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L’auteur, André Jules Eloundou de l’Université de Maroua au Cameroun, nous propose la lecture d’un ouvrage compact. Il nous invite à la découverte des défis de la politique de régénération et d’aménagement forestiers au Cameroun ainsi que de l’oeuvre accomplie depuis les premières actions de préservation de ce milieu forestier dans ses diversités, tout en replaçant l’ensemble des aménagements forestiers en fonction des évolutions politiques et des échanges internationaux.

Le développement contextuel et chronologique s’articule autour de cinq chapitres au sein desquels la diversité des milieux forestiers du Cameroun est exposée. Les rappels historiques de la période coloniale préparent la mise en exergue des politiques volontaristes contemporaines entreprises par les autorités camerounaises pour réglementer l’exploitation forestière. La mosaïque des acteurs et des organismes présents en fonction de leurs responsabilités territoriales annonce les dynamiques de la promotion de la forêt. Les intervenants administratifs sont présentés, ainsi que les organismes agissant pour le développement forestier avec les acteurs institutionnels qui intensifient les recherches et l’enseignement sur la richesse du milieu forestier. La spécificité des mangroves, écosystème d’importance pour le Cameroun, est abordée ainsi que le reboisement et l’aménagement par l’intermédiaire des réserves forestières, le tout soutenu en corrélation avec les certifications et les cadres réglementaires. Ceux-ci encadrent la mise en application des directives et le respect des engagements des politiques afin que les forêts du Cameroun puissent être gérées de manière efficace, malgré les contraintes territoriales et humaines parfois lourdes avec lesquelles composent les intervenants.

Le contenu proposé par André Jules Eloundou met en évidence des temporalités longues de la forêt qui sont en diachronie avec les rythmes des sociétés contemporaines. Il met en relief l’importance de l’investissement des acteurs gouvernementaux dans l’expression des orientations pour prendre en considération les réalités vitales du milieu forestier et de ses potentialités. Il expose par le menu les actions des différents organismes et des administrations qui ont vu leurs rôles et leurs implications évoluer, s’affirmer et se densifier depuis trois décennies, et plus encore depuis 1994 avec l’instauration des premières directives nationales influencées par les mouvances internationales. Les photos et les tableaux présentent des faits concrets. Ils attestent de la qualité des projets de gestion des domaines forestiers ainsi que de la progression des superficies des réserves forestières et de leur diversification. En outre, les inquiétudes au sujet de la préservation de la biodiversité à laquelle est greffée l’évolution volontariste des coopérations internationales sont intégrées dans cette présentation. Celle-ci est effectuée par le détail des faits et des réalisations en mettant en avant ce qui a été accompli pour les forêts, les mangroves et les différentes réserves en relation étroite avec les populations locales.

Toutefois, il demeure, à notre sens, l’absence de perspectives de lecture du fait forestier qui mérite un regard à même de susciter un attrait plus large et une implication plus intense en adéquation avec les problématiques actuelles de la déforestation, du réchauffement climatique et du développement durable. Il est vrai qu’André Jules Eloundou présente brièvement des liens avec les orientations actuelles de l’Organisation des Nations unies(ONU) pour que la gestion des territoires forestiers soit durable. Par ailleurs, une extension en direction du programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi que l’analyse systémique de durabilité permettraient, selon notre lecture des orientations mondiales, d’ouvrir des axes d’une intégration renforcée de l’oeuvre accomplie au Cameroun pour la gestion des territoires forestiers.

Néanmoins, en proposant une approche concise, cet ouvrage éclairera d’une manière pragmatique tous les lecteurs qui aspirent à comprendre la progression de la gestion et de l’aménagement des forêts, au Cameroun. Les exemples de d’application de la gestion forestière dans divers lieux du Cameroun, les progrès matérialisés, l’investissement des populations et la volonté d’encadrer dans les meilleures conditions toutes les actions entreprises attestent du travail qu’il reste à entreprendre. L’exposition pertinente des liens entre les actions gouvernementales, celles des organismes locaux, la recherche sous toutes ses formes et l’enseignement du fait forestier permet d’entrevoir des perspectives attrayantes de développement pour toute personne intéressée par les milieux forestiers. Quelque part, André Jules Eloundou incite le lecteur à se tourner en direction de la recherche en aménagement forestier pour que le Cameroun poursuive ses efforts afin que la forêt demeure durable.