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Viêt Nam contemporain est le deuxième ouvrage de la collection « Monographies nationales » que publie l’Institut de Recherche sur l’Asie du Sud-Est Contemporaine (IRASEC), un organisme basé à Bangkok. Fruit du travail de 23 des meilleurs spécialistes du Viêt Nam, ce livre comprend 19 chapitres regroupés en trois parties traitant respectivement des données structurantes de l’État-nation, de la gestion des activités humaines et de la question identitaire.

Le Viêt Nam contemporain est celui d’une génération qui, contrairement à celle qui l’a précédée, n’a pas connu les déchirements de la guerre. Ces douloureux épisodes du passé n’ont pas été évacués : on les a plutôt remis à leur place dans une trame spatiale et historique toujours en mouvement, et dont l’horizon est beaucoup plus vaste que les seules intrigues bipolaires des décennies précédentes. Viêt Nam contemporain fait le point sur l’état des connaissances relativement à ce pays qui, au cours des dernières décennies, a vécu une véritable mutation. Comme l’indique Feuché (p. 231) : « le transfert du COMECON à l’OMC sans rupture politique est l’axe symbolique le long duquel s’est développée l’économie du pays ». Cette réflexion résume à elle seule l’orientation récente des études vietnamiennes

Le livre rassemble des textes qui réussissent l’exploit de faire la synthèse des connaissances acquises sur le Viêt Nam, au point qu’on puisse le considérer comme un ouvrage de référence incontournable. Il commence par une chronologie détaillée de 23 pages (du deuxième millénaire avant l’ère chrétienne jusqu’à février 2004). Dans la foulée, Viêt Nam contemporain prend le pouls du pays, des études qui le prennent pour objet, de même des débats, des défis et des enjeux qui dynamisent les domaines politique (Dovert et Lambert, Bao An et Tréglodé, Pholsena, Do Hien), économique (Gironde, Feuché, Oudin, Pandolfi), environnemental (Durand et Fortunel) et sociétal (Scornet, Nguyen Thi Phi Linh et al.). Il faut d’ailleurs souligner la place qui est faite aux Vietnamiens, non seulement comme coauteurs de l’ouvrage, mais surtout comme source de documentation.

Au passif, notons que la bibliographie de l’ouvrage nous semble déséquilibrée puisqu’elle ne mentionne pas suffisamment de contributions de ces spécialistes du Viêt Nam que sont, entre autres, les Bernard Fall, Rodolphe De Koninck ou encore Christian Taillard. Enfin, parmi les irritants, signalons que les tableaux et même les chapitres de l’ouvrage ne sont pas numérotés. Il n’en demeure pas moins que l’ouvrage devrait se retrouver à portée de la main sur les rayons de la bibliothèque de quiconque se passionne pour le Viêt Nam.