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Est-il possible de rattacher le sport à la géographie ? Ou plutôt en quoi la géographie peut nous aider à comprendre les mutations et autres bouleversements qui touchent le sport dans un contexte devenu mondialisé. Telles sont certaines des questions qui fondent la problématique de cet ouvrage, où y est réaffirmée la place de cette discipline scientifique dans un domaine sportif encore peu étudié au travers des déclinaisons analytiques territoriale et spatiale. Ce livre de Jean-Pierre Augustin, chef de file depuis les années 1980 de la géographie sportive française, fait suite à deux autres parutions de sa part (Sport, géographie, aménagement, Nathan, 1995 ; L’olympisme : bilan et enjeux géopolitiques, Armand Colin, 2004 (avec P. Gillon)) où le lien entre la géographie et l’élément sportif y est décrit et justifié autour de différentes logiques interprétatives.

Cette publication, inédite dans le monde scientifique francophone, offre aux chercheurs intéressés un excellent tour d’horizon des modes de diffusion, de localisation et d’affirmation du fait sportif dans notre société par le biais d’approches analytiques se référant, bien entendu, à la géographie mais également aux sciences économiques et sociales et à diverses notions rattachées aux études urbaines. De cet angle d’analyse pluridisciplinaire, cet ouvrage s’articule autour de deux grandes parties dont la première composée de trois chapitres décortique les origines et le développement du sport moderne à travers ses principaux foyers de création et les modes d’expansion qui y sont corrélés. De plus, en s’appuyant sur quatre pratiques sportives emblématiques (football, rugby, hockey et surf), l’auteur effectue une corrélation entre diffusion spatiale et emprise territoriale, tout en amenant par la suite le lecteur à comprendre ces mécanismes de localisation par le biais de concepts d’organisation et d’appropriation de l’espace issus d’un corpus scientifique plus théorique. Puis la seconde partie, structurée autour de trois chapitres également, s’efforce davantage de décrire le sport autour de ses lieux de pratique, chargés pour certains d’un fort pouvoir d’attraction et d’identification. Ainsi, l’auteur souligne la place dorénavant acquise par le sport dans notre société en nous conduisant à repenser l’espace et son aménagement au travers des supports structurels et architecturaux indissociables du fait sportif. Toujours dans une dialectique mondialisée, cette analyse est renforcée par un dernier chapitre consacré aux enjeux urbains qui sous-tendent les logiques d’organisation des grands événements sportifs internationaux, où leur ampleur et leur médiatisation suscitent l’intérêt d’un nombre grandissant d’acteurs du monde économique et politique et engendrent des retombées et des effets considérables de plus en plus convoités.

D’une manière globale, cet ouvrage nous introduit pleinement dans ce domaine de recherche, encore jeune, en dressant les bases d’analyse nécessaires pour comprendre cet objet d’étude. On regrettera toutefois la faible place laissée à la littérature anglo-saxonne pour comprendre les phénomènes socioéconomiques et urbains qui se rattachent aux manifestations sportives mondiales. Il n’en reste pas moins que ce livre offre une très bonne vision du fait sportif à travers ses enjeux contemporains, en présentant notamment dans les passages introductifs comment, depuis plusieurs décennies, la lecture géographique s’est imposée pour appréhender l’élément sportif.