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L’ouvrage comporte sept études portant sur plusieurs ensembles régionaux : les États-Unis et leur politique étrangère ; la Russie et les Balkans ; l’Union européenne, l’OTAN et la sécurité en Europe ; l’Asie et le besoin de maîtrise de ses instabilités (Tibet, Taïwan, Afghanistan, Pakistan, Corée du Nord) ; le Moyen-Orient, ses guerres larvées et l’immobilisme politique (Irak, Israël et ses voisins, la Palestine et son double enlisement, le Liban et la Turquie sous pression) ; l’Afrique subsaharienne et ses dynamiques encourageantes malgré les crises qui y subsistent (Côte-d’Ivoire et la perspective de sortie de crise par les élections, Niger-Mali et le problème touareg, la paix fragile au Burundi, l’accalmie relative au Congo-RDC, les guerres civiles par procuration aux Soudan, Tchad et Somalie). Le chapitre sur l’Amérique centrale et les pays andins traite d’une menace particulière à cette région : le narcoterrorisme et son sous-produit, la criminalité.

Ces études sont précédées par une contribution de Michel Fortmann et Audrey Reeves qui font le point sur les conflits dans le monde en 2007-2008 (avec estimations chiffrées, répartition géographique, degré de létalité, lien avec le terrorisme et lutte contre celui-ci). Sur la période 1990-2008, l’ouvrage montre qu’il y a eu déclin du nombre total des conflits. Après une forte recrudescence observée entre 2000 et 2002, le déclin s’est poursuivi jusqu’en 2008, avec une légère remontée en 2006-2007. Sur le long terme (1950-2008), la conclusion est que « le nombre d’affrontements violents demeure [néanmoins] à un niveau le plus bas […] jamais atteint ». Des conflits moins nombreux, mais aussi moins meurtriers.

Toutefois, cet optimisme est tempéré car, en 2008, on était « dans une phase de transition importante en ce qui [concerne] la politique de sécurité américaine ». Mais aussi parce que les conflits n’impliquant pas les gouvernements d’États parmi les belligérants n’ont pas été pris en compte, notamment en Afrique. Et également parce que les dépenses militaires mondiales sont en augmentation : de 6 % en 2007 par rapport à 2006 et de 45 % par rapport à 1998 (162 % pour l’Europe de l’Est, dont principalement la Russie). De son côté, « le gouvernement américain a dépensé pour son armement en 2007 plus qu’à n’importe quel autre moment depuis la Seconde Guerre mondiale ». De plus, en 2008, les huit puissances nucléaires comptabilisaient près de 25 000 ogives nucléaires dont 10 200 opérationnelles, et les cinq grandes puissances nucléaires n’ont montré aucun effort en vue d’un désarmement complet. Elles ont plutôt modernisé leurs arsenaux, ce qui n’est pas de nature à inciter les candidats à l’armement nucléaire à s’attiédir, bien au contraire ! Enfin, dans les chapitres traitant des politiques américaines et russes, une question revient deux fois : s’en va-t-on « vers un retour de la guerre froide ? ». Autrement dit vers l’équilibre de la terreur et la stratégie du Mutual Assured Destruction (MAD). Cela n’est pas rassurant !

Fort bien documenté tout en étant écrit dans un langage clair et simple, ce 26e numéro des Conflits dans le monde se lit aisément. Il sera utile aux spécialistes comme aux non-initiés des sciences humaines.