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À l’occasion de son 70e anniversaire et pour la Journée mondiale de la santé célébrée le 7 avril 2018, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un appel aux dirigeants mondiaux pour qu’ils prennent des mesures concrètes afin d’améliorer la santé de tous. En France, la loi Hôpital, patients, santé, territoire (HPST) instaure la possibilité de créer des contrats locaux de santé (CLS).

Par ce petit ouvrage de 72 pages, Sébastien Fleuret suscite une réflexion sur une thématique d’importance, le concept de construction locale de santé au travers d’enquêtes menées au Canada, au Mali, au Brésil et en France. Bien illustré, accompagné de trois documents en encadré et de quelques éléments de définition, il se divise en trois chapitres, articulés en trois parties.

C’est dans une démarche comparative que débute le premier chapitre intitulé Construction locale de la santé, études empiriques. Il relate les étapes ayant marqué l’implantation de projets de santé locaux à dimension communautaire dans les quatre terrains étudiés, et met en parallèle leurs processus. Si, à Montréal et à Bamako, la clinique communautaire et le centre de santé communautaire sont nés d’une initiative de la population locale, à Camaçari sa mise en place s’est faite dans le cadre d’un plan national de santé et, à Angers, dans celui du volet santé de la politique municipale.

Dans le second chapitre, l’auteur étudie la composition des facteurs qui justifient la réussite de ces projets. Il en décline les dimensions principales en trois enjeux : faire territoire, faire communauté et faire santé. L’exploration des clés de ces réussites conduit à expliciter les notions de territorialisation de la santé, de politique publique de santé, de décentralisation des décisions, de communauté d’acteurs, d’empowerment, de dimension participative, d’engagement communautaire, d’action publique, de réseautage, de soins primaires, de soignant-soigné, d’agents communautaires de santé, de diagnostic territorial et de financement des actions de santé. La réussite est le fruit d’un travail global : consolidation du territoire, articulation communauté / santé et adéquation des outils au contexte socioculturel local.

L’analyse des facteurs de réussite dans la construction de projets locaux de santé conduit l’auteur à poser la question d’une possible généralisation des expériences locales et de « l’installation d’un système de première ligne en santé territorialisé dans un pays qui en est dépourvu comme la France ». Le dernier chapitre est ainsi consacré à l’étude du cas français : il éclaire le lecteur sur la lente mise en place d’une construction locale de santé des années 1970 à aujourd’hui et souligne l’importance de développer des structures de proximité et de passer ainsi à une échelle microlocale où « il reste beaucoup à construire » pour promouvoir la santé. Le texte, enrichi d’une bibliographie à jour et d’un index, offre un panorama de recherches internationales et se présente comme un outil de référence pour les études en géographie de la santé : il permet de clarifier des notions complexes et de se familiariser avec elles.

Soulignons quelques défauts mineurs : l’absence de bas de vignettes qui accompagnent les illustrations, lesquelles sont parfois trop petites, notamment en pages 28 et 37 ; et l’oubli d’échelle sur la carte des Collectifs santé d’Angers, en page 24.

Sébastien Fleuret offre un portrait de l’état du premier niveau de santé, rendant son ouvrage indispensable aux chercheurs, aux acteurs politiques, aux enseignants et aux étudiants avides de découvrir ou d’approfondir leurs connaissances sur un sujet d’actualité. Riche en information, il constitue une contribution originale et pertinente pour la mise en place de projets locaux de santé. Il est une excellente base de réflexion pour des travaux à venir sur le thème de la santé communautaire.