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L’intérêt de cet ouvrage dirigé par Bernard Jouve et Christian Lefèvre est de proposer des études de cas dans six ensembles territoriaux: Genève-Lausanne, Lyon, Marseille, Naples, Stuttgart et Zurich, chacune étant rédigée par un spécialiste de la région étudiée. Le premier chapitre est une introduction des coordonnateurs du livre qui soulignent les nouveaux enjeux de la métropolisation en s’attachant à l’analyse de la mise en oeuvre de politiques urbaines dans les six villes concernées. À la question: «Existe-t-il une réalité européenne, un modèle urbain européen dans la gouvernance des métropoles européennes?», ils répondent par la diversité des impacts des transformations du capitalisme et de la restructuration des États européens sur la gouvernance urbaine. L’argumentation est fondée sur trois indicateurs de l’évolution de cette gouvernance: la transformation des relations entre les métropoles et l’État, l’évolution des cadres opératoires des politiques urbaines et la recomposition des relations entre le politique et l’économique. Ces trois indicateurs montrent des dynamiques contrastées entre les six villes retenues, même si certains points communs se dégagent.

À Lyon, un mode d’action pluraliste, voire hyperpluraliste, se constitue et pose des difficultés à la création d’un grand Lyon. Marseille présente des similitudes avec le cas lyonnais, et l’État, notamment dans le projet de Fos-sur-Mer, demeure encore aux commandes face à des acteurs locaux ayant des difficultés à constituer une entente stable. À Stuttgart, les auteurs observent plutôt une stabilité de la représentation des intérêts privés qui accordent cependant une large place aux acteurs de la nouvelle économie. Il en est de même dans le cas zurichois où se joue «un rôle stable dans la promotion des projets métropolitains». À Genève, la coalition est fondée sur des réseaux sociaux de longue durée, mais n’a pas réussi à combler la séparation d’avec Lausanne. Enfin à Naples, la structuration du régime d’action, faisant suite à plus de cinquante ans de clientélisme et de corruption, instaure depuis la réforme de 1993 un système se voulant pluraliste et transparent.

Il ne s’agit pas ici de développer les conjonctures locales bien analysées dans l’ouvrage, mais de souligner l’intérêt des mises en perspective que propose l’étude de six cas particuliers. Le projet était ambitieux, même si le titre de l’ouvrage est modeste. Il apporte au débat métropolitain des éléments utiles pour comprendre les changements et les facteurs de stabilité qui accompagnent la métropolisation. On peut cependant regretter l’absence d’une conclusion à l’ouvrage qui aurait permis de compléter les éléments présentés dans le premier chapitre et d’ouvrir des perspectives plus précises sous forme de tableaux synthétiques. Mais l’ouvrage reste un apport original pour tous ceux qui analysent la problématique de la métropolisation sous un angle économique et politique, en liaison avec la diversité des modes de gouvernance.