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De toute évidence, la thèse et l’homme ne laissent personne indifférent. Néanmoins, l’ouvrage collectif proposé par Rémy Tremblay et Diane-Gabrielle Tremblay aborde la thèse de la classe créative et le personnage (Richard Florida) dans un propos nuancé qui, tout en étant manifestement critique, ne succombe pas pour autant à la tentation de la diatribe ouverte. Par le fait même, l’ouvrage se distingue – avantageusement – des écrits anglo-saxons portant sur la question, qui expriment le plus souvent l’antagonisme de positions biens tranchées entre les tenants et détracteurs de la thèse de la classe créative. Ses directeurs ont par ailleurs raison d’affirmer qu’il existe bien peu d’ouvrages francophones portant sur la question. Il va sans dire que l’ouvrage présente la thèse de la classe créative et les développements subséquents du programme de recherche de Richard Florida, et ce, en ne faisant pas l’économie d’un examen sociologique du personnage, ni d’un retour sur les principales critiques ou failles de la thèse de la classe créative (chapitre 1). La véritable contribution de cet ouvrage tient au fait qu’il rassemble des propos qui s’intéressent à une autre facette de la classe créative, soit son influence incontestable sur l’univers du développement local. Autrement dit, il ne s’agit pas ici de s’appesantir sur les failles méthodologiques, voire sur les simplifications de phénomènes sociaux proposées par l’analyste, mais il est question plutôt d’explorer les influences d’une logique (ou d’une formule) dont la toile de fond est la nouvelle économie et où prospérité rime avec travailleurs du savoir. Que l’on soit d’accord ou non avec Richard Florida, il demeure que ces idées ont une vie et circulent bel et bien dans les sphères décisionnelles et dans les milieux de la recherche. Les textes signés par Myrtille Roy-Valex (chapitre II) et par Thomas Pilati et Diane-Gabrielle Tremblay (chapitre IV) mettent en relief l’influence de cette pensée sur les politiques culturelles et les stratégies de développement local. D’autres textes s’interrogent plutôt quant à l’influence de la ville créative sur la manière de penser le territoire, la ville et la société. Le texte de Marc Levine notamment (chapitre III) met en évidence les imaginaires du développement et du territoire, alors que les textes d’Elsa Vivant (chapitre VI) et de Marianna d’Ovidio (chapitre VII) portent, respectivement, sur les influences conceptuelles et institutionnelles de la classe créative et son empreinte sur les disciplines et pratiques du territoire. Cette réflexion se prolonge dans la synthèse proposée par Jean-Pierre Augustin. Enfin, les textes sous la plume de Richard Shearmur (chapitre IV) et de Jean-Luis Klein et Diane-Gabrielle Tremblay (Chapitre VIII) insistent, pour leur part, sur les dimensions sociales d’une application des thèses de la classe créative aux stratégies de développement local. En somme, l’ouvrage est une des rares synthèses critiques convaincantes (et francophone, de surcroît) traitant de la question.