Comptes rendus bibliographiques

AGHAINDUM, Ajeagah Gideon (2017) Water as a weapon of international confrontations. Paris, L’Harmattan, 220 p. (ISBN 978-2-34312-209-0)[Notice]

  • Georges LABRECQUE

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  • Georges LABRECQUE
    Département de sciences politiques, Collège militaire royal du Canada, Kingston (Canada)

Au cours des dernières années, de très nombreuses publications ont été consacrées à l’eau, cette ressource abondante et irremplaçable, mais menacée et inégalement répartie. Aussi, les hydrologues, les géographes, les environnementalistes, les économistes, les géopoliticiens et les juristes ont apporté divers éclairages à la connaissance d’un objet qui sollicite une approche multidisciplinaire. C’est cette approche que nous propose Ajeagah Gideon Aghaindum dans son dernier ouvrage : Water as a weapon of international confrontations. La courte notice biographique, en quatrième page de couverture, nous informe d’ailleurs que l’auteur, attaché à l’Université de Yaoundé, détient un doctorat et plusieurs post-doctorats en biologie, en modélisation du cycle de l’eau et en génie environnemental. Il a publié auparavant Eco-autopsy of the Lake Nyos disaster in Cameroon, 30 years after calamity (2017) – lac de cratère volcanique qui, à la suite de son explosion en 1986, a libéré environ un kilomètre cube de dioxyde de carbone, laissant plus de 1700 morts. Le titre lui-même du dernier essai de l’auteur peut paraître nous mettre sur la piste des conflits liés aux ressources en eau plutôt que sur celle d’un objet de coopération interétatique et intraétatique pour son utilisation responsable et équitable. D’ailleurs, les trois seuls chapitres de l’ouvrage sont intitulés respectivement Water as a weapon of peace, Water as a weapon of development et Water as a weapon of international cooperation. Il est tout aussi étonnant de constater que l’introduction générale ne compte pas moins de 77 pages sur un livre qui en contient à peine 209, conclusion, bibliographie et table des matières comprises. Dès la première ligne, le ton est donné à l’ensemble : « If water is considered as life, can we really ascertain that life is water? » Et plus loin, cette citation de Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies : « Fierce competition over water resources has prompted fears that water issues contain the seeds of violent conflict. If the entire world’s peoples work together, a secure and sustainable water future can be ours ». Cette très longue introduction comprend une section malencontreusement intitulée Judiciary negotiations on water, dans laquelle le professeur Aghaindum fait observer à bon droit que de très nombreux traités ont été conclus entre États qui n’avaient pas nécessairement les meilleures relations diplomatiques. L’auteur en donne plusieurs exemples, dont ceux du Jourdain (Israël et Jordanie) et du Mékong (Cambodge, Laos, Thaïlande et Vietnam, qui ont coopéré tant bien que mal depuis 1957 dans le cadre de la Commission du bassin du Mékong, à laquelle se sont jointes plus tard la Chine et la Birmanie à titre de « partenaires de dialogue »). Tout au long de l’ouvrage, l’auteur multiplie les études de cas, notamment sur les pays du bassin du Nil et ceux du Niger, et ne manque pas de souligner avec raison que bien des traités, s’ils ont quelque utilité, laissent voir à l’analyse leur faiblesse, dans la mesure où ils devraient être plus concrets, favoriser une meilleure coopération et contenir des mécanismes détaillés de résolution des conflits. L’auteur mentionne aussi la Convention sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation (adoptée en 1997 et entrée en vigueur en 2014) laquelle, dit-il, établit deux principes devant conduire les États : une utilisation « équitable et raisonnable » et l’obligation de prendre « toutes les mesures appropriées pour ne pas causer de dommages significatifs aux autres États du cours d’eau ». Pourtant, ce rappel est fort laconique, dans la mesure où, en dépit de ses lacunes, cette importante convention aurait mérité quelque développement. Le professeur …

Parties annexes