Note liminaire

La géographie québécoise : un regard particulier ?[Notice]

  • Mario BÉDARD,
  • Anne GILBERT et
  • Martin SIMARD

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Les géographes québécois accueillent le congrès de l’Union géographique internationale (UGI) en août 2018. Cette activité, tenue à Québec sous le parrainage de l’Université Laval, de l’Association canadienne des géographes (ACG) et du Regroupement des géographes du Québec (RGQ), nous semble être une bonne occasion pour faire le point sur la nature et la portée de la géographie québécoise ou, plus modestement, pour réfléchir sur les travaux et les propos des géographes du Québec. Les géographes francophones, et en particulier québécois, se questionnent fréquemment sur l’évolution de leur discipline et sur sa pertinence sociale ou scientifique. De nombreux débats de ce genre ont ainsi eu lieu dans diverses revues de géographie, notamment au sein des Cahiers de géographie du Québec. Ainsi, en 1988, des géographes québécois et français discutaient de l’état de la géographie dans un dialogue intercontinental dont la version écrite peut être retracée dans les Cahiers de géographie du Québec ainsi que dans la revue française Espaces temps (De Koninck, 1988). Les discussions se sont poursuivies dans les pages de la défunte revue Géographes, au début des années 1990, puis en 1995, à nouveau dans les Cahiers de géographie du Québec (Waddell, 1995). En 2006, cette même revue donne la parole aux géographes de la relève, dans le cadre d’un numéro spécial réalisé pour souligner ses 50 ans (Le comité de rédaction, 2006). Plus récemment, un ouvrage collectif s’interroge sur l’évolution de la discipline (Mukakayumba et Lamarre, 2015). La teneur des débats varie d’une publication à l’autre. Que ce soit en abordant la géographie québécoise de manière globale ou en lien avec l’évolution de l’une ou l’autre des sous-disciplines géographiques, il y est notamment question de la structure et des frontières de la géographie, des transformations de ses méthodes et outils, de son utilité sociale, de sa perception dans la société ou de sa place dans le système d’éducation. Si on ajoute à cela les débats ayant marqué la vie associative des géographes québécois à travers l’Association professionnelle des géographes du Québec (APGQ), maintenant disparue, il est permis de s’interroger sur le caractère légitime des inquiétudes des géographes québécois. Or, de ces interrogations épistémiques, de ces analyses théoriques et propositions thématiques, si ce n’est de ces échanges existentiels où la géographie d’ici était appelée à se (ré)inventer, notamment au su d’un questionnement environnemental de plus en plus prégnant, nombreuses sont les contributions significatives et originales qui ont émergé. Notons simplement l’immense rayonnement de l’oeuvre de Louis-Edmond Hamelin sur le thème du Nord québécois et canadien. Cela posé, ce numéro thématique des Cahiers de géographie du Québec a pour ambition de réfléchir sur l’originalité, réelle ou fantasmée, du regard que proposerait la géographie québécoise sur les divers objets qu’investiguent les géographes. Pour ce faire, nous avons invité les géographes, québécois et autres, jeunes et moins jeunes, à réfléchir sur la géographie québécoise, telle qu’elle s’est construite au fil de ses sept décennies d’existence en milieu universitaire, et ce, tant au plan épistémologique qu’historique et méthodologique. Une des questions qui se posent, directement et indirectement, est celle de l’existence ou non d’une école de géographie proprement québécoise et, donc, d’un regard différencié, unique qui lui serait propre. Cette interrogation n’est pas nouvelle, d’autres s’y étant intéressés avant nous. Parmi les différentes propositions quant à la nature singulière de la géographie québécoise formulées jusqu’ici, l’une nous a tout particulièrement séduits, cela, en vertu de sa grande force d’évocation des processus à l’oeuvre dans la construction de la discipline en contexte québécois. Marcel Bélanger en a offert les prémices. Dans un article fondateur reproduit dans ces pages, il pose au …

Parties annexes