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Créé en 2000 et affilié à l’Université de Manchester (R.U.), le Chronic Poverty Research Centre (CPRC) vient de publier son premier Chronic Poverty Report 2004-2005 et prévoit publier le second en 2006. Il s’agit d’un centre de recherche qui regroupe de nombreux partenaires internationaux, tels que des centres universitaires de recherche en développement international et des organisations non gouvernementales. Le CPRC est dirigé par les professeurs David Hulme et Andrew Shepherd qui, en 2003, ont été éditeurs invités de la revue World Development pour son numéro spécial sur la pauvreté chronique.

Le Chronic Poverty Report 2004-2005 est divisé en trois parties. La première comprend cinq chapitres où, successivement, on définit le concept de pauvreté chronique, identifie les personnes qui la subissent, montre où elles vivent, se demande pourquoi il en est ainsi, puis suggère des façons de leur venir en aide. La deuxième partie révèle, quant à elle, les divers visages qu’adopte la pauvreté chronique en Afrique sub-saharienne, en Asie du Sud, dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, dans les pays de l’ancienne Union soviétique et de l’Europe de l’Est – pays dont les économies sont dites en transition – et, enfin, en Chine. La troisième partie est une annexe qui chiffre les grandes tendances mondiales de la pauvreté chronique.

Le Chronic Poverty Report 2004-2005 soutient que, même si les grands objectifs internationaux de réduction de la pauvreté fixés en 2002 à l’occasion du sommet de Monterrey pouvaient réellement être atteints pour 2015, 900 millions de personnes souffriraient encore de pauvreté sur la planète. Selon les auteurs du rapport, tous les efforts consentis à l’heure actuelle afin de créer un environnement favorable à la réduction de la pauvreté ne peuvent bénéficier qu’aux personnes pauvres déjà dotées d’un capital social et humain substantiel. Cet environnement ne pourrait en aucune façon secourir les personnes qui vivent dans la pauvreté chronique, c’est-à-dire profonde et de longue durée, qu’elles transmettront probablement à la génération suivante. En conséquence, les gens qui, par centaines de millions, souffrent partout de pauvreté chronique n’ont droit pour l’instant qu’à une existence misérable.

La pauvreté chronique serait causée par des combinaisons de facteurs qui changent selon les lieux et les sociétés. On ne pourrait donc pas l’expliquer à partir du jeu de quelques facteurs seulement. Il faudrait plutôt chercher à savoir selon quelles modalités se combinent et agissent plusieurs facteurs – souvent les mêmes – de façon spécifique dans des endroits différents pour ensuite être en mesure de mettre au point des remèdes mieux adaptés aux diverses situations locales.

Rédigé par des sociologues et des économistes, le Chronic Poverty Report 2004-2005 semble s’adresser directement à des géographes parce que, de bout en bout, il met de l’avant une perspective géographique. En filigrane, le rapport signale l’urgence de multiplier les études de cas qui font cruellement défaut dans ce domaine.