Mobilités spatiales et ressources métropolitaines : l’accessibilité en questions

Note liminaire[Notice]

  • Sonia Chardonnel et
  • Florence Paulhiac Scherrer

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Le dossier spécial « Mobilités spatiales et ressources métropolitaines : l’accessibilité en questions » des Cahiers de géographie du Québec présente quatre articles scientifiques sélectionnés parmi les communications de la 11e édition du colloque Mobilités spatiales et fluidités sociales  qui a eu lieu à Grenoble en mars 2011 . Intitulée « Mobilités spatiales et ressources métropolitaines : l’accessibilité en questions », cette rencontre a permis aux participants de s’interroger sur la mobilité en tant que « bien intermédiaire » dont usent les personnes pour accéder à des ressources nécessaires à la satisfaction de leurs besoins et à la réalisation de leurs projets. Parce que ces ressources sont inégalement réparties sur des territoires quotidiens souvent très étendus, les différences de potentiel de mobilité peuvent créer ou exacerber des facteurs d’inégalités sociales. Les processus d’étalement, de spécialisation fonctionnelle, voire de ségrégation, aboutissent à des exigences de mobilité pour relier les différents pôles d’un territoire donné, lesquelles pèsent autant sur les acteurs publics en charge de l’offre (de transport, de logement et de l’emploi notamment) que sur les individus dont la capacité de mouvement est souvent socialement et économiquement sélective. Par conséquent, les inégalités d’accès à la ville et à ses ressources méritent d’être appréciées à la fois par l’analyse des politiques urbaines actuelles qui ont pour vocation de les réduire et par l’étude des structures et des dynamiques spatiales qui conditionnent les possibilités d’accès aux ressources urbaines des individus. Le colloque a montré combien il y a aujourd’hui un enjeu à faire dialoguer les champs de recherche qui, soit mettent l’accent sur des analyses de l’évolution des politiques publiques urbaines visant la réduction des inégalités en matière d’accessibilité géographique, soit développent des méthodes et produisent des résultats d’observations qui caractérisent les situations d’inégalités auxquelles sont confrontées les populations dans leurs pratiques spatiales quotidiennes. Rapprocher ces deux champs doit permettre de mieux cerner quels référentiels et quelles connaissances sur les inégalités d’accessibilité sont requis pour mettre en place et évaluer des actions ciblées dans le cadre de politiques urbaines. En retour, cela met en question la manière dont on peut adapter les méthodes d’observation et les outils d’analyse des conditions de mobilité des personnes et des niveaux d’accessibilité des espaces pour répondre aux exigences d’une véritable politique d’accès à la ville pour tous. C’est dans cette seconde optique que s’inscrivent les quatre textes présentés ici. Ils apportent des contributions notables quant au renouvellement des méthodes utilisées pour décrire le lien entre structure de l’offre et niveau d’accessibilité du territoire, ainsi que pour appréhender les potentialités d’accès des populations au territoire et à ses ressources. Yves Crozet, Aurélie Mercier et Nicolas Ovtracht examinent deux politiques de transport dans l’agglomération lyonnaise (deux nouvelles lignes de transport en commun, un péage urbain) à l’aune des impacts sur l’accessibilité spatiale, d’une part, et sur la réduction des inégalités sociales, d’autre part. Pour mesurer l’accessibilité en zone intra-urbaine, les auteurs soulignent l’importance (et la difficulté) de pouvoir décrire finement la localisation des activités tout en considérant l’hétérogénéité de l’offre de transport au sein des différents quartiers. Cette exigence permet d’estimer au mieux les coûts monétaires et temporels pour relier différents lieux et rend possible une analyse de l’accessibilité aux ressources urbaines en jouant sur les échelles pertinentes selon l’activité considérée. L’outil MOSART développé au Laboratoire d’économie des transports (LET-Lyon) répond à ces enjeux méthodologiques : il est basé sur un système d’information géographique (SIG) voué à l’analyse des réseaux de transport enrichi par des données socioéconomiques (recensement) et couplé à un modèle gravitaire intégrant des données de congestion pour apprécier précisément les temps de parcours en période …

Parties annexes