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Cet ouvrage collectif résulte d’un travail de recherche réalisé dans le cadre d’une action concertée soutenue par le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC). Dans le livre, l’équipe des sept chercheurs rend compte des résultats de ses travaux. L’essentiel de la publication consiste en l’identification des conditions de réussite du développement local visant la réduction des effets de la pauvreté et de l’exclusion à partir de 10 expériences. La moitié des cas concernent Montréal et l’autre moitié, des régions moins urbanisées, soit le Saguenay–Lac-Saint-Jean et le Bas-Saint-Laurent.

Les facteurs de réussite constituent les éléments d’une « stratégie plurielle et intégrée » de développement local qui se caractérise ainsi :

  • un leadership qui émerge de la dynamique associative des acteurs et qui comporte trois facettes : individuel, organisationnel et socioterritorial ;

  • la capacité de mobiliser et de combiner des ressources en faveur des projets à réaliser. Provenant du territoire même et de l’extérieur, les ressources sont humaines (bénévoles et personnes compétentes en action collective, entre autres) et financières. Sur ce plan, les entreprises d’économie sociale mises sur pied dans le cadre d’une initiative procurent des ressources endogènes que complètent les financements provenant de l’extérieur ;

  • l’aptitude de l’organisation ou de la coalition à maintenir une cohésion à la fois interne et avec la population par l’information, la socialisation et la résolution de conflits ;

  • le recours stratégique et judicieux aux programmes publics dont la présence est essentielle aux fins de financement et d’appui technique. La créativité des promoteurs permet d’adapter les mesures de financement aux besoins des initiatives ;

  • si elle n’existe pas au préalable, la construction d’une identité territoriale positive qui contribue au sentiment d’appartenance et à la mobilisation en faveur de son milieu et des personnes qui l’habitent.

Bien que les auteurs ne mentionnent pas à quel public ils destinent leur oeuvre, en bénéficieront surtout les personnes en apprentissage des approches de développement local misant sur la mobilisation, la démocratie délibérative et la concertation d’acteurs différents. Elles y trouveront décrites des expériences ayant eu du succès et d’autres moins bien réussies, mais toutes riches d’enseignement. Les descriptions qui constituent plus de 70 % de la publication illustrent notamment la complexité de ces pratiques, les maillages de ressources et le réseautage que des établissements publics ou privés pourraient difficilement produire.

Pour les lecteurs plus familiers avec le développement local et l’économie sociale, les facteurs de succès identifiés au terme de l’analyse n’ajoutent pas d’éléments nouveaux. Pour démontrer les apports originaux de l’ouvrage, les auteurs devraient faire référence aux auteurs et aux théories stratégiques du développement local, de l’intervention collective et de l’organisation communautaire. À titre d’exemple, il est bien établi que le sentiment d’appartenance au milieu de même que les réseaux d’entraide, doit-on ajouter, représentent deux ingrédients facilitant la mobilisation d’une collectivité (Figueira-McDonough, 2001 : 146-150).

Enfin, et c’est peut-être là un des problèmes que rencontrent bon nombre de ces initiatives, les personnes exclues et appauvries sont peu visibles dans les cas étudiés, sauf à titre d’usagères, et elles semblent moins présentes que les salariés des organisations et l’élite locale. Il y a là un défi stratégique majeur et pour lequel les besoins de connaissance sont importants.