourquoi l’alternative de la gouvernance, accordant une place majeure à la participation des acteurs et porteuse d’enjeux socioéconomiques (entre autres Jentoft et al., 1998 : 425), apparaît de plus en plus valorisée.

Les mesures de gestion sont innombrables et renvoient aux multiples objectifs possibles d’une politique des pêches : « (i) conservation des ressources, (ii) production alimentaire, (iii) création d’un bien-être économique, (iv) création de revenus raisonnables pour les pêcheurs, (v) maintien de l’emploi pour les pêcheurs et (vi) maintien de la vitalité des communautés de pêcheurs » (Mardle et al., 2002 : 415). La politique commune des pêches (PCP) de l’Union européenne recherche le compromis entre les intérêts économiques immédiats et la préservation des stocks et des milieux marins à plus long terme (Perraudeau et Proutière-Maulion, 2008 : 29). Les objectifs sociaux demeurent néanmoins faiblement formulés et, par la force des choses, faiblement formalisés (Symes et Philippson, 2009 : 3 ; Gallizioli, 2014 : 73).

Les objectifs et les mesures de gestion sont donc généralement définis par l’Union européenne et, dans une moindre mesure, par les États membres. Or, des structures, professionnelles ou mixtes, aux compétences de gestion récemment étendues, disposent d’une capacité d’action : avis, licences, sous-quotas... Ces institutions agissent en réseau avec les scientifiques et la société civile. La reconnaissance de ces acteurs s’accroît avec le développement des approches participatives, mais aussi avec la croissance de l’intérêt pour l’action collective, par exemple dans la gestion des ressources naturelles (Ostrom, 1990 : 215 ; Reed et al., 2009 : 1935).

La difficulté d’expliciter la dimension spatiale des pêches maritimes

Les connaissances relatives aux activités humaines en mer ont fait l’objet d’attentions croissantes depuis le milieu des années 2000 (Peuziat et Le Berre, 2015 : 13). C’est notamment le cas de la pêche, pour laquelle des études basées sur une gamme relativement étendue de méthodes se sont multipliées en réaction à des besoins croissants liés, par exemple, aux enjeux de partage et de cohabitation au sein de l’espace maritime. Au-delà du modèle du triptyque halieutique développé par Corlay (1993), et pour ne parler que du segment amont à savoir l’espace de captures, plusieurs tentatives de synthèse des méthodes déployées pour approcher la connaissance des espaces de pratique des pêches existent (notamment Turner et al., 2015 : 174). Il est possible de retenir deux grandes catégories de démarches : (i) celles reposant sur des données existantes parfois combinées (St. Martin et Hall-Arber, 2008a ; Pedersen et al., 2009 ; Jennings et Lee, 2012) et (ii) celles visant à construire spécifiquement des données s’appuyant parfois sur des systèmes d’information géographique (SIG) participatifs (St. Martin et Hall-Arber, 2008b ; Yates et Schoeman, 2013 ; Sullivan et al., 2015).

Malgré les récents développements, les connaissances spatiales des pêches demeurent trop largement lacunaires pour répondre aux besoins, par exemple, de l’aménagement de l’espace maritime. Cela s’explique d’abord par la nature même de l’activité (mobile, potentiellement marquée par une variabilité temporelle qui peut être forte, pratiquée au sein d’espaces non appropriés, etc.), mais aussi par des limites inhérentes à chacun des dispositifs : segment de flottille suivi trop réduit (par exemple, Vessel Monitoring System [1] non obligatoire sur les navires de moins de 12 mètres) ; granularité spatiale trop large (notamment journaux de bord calibrés sur des rectangles statistiques de 1° de longitude sur 0,5° de latitude) ou absence de pérennisation du dispositif (données d’enquêtes, de comptages ou d’observations). Par conséquent, dans le domaine des pêches en particulier, la disponibilité, la qualité et la standardisation de l’information géographique mobilisée dans les outils de simulation spatiale impliquent de réexaminer la place de l’espace, et plus particulièrement des données spatialisées, dans la géoprospective.

La modélisation, une méthode-clé de l’halieutique

Les mêmes difficultés d’acquisition de la connaissance expliquent que, dans le domaine des sciences et de la gestion des pêches maritimes, de nombreux modèles numériques sont utilisés pour évaluer l’état des populations marines exploitées. Plus récemment, des modèles béhavioristes ou des modèles écosystémiques ont été développés dans le but d’apporter de la connaissance sur les comportements des producteurs et sur les effets de l’activité de pêche sur les espèces non commerciales, afin d’aider à la décision de politiques des pêches plus intégrées (Murawski, 2010 : 1832 ; Thébaud et al., 2014 : 383). L’utilisation de modèles halieutiques, non conçus pour la participation, est alors un enjeu des démarches multipartenariales.

Cas d’application et protocole proposé

Comme le rappelle la figure 1, la prospective est donc une attitude à la croisée de la science et de l’action, qui consiste à adopter une vision à long terme et critique de la gestion et de l’aménagement. La géoprospective est une invitation à spatialiser chacune des étapes, par exemple, à l’aide de modèles capables d’illustrer, voire de quantifier, le récit des futurs possibles. Les enjeux sont alors de proposer des méthodes inclusives de géoprospective et de les appliquer au cas de la pêcherie benthique et démersale du golfe de Gascogne.

Présentation de la pêcherie benthique du nord du Golfe de Gascogne

Le golfe de Gascogne est une portion de l’océan Atlantique Nord-Est. La pêche est aujourd’hui l’une des principales activités de cet espace maritime, à la faveur d’un vaste plateau continental au large des côtes françaises. L’essentiel des richesses halieutiques est produit à partir des espèces benthiques et démersales, c’est-à-dire des espèces directement dépendantes de ce plateau continental. Les flottilles qui pratiquent cette pêche sont principalement des navires artisans, chalutiers de fond et fileyeurs, qui fréquentent majoritairement les eaux côtières de la mer territoriale. Leurs zones de pêche sont limitées par des contraintes économiques (comme le coût du carburant) et par des contraintes spatiales externes issues de la réglementation (interdiction du chalutage dans la bande des trois milles marins, notamment), parfois associée à l’implantation d’autres activités telles que le transport maritime et les câbles sous-marins (Trouillet, 2006 : 358).

Des nouveaux usages ou fonctions de la mer, comme les aires marines protégées (AMP) ou les énergies marines renouvelables (EMR), se développent, posant la question des espaces utilisés par d’autres usages ou des espaces protégés (Ibid.). Dans le but d’organiser le partage de l’espace maritime, l’Union européenne pousse ses États membres à élaborer une planification de l’espace maritime qui se traduit, en France, en documents stratégiques de façades (DSF) élaborés en concertation, grâce aux conseils maritimes de façades (CMF), et censés décliner par grandes façades la stratégie nationale (Trouillet et al., 2011 : 332). Ce contexte renforce l’intérêt d’un exercice de géoprospective appliqué à cette pêcherie.

Figure 1

Les étapes et les principes de la (géo)prospective

Les étapes et les principes de la (géo)prospective
Conception : Tissière, Mahévas, Michel et Trouillet, 2016. Source : Berger, 1958 ; Godet et Durance, 2011 ; De Jouvenel, 2004 ; Mermet, 2005b ; Houet et Gourmelon, 2014 et Mallampalli et al., 2016

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Fonctions et limites du modèle ISIS-Fish

ISIS-Fish est un modèle spatialisé de dynamique de pêcheries pour simuler différents scénarios de gestion (Mahévas et Pelletier, 2004 : 71). L’intérêt pour les sciences halieutiques de ce modèle, spatialisé et prédictif, a été démontré à de multiples reprises (voir Gasche et al., 2013 ; Marchal et Vermard, 2013 ; Lehuta et al., 2015). Or, n’ayant pas été construit en vue de la participation d’un public non expert, qu’il s’agisse de chercheurs issus d’autres disciplines ou d’acteurs socioprofessionnels, l’utilisation d’ISIS-Fish dans un exercice de géoprospective soulève une série d’interrogations.

Une première difficulté pour fédérer les pêcheurs, les gestionnaires et les scientifiques autour du modèle ISIS-Fish peut survenir si le constat de la surexploitation d’un stock (postulat induit dans l’utilisation d’un modèle simulant un changement de gestion, généralement plus restrictive) n’est pas partagé. Le potentiel d’adhésion à l’outil est également fragilisé par la façon dont le fonctionnement du système est décrit dans le modèle, celui-ci émettant des hypothèses simplifiant volontairement la réalité dans le but de mieux l’appréhender. Enfin, si les variables simulées font référence à des phénomènes intelligibles comme la migration du poisson, le temps de pêche ou la limitation des captures (Mahévas et Pelletier, 2004 : 66), le traitement statistique qui en est fait ne peut en revanche être maîtrisé que par un public averti.

Dans le cas du modèle ISIS-Fish, la sélection des paramètres et la définition de la taille des mailles spatiales et du pas de temps peuvent être en partie négociées avec l’ensemble des acteurs et des chercheurs, mais elles spécialisent inévitablement le champ de la réflexion.

Dans un mouvement général de demande de coconstruction de l’expertise, comprenant l’expertise halieutique (Mackinson et Wilson, 2014 : 122), l’exemple d’ISIS-Fish montre que l’accessibilité d’un modèle spécialiste ne va pas de soi. Il invite à discuter la participation des acteurs, la contribution de la modélisation et les voies de convergence entre ces deux approches.

Le rôle des acteurs

Les parties prenantes des pêches maritimes sont d’abord les pêcheurs. Viennent ensuite les autres usagers de l’espace maritime, ainsi que les décideurs ou gestionnaires. Les scientifiques et les militants contribuent également au système d’acteurs, avec pour rôle respectif le conseil et la pression. Cet ensemble d’acteurs composerait le panel de cet exercice de géoprospective. Les limites du champ de la géoprospective devraient être progressivement « validée[s puis] amendée[s] » par ces acteurs (Barreteau et al., 2010 : 22). En cela, il s’agirait de construire, avec eux, un « objet intermédiaire » comme décrit par Cairol et Piveteau (2001 : 61). En fait, les chercheurs-animateurs (qui se distinguent des scientifiques consultés) ne préétabliraient que le prisme d’entrée : les pêches maritimes benthiques du golfe de Gascogne. C’est à partir du dire d’acteurs que le système de variables à explorer par la géoprospective se construirait depuis le diagnostic jusqu’à être stabilisé pour l’écriture des scénarios. Le chercheur-animateur ne ferait donc que faciliter et synthétiser la connaissance détenue par les acteurs.

Méthode proposée

L’exercice de géoprospective insisterait sur certaines étapes, comme le montre la figure 2.

Figure 2

Synthèse de l’exercice de géoprospective

Synthèse de l’exercice de géoprospective
Conception : Tissière, Mahévas, Michel et Trouillet, 2016

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Ces étapes reposeraient sur une succession d’entretiens individuels, utiles pour structurer des contenus conjecturaux, et d’ateliers collectifs pour en discuter et en enrichir la narration. En plus du discours qu’il conviendrait d’analyser, ces entretiens et ateliers seraient outillés par différents supports d’expression, explicitement spatialisés (cartes mentales, par exemple) ou implicitement spatialisés (graphes). Le modèle ISIS-Fish n’interviendrait qu’à la fin du protocole, pour affiner et illustrer les hypothèses et pour enrichir le débat.

De chaque étape et de chaque outil devraient être tirés des enseignements quant à l’acquisition de connaissance sur les trois espaces de la géographie, soit l’espace support d’enjeux, l’espace agent du changement et l’espace produit des représentations. La coconstruction des devenirs possibles de la pêcherie benthique et démersale du golfe de Gascogne devra être soumise à une réflexion critique sur ces trois mêmes dimensions.

Conclusion

Les méthodes d’anticipation spatiotemporelles ont généralement pris des trajectoires quantitatives et numériques. Par ailleurs, la contribution des savoirs dits non scientifiques intervient surtout au stade initial du diagnostic puis à la fin du processus de décision (Touzard, 2006 : 72). Le parti pris ici est d’intégrer les acteurs dans l’ensemble d’un exercice expérimental d’acquisition des connaissances à des fins exploratoires. La prospective, processus participatif, heuristique et opérationnel, présente l’équation adaptée à cette intention (De Jouvenel, 2004). La géoprospective permet de renforcer l’exercice en améliorant la connaissance de processus géographiques, en soumettant les dires d’acteurs à l’évaluation par les modèles et en ouvrant les modèles aux savoirs des acteurs. Cette recherche exploratoire est de nature à proposer une voie médiane entre les méthodes polarisées autour des modèles numériques et celles orientées vers la participation. En effet, la question de la pêche dans ses ressorts sociaux et spatiaux nécessite, dans le même temps, le recours aux modèles et la participation des acteurs. Elle constitue ainsi un terreau fécond pour l’expérimentation de méthodes mixtes.