Résumés
Résumé
Beau travail de Claire Denis fait partie des films qui nous invitent à les aborder sous l’angle de la répétition. Figure esthétique majeure des arts du xxe siècle, la répétition peut aussi être une forme discrète qui circule d’image en image. Parfois elle se cache et se déguise d’un plan à l’autre au sein d’un même film. Dans une approche analytique, l’auteure de cet article emploie la notion de « plan de consistance » présentée par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans Mille plateaux (1980) pour proposer une étude figurative des formes de la répétition dans Beau travail. Deleuze et Guattari ont défini le « plan de consistance » comme un espace formel qui est simultanément un fond et un volume, une armature et une trame. Cet espace résiste dans la durée. En termes de cinéma, le plan de consistance d’un film est élaboré par l’articulation des plans, par la composition des cadres, par les mouvements qui animent l’espace ou les trajets qui le parcourent. Il constitue un repère visuel parfois fuyant, en mouvement mais repérable. L’analyse de Beau travail montre que les répétitions, loin de simplement construire des effets narratifs ou scéniques, participent de la mise en place d’un socle perceptif à la fois récurrent et variable, d’une trame visuelle reconnaissable et instable. L’auteure met ainsi au jour, dans l’économie figurative de ce film d’inspiration littéraire et musicale, l’élaboration de ce « plan de consistance » comme fond visible et invisible du montage filmique.
Abstract
Claire Denis’s Beau travail is one of those films which invite us to view them from the point of view of repetition. A major aesthetic device of the twentieth century, repetition can also be a discrete form circulating from image to image. Sometimes it hides and disguises itself from one shot to the next in the same film. Using an analytical approach, the author employs the concept “plane of immanence” proposed by Gilles Deleuze and Félix Guattari in A Thousand Plateaus (1980) to engage in a figurative study of the kinds of repetition found in Beau travail. Deleuze and Guattari defined the “plane of immanence” as a formal space that is simultaneously a backdrop and a volume, a frame and a thread running through it. This space resists over time. In the cinema, the plane of immanence develops through the articulation of shots, the composition of the images and the movements that animate the space or the trajectories traversing it. It is a sometimes-receding visual bearing, in motion but locatable. The author’s analysis of Beau travail demonstrates that its repetitions, far from simply constructing narrative or theatrical effects, contribute to the establishment of a perceptive base at once recurring and variable, a visual thread that is recognizable and unstable. She thus brings to light, in the figurative economy of this film inspired by literature and music, the establishment of this “plane of immanence” as the visible and invisible backdrop to film editing.
Parties annexes
Bibliographie
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