Comptes rendus bibliographiques

CHIASSON, Guy et LECLERC, Édith (2013) La gouvernance locale des forêts publiques québécoises. Une avenue de développement des régions périphériques ? Québec, Presses de l’Université du Québec, Collection Science régionale, 272 p. (ISBN 978-2-7605-3616-6)[Notice]

  • Nancy Gélinas

…plus d’informations

  • Nancy Gélinas
    Département des sciences du bois et de la forêt, Université Laval

Pour nous proposer un regard sur « la gouvernance locale des forêts publiques québécoises », cinq auteurs se joignent à Guy Chiasson et Édith Leclerc et abordent la gouvernance sous l’angle d’« une avenue de développement des régions périphériques ». Ce livre se divise en trois parties. La première partie met la table sur une définition des cadres théorique et pratique qui ont modulé la recherche. La deuxième présente des modes de gouvernance par l’entremise d’études de cas. La dernière partie pose la question des impacts de la gouvernance sur des composantes telles que les groupes marginalisés, le travail et l’environnement. Globalement, les objectifs de cet ouvrage collectif sont d’aider à comprendre la gouvernance locale des forêts en documentant les pratiques mises en place dans deux régions périphériques, soit l’Outaouais et l’Abitibi-Témiscamingue, et d’observer l’apport de la gouvernance locale au développement de ces régions en examinant leur potentiel de développement. L’introduction générale de l’ouvrage est savamment rédigée. Elle permet de bien situer le travail dans son contexte, d’établir les objectifs généraux de la recherche et, donc, le fil conducteur de l’ouvrage. Les auteurs décrivent également la méthodologie de la recherche sous-jacente à cette publication, expliquant le choix des deux régions à l’étude et des six cas retenus, soit deux tables de gestion intégrée des ressources, deux coopératives forestières et deux projets de forêt habitée, avec un cas par région. Ce choix soulève une préoccupation alors que la majorité des cas se sont révélés des échecs avant, pendant ou après la réalisation des enquêtes. Une plus grande diversité de projets n’aurait-elle pas permis d’en apprendre davantage sur les éléments-clés d’une gouvernance locale qui engendre un développement pour les régions périphériques ? Des projets plus prometteurs n’existaient-ils pas ? Sinon, un regard sur l’extérieur, voire à l’international, serait encore plus pertinent, d’autant plus que la documentation abonde sur ce sujet. Pour le néophyte, cet ouvrage collectif est certes constructif. On apprend sur l’histoire de la gestion des forêts, sur des expériences passées et sur les acteurs de la gouvernance locale des forêts. Cependant, le lecteur aguerri sera laissé sur sa faim. Certains chapitres, comme celui sur les régimes forestiers, les tables de gestion intégrée ou l’environnement, sont plutôt faibles et manquent d’originalité et de contenu. Si l’objectif était de mettre la table, c’est réussi. Si l’objectif était d’ouvrir sur l’avenir en proposant des pistes pour la mise en place d’une gouvernance comme avenue de développement, la réussite est mitigée. Il est de plus surprenant qu’aucune référence directe ne soit faite aux projets pilotes d’aménagement écosystémique (dont celui de Tembec), aux expériences de « forêt modèle » (dont le projet Bourdon, en Outaouais), qui sont des exemples de gouvernance locale. Ces projets étaient probablement dans la liste de départ, mais comme ils sont plus récents et collés aux nouvelles réalités de gestion forestière, il aurait été avisé d’en glisser mot. Même chose concernant la certification, qui est pourtant reconnue comme un élément de gouvernance locale par les démarches de définition des critères et indicateurs locaux de développement durable qu’elle peut engendrer selon le standard retenu. Le chapitre « Environnement et gouvernance locale » n’en traite aucunement. Évidemment, on ne saurait reprocher aux auteurs leur mauvais timing, étant donné le moment du projet de recherche et les changements récents apportés par la Loi sur l’aménagement durable du territoire (abordés au chapitre II), mais cela laisse tout de même un goût amer pour le lecteur qui espérait en apprendre plus sur la gouvernance locale actuelle des forêts publiques québécoises. Peut-être l’ajout du terme « historique » dans le titre aurait-il été judicieux ?