Comptes rendus bibliographiques

BEAUDET, Pierre, SCHAFER, Jessica et HASLAM, Paul (dir.) (2008) Introduction au développement international. Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 520 p. (ISBN 978-2-7603-0686-8)[Notice]

  • Steve Déry

Ce recueil de 25 chapitres, si l’on compte l’introduction et l’épilogue de Samir Amin, constitue la version française d’un recueil paru en anglais sous le titre Introduction to international development: approaches, actors, and issues, et dont la publication a été dirigée par les trois mêmes personnes, dans un ordre différent (Haslam et al., 2009). À travers l’expérience de chercheurs provenant d’horizons variés et de spécialistes des questions de développement, Beaudet, Schafer et Haslam veulent présenter à des étudiants de premier cycle universitaire le développement international sous toutes ses coutures, pour un bilan, – avouons-le d’emblée – mitigé ; on y trouve du très bon et de l’excellent, mais aussi l’inverse. Il m’apparaît impossible de passer sous silence mon sentiment ambivalent après la lecture de cet ouvrage. Certains chapitres comportent de nombreuses affirmations vagues, sans fondement, ou parfois même des faussetés (comme cette idée que la Chine se présente « comme une proposition pour rééquilibrer cette mondialisation, la rendre plus équitable » – Beaudet, p. 97) ou des maladresses gênantes (Singapour toujours placé dans les pays en développement – Haslam, p. 179), qui peuvent rendre malaisée leur utilisation en classe. Plusieurs chapitres, souvent les mêmes, comptent aussi des traductions maladroites et, pour certains, dans une publication qui se veut sérieuse, une quantité inacceptable d’erreurs de frappe, d’orthographe, de syntaxe ou de ton inapproprié (plus d’une dizaine d’endroits dans les quatre premières pages de l’introduction) : une recension rapide a permis d’en identifier dans plus de 80 des pages du recueil, souvent plus d’une par page. De plus, la cartographie est carrément déficiente, les quelques cartes utilisées étant à peu près illisibles (p. 31, 91, 123, 398 en particulier). Enfin, l’ensemble souffre un peu (beaucoup) du fait que la première partie, à l’exception des excellents chapitres III (Klein) et IV (Martinez), ne construit pas vraiment le contexte pourtant annoncé et sur lequel tout l’ouvrage aurait pu reposer. En particulier, l’introduction est pleine de confusions (le développement équivaut à la croissance économique, p. 8 ; mais l’inverse est affirmé aux p. 6 et 9) résultant souvent d’une imprécision dans la manière d’attribuer les idées aux auteurs, ou de se les approprier. La lecture du chapitre laisse le lecteur francophone bouche bée par l’utilisation du futur proche (langage parlé) sur un ton qui, même s’il est candide, reste beaucoup trop journalistique, presque amateur, ce qui nuit à la mise en valeur des chapitres thématiques – plusieurs excellents – qui suivent, quand il ne l’induit pas en erreur, dans un texte visant un public universitaire (« vous allez découvrir, […] remarquer, […] admirer, […] voir, […] », etc. (p. 2) ; le chercheur reste aussi pantois pour qui veut démêler la terminologie du développement, et l’étudiant voyageur se voit incrédule devant des affirmations saugrenues comme « vous allez comprendre la polarisation de notre monde : d’un côté, des privilégiés qui vivent bien et qui peuvent exercer des choix ; et de l’autre, des défavorisés qui n’ont que très peu de contrôle sur leur vie » (p. 3). La moindre expérience de terrain en Europe, en Asie, en Afrique, en Amérique latine, ou même chez nous au Québec ou au Canada, démontre exactement que cette polarisation n’existe pas et que notre monde se présente d’une manière beaucoup plus nuancée que cela, « à géographies variables » pour paraphraser l’ancien président du Brésil, Fernando Henrique Cardoso, ce que plusieurs des auteurs du recueil s’attachent d’ailleurs à bien démontrer individuellement. Dans la partie I sur les théories et approches du développement international, les chapitres de Klein (développement local) et Martinez (sexe et développement) décrivent respectivement, d’une …