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L’ouvrage de Mark Bunting n’a pas pour objet de révéler la recette miracle capable d’empêcher les gens de fuir massivement le transport en commun dès qu’ils en acquièrent la capacité. Plus modestement, il signale l’urgence de réfléchir à la façon d’améliorer les services de transport en commun de manière à atteindre certains objectifs sociaux que nous nous fixons.

Si vraiment nous voulons cesser de polluer l’environnement et mieux contrôler l’étalement urbain tout en diminuant notre dépendance face aux sources d’approvisionnement en pétrole, nous devons nous tourner résolument vers l’utilisation du transport en commun. En effet, il n’existe pas d’autre option possible. Toutefois, selon Bunting, pour que se produise le revirement majeur de comportements que cela implique, il faudra rendre le transport en commun à ce point attrayant qu’il puisse rivaliser avec l’utilisation de l’automobile, non seulement comme moyen de se déplacer, mais également comme élément de style de vie. Évidemment, il ne s’agit pas d’une mince tâche. Concrètement, et dans l’immédiat, cela signifie que les responsables des services de transport en commun devront commencer par se mettre à l’écoute de leurs clients afin de leur offrir de meilleurs services.

Pour atteindre cet objectif, diverses avenues sont explorées dans l’ouvrage, comme le recours nécessaire à la privatisation – dont l’auteur reconnaît les limites –, la mise en place de nouvelles formes de tarifications, ou de nouveaux moyens de transport, etc. Et Bunting d’insister sur l’importance de ne pas laisser les responsables actuels du transport en commun veiller seuls à l’amélioration des services qu’ils offrent. L’ouvrage semble d’ailleurs avoir été écrit expressément dans le but de secouer la léthargie que l’on entretiendrait volontairement dans ce domaine, parce qu’elle ferait l’affaire d’un certain nombre d’acteurs importants, notamment les producteurs de pétrole ou les constructeurs d’automobiles. De plus, tout au long de l’ouvrage, on sent que Bunting souhaite que, dorénavant, la question de l’amélioration du transport en commun s’impose comme un véritable défi à l’imagination.

L’ouvrage intéressera certainement les géographes, parce qu’il invite à repenser toute la question du transport en commun dans une perspective à la fois organisationnelle et multiscalaire, quoique l’auteur n’ait jamais recours à cette dernière expression. Par contre, le livre risque de décevoir grandement tous les spécialistes habitués à aborder les problèmes de transport à partir de points de vue étroitement disciplinaires. Signalons que Mark Bunting, maintenant décédé, était un ingénieur en transport très réputé.