Résumés
Résumé
Particulièrement au cours du xxe siècle, le développement des technologies d’enregistrement du son, puis de l’informatique, ont révolutionné la pratique musicale de nombreux créateurs. Le musicien, intéressé par les possibilités sonores inouïes qu’offrent ces nouveaux outils, deviendra de plus en plus « technicien », « ingénieur » voire « programmeur », afin de réaliser ses oeuvres. La nécessité d’avoir accès à des équipements de pointe (au départ rares et très coûteux) et aux connaissances techniques pour s’en servir et les développer donne naissance à des centres de recherche et de création où vont se réunir ingénieurs et compositeurs. Cet article présente les premières institutions ayant posé d’importants jalons pour la discipline, en examinant particulièrement deux figures phares du développement de la musique-technologie, soit Pierre Schaeffer (grm, France) et Max Mathews (Bell Labs, États-Unis), souvent respectivement qualifiés de « pères » de la musique électroacoustique et de la musique informatique. Les collaborateurs privilégiés de Mathews sont également présentés : Jean-Claude Risset et John Chowning (de l’Université de Stanford). Des parties thématiques soulignent l’historique des tout premiers studios fondés au sein de radios d’État, ainsi que plusieurs autres fondés au sein des universités nord-américaines à partir des années 1950. Ce survol se termine sur des institutions françaises fondées au cours des années 1960 et 1970. Ces lieux pionniers ont tous engagé des activités de recherche et de création significatives, qui ont permis le développement d’outils technologiques pour la création musicale.
Mots-clés :
- électroacoustique,
- électronique,
- informatique musicale,
- recherche musicale,
- studios,
- technologie
Abstract
During the 20th century, the development of sound recording and information technologies revolutionized the musical practices of many creators. Fascinated by the unprecedented sonic possibilities of these new tools, musicians became technicians, engineers, and even programmers in order to realize their musical goals. The need for up-to-date equipment (rare and very expensive at first), as well as the technical knowledge to use and develop it, gave rise to research and creative centres where engineers and composers gathered. The present article examines the early institutions that were so important to the discipline, focusing on two key figures in the development of musical technology, Pierre Schaeffer (grm, France) and Max Mathews (Bell Labs, United States), often referred to as the fathers of electroacoustic and computer music. Mathews’ primary collaborators are also discussed: Jean-Claude Risset, and John Chowning of Stanford University. Sections of the article describe the history of the very first studios, which were founded by state broadcasters, as well as others that sprang up at North American universities during the 1950s. The survey concludes with French institutions that appeared in the 1960s and 1970s. These groundbreaking institutions cultivated important research and creative activities that sparked the development of technological tools for musical creation.
Keywords:
- electroacoustic,
- electronic,
- computer music,
- musical research,
- studios,
- technology
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Parties annexes
Note biographique
Musicienne polyvalente avide de création, la flûtiste-improvisatrice-compositrice Cléo Palacio-Quintin participe à de nombreuses premières et performances multidisciplinaires et compose des musiques instrumentales et électroacoustiques pour différents ensembles et oeuvres médiatiques. Depuis 1999, elle développe ses hyper-flûtes. Branchées à un ordinateur à l’aide de capteurs électroniques, ces flûtes augmentées permettent de créer des univers sonores qui combinent les sons instrumentaux et électroacoustiques. Ses oeuvres ont été interprétées par elle-même ou par divers ensembles dans plusieurs pays : Angleterre, Belgique, Canada, Danemark, États-Unis, France, Italie, Norvège, Pays-Bas, Suède, Suisse. En plus de composer de la musique de chambre avec électronique, elle se produit régulièrement comme soliste et improvisatrice, ainsi qu’avec ses duos Fiolûtröniq et Beta Lyrae. Cléo a terminé un doctorat en composition à l’Université de Montréal en 2012, avec mention sur la liste d’honneur du doyen de la Faculté des études supérieures et postdoctorales. Le Conseil québécois de la musique lui a attribué le prix Opus du Compositeur de l’année pour la saison artistique 2010-2011.
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