Résumés
Résumé
Si les spéculations idéologiques concernant les différences biologiques entre les sexes persistent dans le domaine de la création, elles ont été mises en valeur dès 1970 par des écrivaines et plasticiennes pour oeuvrer en fonction de mythes spécifiques touchant à leur féminité, au corps de la femme chargé de stigmates, afin qu’émerge un « art féminin ». D’une certaine manière, des compositrices vont emprunter cette voie en affirmant entretenir un rapport différent de celui des hommes à l’écriture musicale. Selon elles, leur sensibilité spécifique et leur situation d’être au monde les poussent à travailler autrement, à partir de thématiques « existentielles » inspirées de leur condition sociale et culturelle. De telles circonstances ont provoqué cette quête identitaire par l’invention d’un style artistique particulier qui, paradoxalement, use de ce qui était considéré par un féminisme radical comme les pièges de la féminité. Cet article tente de montrer que ces spécificités, du moins ces constantes relevées par les créatrices expliquant leur démarche, sont le résultat de recherches esthétiques pour caractériser une création universelle au féminin, et non le produit de diktats biologiques.
Abstract
Although ideological speculations over the biological differences between the sexes continue to haunt the field of music composition, as early as 1970, women writers and visual artists were heavily engaged in discussions of myths about femininity and a heavily stigmatized female body. They did this to promote the emergence of “women’s art.” To some extent, women composers also embraced this, by affirming that their relationship to composition was much different from their male counterparts. These essentialist feminists posited that a specifically female sensibility and place in the world pushed them to work differently—to be rooted in “existential” themes inspired by their social and cultural condition. These circumstances opened up the question of identity, through the invention of a particular artistic style that, paradoxically, reclaimed what radical feminists viewed as women’s pitfalls. This article reveals that essentialist features of women’s music—at least as women composers defined them—resulted from a desire to delineate the universally feminine in art, and were not the product of biological dicta.
Parties annexes
Bibliographie
- BISHOP, Katherine M. et Wahlsten, Douglas (1997), “Sex Differences in the Human Corpus Callosus, Myth or Reality ?”, Neuroscience and Biobehavioral Reviews, no 21, p. 581- 601.
- BOURDIEU, Pierre (1990), « La Domination masculine », Actes de la recherche en sciences Sociales, n° 84, p. 2-31.
- CAMUS, Marianne (2006), Création au féminin. Vol. 1 ; Littérature, Vol. 2 : Arts visuels, Dijon, Éditions de l’Université de Dijon.
- CIXOUS, Hélène (1975), Le Rire de Méduse. In L’Arc, n° 61, p. 39-54.
- CIXOUS, Hélène (1976), « Le sexe ou la tête ? ». In Les Cahiers du GRIF, n° 13, p. 5-15.
- DAVOINE, Françoise (1999), « Sérieuse, audacieuse, bienheureuse. . . Généreuses ! Rencontre avec Isabelle Panneton, Marie Pelletier et Ana Sokolovic ». In Circuit, « Québec : Génération fin de siècle », Vol. 10, n° 1, p. 73-82.
- DEHAENE, Stanislas, Pinel, Philippe, Spelke, Elizabeth, Stanescu Ruxandra, Tsivkin Sanna (1999) “Sources of Mathematical Thinking : Behavioral and Brain-Imagining Evidence”, Science, No. 284, p. 970-974.
- DUBOS, Marie (1998), « Betsy Jolas, Destinée artiste », Femmes : Histoires d’écrire (1) – Chronique des femmes musiciennes, n°153.
- DUCHESNE, André (1996), « Boom dans la création musicale au féminin », Forum, Université de Montréal, vol. 31, n° 4.
- GANN, Kyle (1998), «Que signifie et ne signifie pas la musique des femmes ? », arcticle dans ce numéro.
- GAUTHIER, Xavière (1978), Sorcières, Paris, Stock.
- HYDE, Janet (2006), “Gender Differences and Similarities in Abilities”, Biological, Social, and Organizational Components of Success for Women in Academic Science and Engineering : Workshop Report, National Academies Press, p. 10-15.
- HYDE, Janet (2005), “The gender similarities hypothesis”, American Psychologist, No. 60, p. 581-592.
- KRISTEVA, Julia (2003), Le Génie féminin, vol. 1 : Hannah Arendt, Paris, Gallimard.
- LÉANDRE, Joëlle (2008), À voix basse. Entretiens avec Franck Médioni, Paris, Éditions MF.
- LECLERC, Annie (1974), Parole de femmes, Paris, Grasset.
- MEURDRAC, Marie (1666/1999) Chymie charitable et facile, en faveur des dames, Paris, CNRS.
- PANNETON, Isabelle (1993), « Y a-t-il une musique virile ? », Congrès de l’ACFAS, Montréal, Bibliothèque nationale du Québec, Les Cahiers Scientifiques no 79, p. 241-243.
- PICQ, Françoise (1997), « Un homme sur deux est une femme : Les féministes entre égalité et parité (1970-1996) », Les Temps modernes, n° 593, p. 219-237.
- PLANTÉ, Christine (éd. ) (1998), L’épistolaire, un genre féminin ?, Paris, Champion.
- STÉVANCE, Sophie (2007), « Quelle place pour la femme dans la création musicale au xxie siècle ? », <http://www.oicm.umontreal.ca/doc/col_2007/textes_conferenciers/stevance/stevance_femmes.pdf>.
- VIDAL, Catherine (2001), « Quand l’idéologie envahit la science du cerveau », La Recherche, Hors-série n° 6, p. 75-79.