Comptes rendus bibliographiques

JEMELIN, Christophe (2008) Transports publics dans les villes suisses. Collection le savoir suisse. Presses polytechniques et universitaires romandes. Lausanne, 139 p. (ISBN 978-2-88074-807-4)[Notice]

  • Marcel Pouliot

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  • Marcel Pouliot
    Université de Sherbrooke

D’emblée, le sous-titre Leur retour en force en Suisse annonce la thèse de l’auteur. Systématiquement et avec concision, compte tenu de la dimension de l’ouvrage, Jemelin entreprend sa démonstration par une approche historique et géographique du développement des transports publics dans les principales villes de Suisse. Dès l’introduction, le cheminement est habile. Des avancées techniques de la fin du XIXe siècle ayant marqué les premières infrastructures, dans un texte rempli d’exemples, l’auteur se permettra, en conclusion du livre, de revenir sur ce concept en référant aux nouvelles technologies de transport urbain et en invoquant leur influence potentielle pour l’avenir. Comme dans le passé, ces technologies, creuses ou porteuses, seront-elles nécessairement garantes d’un futur ? Jemelin, alors, procède méthodologiquement. Les chapitres II et III relatent les étapes ayant marqué l’implantation des transports publics dans plusieurs villes suisses par une approche historique et géographique de la mise en place des équipements, des lignes et des réseaux. Le texte est informatif et segmente, en périodes thématiques, l’avancée ou le recul des services publics de transport. Quelques comparaisons sont faites avec d’autres villes européennes pour mettre les faits en juste contexte. Le chapitre IV nous a surpris car, s’il réfère à la notion de qualité de service dans les transports publics en Suisse, il n’en demeure pas moins que son dire s’avère un condensé classique de ce que doit être ce thème fondamental pour tout système de transport urbain. Le chapitre V démontre, chiffres à l’appui, que la part des transports publics dans la mobilité urbaine en Suisse évolue positivement en dépit d’un avatar classique, le rôle omniprésent de l’automobile privée et, récemment, du rôle accru de la marche et du vélo. Les chapitres VI et VII abordent les modes de financement et les développements récents en Suisse ; le texte informe bien. Un élément complexe saute aux yeux quant à la situation helvétique. Il s’agit du jeu de la « démocratie directe » et des rôles politiques des instances confédérales, cantonales, municipales et communales dans l’implantation ou la désaffectation des transports publics dans la majorité des agglomérations. Le tout s’apparenterait-il au fonctionnement d’une pièce d’horlogerie suisse bien huilée ? Après lecture, on peut s’interroger car, si succès il y eut, il l’a été au prix d’efforts inouïs. Globalement, par une écriture ciselée, un style synthétique et une démonstration claire, Jemelin fait la preuve que les transports publics demeurent un outil important de la mobilité urbaine et métropolitaine suisse et un atout de vie pour les citoyens helvètes.