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Abordant les grandes thématiques contemporaines de la géographie humaine telles les questions de populations, celles des cultures et des sociétés, la pauvreté, le développement, les problèmes des villes, la mobilité et le transport, les espaces ruraux et l’agriculture, ce livre nous plonge en parallèle au coeur des notions centrales de la discipline. Le milieu et l’environnement, la distribution des ressources, les découpages et la région, le territoire et l’espace géographique sont tour à tour discutés. Les auteurs évoquent au passage les outils de prédilection de la géographie que sont l’échelle, le paysage et la carte. La terminologie du géographe ainsi que sa « boîte à outils » concourent ainsi à la compréhension des grandes transformations qui affectent la planète et les sociétés qui y habitent. À l’aide d’études de cas puisés tant au « Nord » qu’au « Sud », l’ouvrage illustre la pertinence de la géographie en intégrant les différentes échelles d’analyse. Les auteurs étayent ainsi le regard de la discipline sur les principaux enjeux planétaires, faisant la démonstration que ceux-ci sont par nature résolument géographiques. Le livre fait une place importante aux avenues d’« opérationnalisation » du savoir géographique au-delà de la description des problèmes. Quant au propos des chapitres, il converge au final sur les pratiques d’aménagement du territoire, tant des espaces ruraux que des espaces urbains. Les auteurs réaffirment au passage l’importance du rôle de l’État à titre d’acteur-clé de l’aménagement et du développement pour se « défendre contre la nature et les hommes ». Bien au-delà du savoir descriptif illustrant une mondialisation polarisante, la géographie est présentée ici comme une véritable pratique visant la résolution des conflits territoriaux et invitant à la réappropriation des territoires à l’échelle humaine.

D’un point de vue nord-américain, le livre peut paraître trop centré sur la France, surtout dans le choix des études de cas. Les exemples retenus appuient néanmoins efficacement les propos. Les géographes en début de parcours universitaire, ceux des cycles supérieurs ainsi que les professionnels de l’aménagement, spécialement en environnement et développement, y trouveront des références incontournables. Si le manuel semble privilégier, par son titre et par son introduction, une distinction entre les volets physique et humain du savoir géographique, la pertinence de l’approche spatiale et territoriale commune aux deux branches suggère implicitement son unicité. Toujours d’actualité dans les milieux universitaires, du moins en Amérique du Nord, le débat épistémologique sur la place de la géographie dans le domaine des sciences ainsi que les prétentions de la discipline sur les champs du développement et de l’environnement auraient mérité une plus grande attention et ainsi permis de bonifier le propos. Persistante, la vision dichotomique de la géographie contribue à affaiblir la discipline alors même que sa spécificité et sa pertinence résident dans la compréhension des liens entre ces deux composantes fondamentales du territoire. Une science aux prétentions globales au carrefour de l’humain et du physique, telle est l’approche du savoir géographique à laquelle nous convie cet ouvrage.