Comptes rendus bibliographiques

AUGUSTIN, Jean-Pierre (dir.) (2008) Sites publics, lieux communs (2). Urbanité et aménagements des rues et des ponts au Québec et au Canada. Pessac, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 219 p. (ISBN 978-2-85892-353-3)[Notice]

  • Gérard Beaudet

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  • Gérard Beaudet
    Université de Montréal

Deuxième collectif consacré au thème sites publics, lieux communs, cet ouvrage propose une poursuite des réflexions publiées en 2000 sous le titre Aperçus sur l’aménagement de parcs et places au Québec. Cette fois, les auteurs ont ciblé les rues et les ponts et ont porté le regard au-delà des frontières du Québec. Introduit par Jean-Pierre Augustin, l’ouvrage est constitué de 12 contributions groupées en trois parties respectivement consacrées à la rue comme symbole politique, identitaire et patrimonial, à la rue cosmopolite, marchande et festive et au pont comme métaphore du lien. L’introduction décline dans le menu détail les différentes figures de la rue, tout à la fois « instrument de l’organisation des villes », « plus petite synthèse partielle » de celles-ci et « concentré d’urbanité ». Bernard Calas (Le boulevard de la Confédération à Ottawa: de l’efficacité du pèlerinage politique), Johanna Bergé-Gobit (Nommer les rues du Nunavut: logique mondiale et logique ethnique) et Thibault Martin, en collaboration avec Martin Bélanger, (Le boulevard Provencher: symbole et moteur du dynamisme de la francophonie manitobaine) et Richard Desnoilles (Rue du Petit-Champlain à Québec : entre usage et sacralisation d’un espace identitaire), montrent que certaines rues sont à la fois lieux et leviers de construction symbolique et identitaire et qu’en ce sens, elles constituent l’ancrage de projets urbains qui ne se résument pas à leur aménagement physique, aussi soigné soit-il. Hélène Velasco-Graciet (La Petite Italie de Montréal, lieu d’alternative identitaire), Mesmin Kiti, Gilles Sénécal et Pierre-J. Hamel (On a marché sur le boulevard, Les Galeries d’Anjou [Montréal] : bref retour d’enquête sur une artère de banlieue en voie d’intensification), Laurence Liégeois (Main Street, rue-symbole: réflexion sur l’aménagement des rues au Canada) et Martine Géronimi (La rue, la nuit à Montréal: paysages festifs et identitaires) nous convient moins sur le terrain du projet que sur celui de l’appropriation au quotidien. Cela étant, la question de la mise en scène est de tous les horizons, comme le montre en particulier l’influence de l’univers Disney sur l’aménagement de toutes les Main Streets étatsuniennes et canadiennes. Daniel Latouche (Le Canada malade de ses ponts et Les ponts et les non-ponts du Canada et du Québec), Richard Desnoilles (Le pont de Québec : marqueur de l’histoire et de la géographie moderne de la ville) et Caroline Ziolko (Le pont, images et imaginaires médiatiques) nous convient pour leur part sur le terrain de la métaphore, les attributs de l’ouvrage d’art, si tant est qu’on s’y intéresse, étant allégrement relégués au second plan. Plus que de la diversité des regards, c’est du rappel que la rue et le pont ne sont jamais réductibles à leurs dimensions infrastructurelles que cet ouvrage tire en grande partie sa pertinence et son intérêt. Les nombreuses références implicites ou explicites à la mobilité - physique, mais aussi sociale, culturelle et touristique - montrent incidemment que l’une et l’autre ont résisté au réductionnisme fonctionnaliste.