Comptes rendus bibliographiques

CHARTIER, Daniel (2018) Qu’est-ce que l’imaginaire du Nord ? Principes éthiques. Québec, Presses de l’Université du Québec, 162 p. (ISBN 978 2-92338-524-2)[Notice]

  • Myriam Guillemette

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  • Myriam Guillemette
    Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain, Université du Québec à Montréal, Montréal (Canada)

L’ouvrage de Daniel Chartier consiste en une édition multilingue d’un article portant sur les différents fondements de l’étude de l’imaginaire du Nord. L’ouvrage inclut différentes versions du texte, soit des versions française, norvégienne, suédoise, danoise et russe, ainsi qu’une version en sâme du Nord (lapon). Deux questions fondamentales guident le texte et justifient sa division en deux sections distinctes. Dans un premier temps, l’auteur présente la notion d’imaginaire du Nord en s’interrogeant sur le processus de définition du Nord par l’entremise de l’imaginaire. La seconde partie du texte est consacrée à la définition des divers principes éthiques à considérer dans l’étude des cultures nordiques, du Nord et de l’Arctique. Chartier présente d’emblée le concept structurant du texte, soit « l’imaginaire du Nord », qu’il définit comme l’ensemble des signes du Nord et de l’Arctique formés à partir des discours et des différentes formes de représentation. L’un des principaux enjeux de cet imaginaire est sa simplification. L’auteur explique, dans la définition de cet enjeu, la complexité qui caractérise en réalité le Nord et l’Arctique. Il évoque entre autres la multiplicité « des Nords » et des cultures qui forment cet ensemble. Deux types de discours sont présents en ce qui a trait au Nord. On dénote les discours extérieurs qui font allusion aux résidents du Sud ainsi que les discours intérieurs en rapport aux habitants du Nord. L’auteur énonce ainsi une critique du mode de gouvernance qui a caractérisé la majorité du développement du Nord, c’est‑à‑dire une gouvernance du Nord par le Sud. Il s’agit, dans ce cas‑ci, d’une perspective de catégorisation du Nord en tant qu’ensemble de ressources matérielles exploitées au profit du Sud. Cette dynamique a engendré ce que Chartier définit comme une omission des aspects humains et culturels dans l’élaboration des politiques et des projets portant sur le Nord, résultant en l’adoption de politiques inadaptées au Nord et en une subséquente minoration du discours intérieur. Elle résulte également, dans la culture occidentale, en la conception du Nord comme un « espace » et non comme un « lieu », qui serait caractérisé par l’expérience humaine. La définition de cet enjeu guide Chartier vers l’élaboration d’une série de principes éthiques dans l’étude du Nord et de l’Arctique. Dans un premier temps, l’auteur définit la nécessité d’adoption d’une conception circumpolaire, c’est‑à‑dire la prise en compte de l’ensemble des cultures qui forment le Nord et l’Arctique, en particulier les peuples autochtones. Il fait état de la complexité associée à cette redéfinition du fait de la diversité des peuples, de leur distinction, de leur interrelation et de leur opposition. La prise en compte des aspects culturels nécessite de plus une attention particulière quant aux différentes langues comprises dans cet ensemble. Une approche multilingue dans l’élaboration des discours sur le Nord et sur l’Arctique ainsi que dans les différents projets de recherche est suggérée. Il s’agit ici d’un principe mis en application par l’auteur dans le cadre de cette édition multilingue du texte. La nécessité d’adoption d’une approche pluridisciplinaire dans la compréhension du Nord, mais également dans l’élaboration de projets en rapport au Nord est le principe suivant. Chartier remet en question ici les représentations simplifiées du Nord, où l’Arctique devient un symbole de vacuité et de désolation. Il évoque également l’enjeu urbain qu’il définit comme un aspect déficient de la recherche en lien avec le Nord et l’Arctique. Les principes éthiques spécifiés par Chartier peuvent se résumer ainsi : circumpolarité, pluridisciplinarité, autochtonité, urbanité, multilinguisme et interculturalisme. L’auteur conclut cependant par une mise en garde et fait état des précautions méthodologiques devant être prises dans l’application de ces principes. Il explique finalement que …