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Qu’est-ce que l’imaginaire géographique ? Telle est l’ambition de cet ouvrage, apporter des éléments de réponse à cette vaste et complexe question qui anime de nombreuses recherches géographiques. Les textes présentés dans ce livre sont le prolongement du colloque « L’imaginaire géographique, un contrepoint à la réalité ? Perspectives, pratiques et devenirs périphériques » qui s’est tenu à Montréal les 26 et 27 octobre 2009.

Une quinzaine de contributions, organisées autour de trois grandes parties, proposent d’analyser plus spécifiquement les périphéries urbaines, angle d’approche original et pertinent, tant ces espaces ont été peu étudiés jusqu’à présent. L’idée centrale, précisée dans l’introduction, est d’analyser « comment la ville, et plus particulièrement la ville du XXIe siècle, dans son régime utopique – voire mythique –, est-[…] toujours créatrice de milieux où vivre et où faire sens » (p. 6).

Un tel projet suppose des approches interdisciplinaires de l’espace et de l’imaginaire géographiques. Après une longue introduction qui précise le positionnement théorique et rappelle les grands enjeux de cette question, ainsi que les différents travaux qui ont précédé les analyses présentées ici, l’ouvrage commence par une première partie composée de cinq contributions (L’imaginaire et le paysage : la norme en question). Par cette entrée paysagère, les auteurs souhaitent montrer « en quoi l’imaginaire est créateur de territoires, sinon de manières de l’aménager » (p. 10). La deuxième partie (L’imaginaire séducteur au service du local) se focalise plus spécifiquement sur la question de l’attractivité des territoires. Elle est composée de six contributions. Une troisième et dernière partie (L’urbanisme affinitaire comme finalité imaginaire ?) s’articule autour de quatre contributions qui étudient « un imaginaire tripartite, simultanément social, territorial et politique » (p. 16).

En guise de conclusion, un (trop) rapide épilogue clôt le volume. Si l’ouvrage n’apporte pas de réponses à toutes les questions soulevées en introduction, reconnaissons qu’il s’agit là évidemment d’un écueil logique, vu l’ampleur du sujet abordé. Il constitue néanmoins incontestablement une contribution sérieuse et originale permettant de mieux cerner les contours d’un imaginaire géographique qui s’exprime aussi dans les espaces périurbains, à travers l’étude d’exemples pour l’essentiel québécois et français. Les auteurs réalisent également l’exploit d’articuler autour d’un plan cohérent des textes parfois très divers, mais toujours passionnants à lire et à découvrir.

Une longue et riche bibliographie générale complète l’ouvrage, qui est particulièrement bien présenté, agréable à consulter, enrichi de nombreuses illustrations. Le tout constitue un fort bel ensemble qui souligne à quel point cette question de l’imaginaire géographique intéresse de plus en plus la recherche géographique actuelle.

Finalement, après le « tournant spatial » que les sciences humaines et sociales ont connu il y a plus de 20 ans, ne serions-nous pas en train d’assister, notamment en géographie et toutes proportions gardées bien sûr, à un « tournant imaginaire », susceptible de donner à penser et à voir autrement l’espace géographique ? Toujours est-il qu’à la lecture de cet ouvrage, la question mérite d’être posée et fera vraisemblablement l’objet de publications ultérieures.