Comptes rendus bibliographiques

DABÈNE, Olivier (2016) L’Amérique latine à l’époque contemporaine. Paris, Armand Colin, 272 p. (ISBN 978-2-200-61312-9)[Notice]

  • Yannick BRUN-PICARD

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  • Yannick BRUN-PICARD
    École maternelle et primaire La Peyroua, Le Muy (France)

L’objectif de cette huitième édition proposée par Olivier Dabène est de rendre explicite les évolutions historiques sur les plans économique, politique, social et culturel de l’Amérique latine. La diversité des nations présentes impose à l’auteur une sélection des événements, des ruptures, des évolutions et des relations. Cette synthèse volontaire de ce qui semble être incontournable pour comprendre l’Amérique latine d’aujourd’hui met en exergue des données contextualisées afin d’aider à percevoir les ressorts de chaque période ainsi que les imbrications qui en résultent. Le lecteur a à sa disposition un outil proposant des tableaux synthétiques pour imager des réalités contextuelles et des chronologies lui permettant de comprendre les successions et les réorientations, voire les bouleversements ou les révolutions vécues par les populations. L’auteur a construit son ouvrage autour de huit chapitres aux temporalités variables tout en s’efforçant de rendre l’ensemble de l’Amérique latine accessible dans sa pluralité. Le point de départ est l’entrée dans l’ère moderne de cette Amérique (1870-1914). La relative prospérité des territoires qui la composent de 1914 à 1930 prépare l’arrivée des populismes (1930-1950). Le bouleversement de la révolution cubaine (1950-1970) tient pour ainsi dire une place centrale pour la compréhension des soubresauts qui émergent par la suite donnant des années définies comme étant sombres (1968-1979). La progression parfois erratique vers la démocratie de marché (1979-1990) met l’accent sur les élans démocratiques. L’effervescence des années 1990-2001 met en exergue des antagonismes marqués aux niveaux sociétal, démocratique et politique. Enfin, la dernière période (2001-2015) présente une Amérique latine gouvernée par des partis de gauche. Ce découpage fonctionnel en périodes permet l’appropriation des phases dans leurs spécificités en suivant chronologiquement les événements des faits marquants avec les implications des différentes personnalités, les influences politiques et idéologiques. Au fil des chapitres, avec des intensités variables en fonction des évolutions, sont exposées les maturations sociétales dynamisées par la rue ainsi que les accélérations qu’elles engendrent sous les poussées de nature révolutionnaire. La volonté à géométrie variable des décideurs de réformer les sociétés a autant de place que l’expression de la démocratisation des différentes nations, avec toutes les précautions dues aux oppositions de destination et de doctrine, tout en mettant à la disposition du lecteur des parties de traités ou d’accord. Les formes de violence si présentes, parfois exprimées par des actions terroristes réprimées par l’entrée en action des armées qui fomentent des coups d’État aveugles et sanglants, sont autant d’événements historiques qui ont participé à la construction des pays de l’Amérique latine. Nombre de ces événements sont gangrénés par le clientélisme, la corruption, les manipulations ou les disparitions et enlèvements. Toutefois, malgré l’existence de cette violence latente, les engagements économiques, les réformes aux conséquences parfois destructrices, les orientations de développement servent de socle initial à la naissance d’organismes régionaux ainsi qu’aux accords internationaux ou bilatéraux, notamment avec les États-Unis. Bien entendu l’influence de l’ex-URSS pour le soutien aux révolutions, en particulier celle de Cuba, n’est pas ignorée, avec en toile de fond des prétendues démocraties. Les crises sociétales ne sont pas occultées au regard de l’évolution du pouvoir d’achat et de l’importance du volume des importations, source d’une fragilité économique. Elles sont mises en relief avec leurs conséquences sur les populations les plus précaires, qui ont souvent soutenu les mouvances idéologiques qu’elles rejettent aujourd’hui. En outre, le vecteur économique de l’exploitation des terres disponibles et les expansions légitimées par la rentabilité au détriment des travailleurs pauvres jalonnent ce déroulement historique où les influences, voire les ingérences de certains chefs d’État, sont brièvement exposées. À titre personnel, et bien que cet ouvrage appartienne à la collection histoire, nous regrettons l’absence d’un chapitre de …