Résumés
Résumé
Il ne manque pas d’exemples historiques de films qui ont été des manifestes ou des gestes critiques, et ce, dès les années 1920. L’auteur du présent article se demande, de manière consciemment provocante, si un film peut aller jusqu’à théoriser. Des travaux récents ont insisté sur la capacité des images à être un véhicule, voire un site de la pensée, mais la théorie est une activité spécifique de l’esprit humain qui semble ne pouvoir se passer du recours au langage verbal. Un film ne peut donc prétendre à la théorisation que lato sensu — mais en rencontrant, tout de même, certaines des valeurs majeures de l’activité théorique en général : la force spéculative, la cohérence, la valeur d’explication. Le plus facile à reconnaître est le rapport entre un film et la cohérence d’un énoncé ; la plupart des films « expérimentaux » radicaux font preuve d’un calcul intensif et précis. Pour ce qui est de la capacité spéculative, l’auteur postule ici qu’elle découle de la reconnaissance, ancienne, de formes non verbales de la pensée ; il ajoute en outre qu’un film ne peut guère spéculer que sur les conditions d’une expérience qui a rapport avec l’expérience filmique. En revanche, le film possède une moindre capacité explicative, limité qu’il est par la nature indirecte de sa réflexion théorique. L’auteur propose enfin quelques conditions selon lesquelles, sans construire une théorie, un film peut être assimilé à un acte théorique (limité) : en restreignant l’objet de sa recherche et de sa réflexion ; en devenant clairement une expérience ; enfin, en exaltant sa capacité poétique et sa capacité d’invention.
Abstract
Since the 1920s, there has been no lack of films which have been manifestos or critical gestures. The author of the present article wonders, in a consciously provocative manner, if a film can go so far as to theorize. Recent work has insisted on the ability of images to be a vehicle or even a site of thought, but theory is a specific activity of the human mind which seems unable to forego the use of verbal language. A film can thus be theoretical only in a broad manner of speaking. Just the same, it shares some of the major qualities of theoretical activity in general: speculative force, coherence, the value of explanation. The easiest to recognize is the relationship between a film and the coherence of an énoncé: most radical “experimental” films demonstrate an intense and precise calculation. As far as speculative ability is concerned, the author suggests that it arises out of the ancient recognition of non-verbal forms of thought; he adds that a film can only speculate about the conditions of an experience related to the film experience. On the other hand, films possess a lesser ability to explain, limited as they are by the indirect nature of their theoretical thinking. To conclude, the author proposes a few conditions under which a film, while not constructing a theory, may be likened to a (limited) theoretical act: by limiting the subject of its research and reflection; by clearly becoming an experience; and finally by exalting its poetic abilities and capacity for invention.
Parties annexes
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