Comptes rendus bibliographiques

BERTON-OFOUÉMÉ, Yolande (2017) L’accès à l’alimentation dans les grandes villes (Asie, Afrique, Caraïbes). Paris, L’Harmattan, 272 p. ISBN 978-2-34312-030-0[Notice]

  • Eric Joël Fofiri Nzossie

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  • Eric Joël Fofiri Nzossie
    Département de géographie, Université de Ngaoundéré, Ngaoundéré (Cameroun)

L’ouvrage de Yolande Berton-Ofouémé capitalise sur les résultats du Projet Agrisud international (1988-2004) réalisé dans trois régions géographiques (Afrique, Asie, Caraïbes) connues pour leur vulnérabilité au risque d’insécurité alimentaire et à la pauvreté. Il est issu d’un travail doctoral en géographie alimentaire soutenu par l’auteure en 1996. Il s’inscrit dans la thématique générale de la sécurité alimentaire, largement abordée dans la littérature francophone depuis le Sommet mondial sur l’alimentation (1996). Mentionnons, entre autres, Jean-Louis Chaléard (1996), Maurizio Aragrande et Stefano Farolfi (1997) et Nicole Stäuble Tercier et Beat Sottas (2000). Le sujet traité est d’un grand intérêt et surtout d’actualité. L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde montre en effet que la faim gagne de nouveau du terrain. D’après les statistiques disponibles (FAO, 2017), le nombre de personnes sous-alimentées est croissant depuis 2014, notamment en Afrique et en Asie. Il s’élèverait à 815 millions en 2016. L’objet de l’analyse est de caractériser la demande alimentaire dans les grandes villes en vue de fournir des bases de connaissances pour l’amélioration de l’approvisionnement alimentaire des citadins, particulièrement des populations défavorisées. L’urbanisation croissante dans les régions étudiées a constitué le point d’entrée de l’ouvrage, structuré en sept chapitres. L’usage des concepts récurrents depuis plusieurs décennies montre que la question de l’alimentation est particulièrement préoccupante (p. 18), et les résultats présentés sont dans l’ensemble bien justifiés en relation avec l’environnement des régions étudiées (p. 19). Le premier chapitre (p. 22-52) présente de façon exhaustive le cadre général des champs d’investigation en utilisant deux échelles spatiales : celle du pays et celle de la ville. Les caractéristiques de neuf villes sont présentées de façon détaillée. Le chapitre II (p. 53-84) situe le contexte, la justification, les cadres conceptuels et théoriques ainsi que les limites de l’étude. Le lien entre l’approvisionnement alimentaire des villes et la sécurité alimentaire est bien établi à travers une revue exhaustive de la littérature (p. 55-60). On retient également que les études sur les problèmes alimentaires font l’objet d’approches théoriques complexes qui impliquent, pour les chercheurs, de savoir exercer des arbitrages méthodologiques judicieux. Le chapitre III (p. 85-112) décrit la nature et les formes de consommation de produits. Il met en évidence les facteurs d’extraversion et la dépendance croissante de l’alimentation urbaine principalement par rapport au riz, aux poissons et à la volaille. La caractérisation de la consommation alimentaire des neuf villes étudiées montre que les urbains consomment une gamme variée de produits végétaux et animaux. Mais pour Berton-Ofouémé, il n’y a pas lieu de conclure à une uniformisation de la consommation alimentaire (p. 105-106), car les facteurs socioculturels restent puissants, même si la mondialisation de l’alimentation peut être admise pour des produits bien déterminés (riz, blé, poulet). Le chapitre IV (p. 113-138) souligne l’importance des besoins alimentaires. On pourrait cependant s’interroger à savoir si les données d’estimation des besoins alimentaires obtenues sur des années différentes (tableau 1, p. 116) n’introduisent pas un biais dans la comparaison des disponibilités entre différentes villes. Certaines années peuvent être excédentaires ou déficitaires sous l’effet d’un ensemble de facteurs naturels (p. 130) ou anthropiques (l’exemple des crises sécuritaires en Angola). La caractérisation des origines de l’offre alimentaire urbaine, au chapitre V (p. 139-158), relève deux faits majeurs : la massification des importations agricoles et l’intensification des échanges régionaux. L’auteure analyse, sur une cinquantaine de pages au chapitre VI (p. 159-208), les facteurs et les conséquences de l’inadéquation entre l’offre et la demande. Elle montre que la saisonnalité de l’offre alimentaire expliquée par plusieurs facteurs (catastrophes naturelles, changements climatiques, accès au foncier, conflits armés, échec des politiques publiques et faible pouvoir …

Parties annexes