Notes de lecture

WARGON, Sylvia T. 2002. Demography in Canada in the Twentieth Century. Vancouver, UBC Press, 327 p.[Notice]

  • Hubert Charbonneau

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  • Hubert Charbonneau
    Professeur émérite
    Centre interuniversitaire d’études démographiques (CIED)

Aux yeux de ceux qui, comme l’auteur de ces lignes, ont assisté aux premiers balbutiements de la démographie au Québec et au Canada, il peut paraître à la fois étonnant et plaisant de constater que non seulement la démographie a déjà une histoire en notre pays, mais qu’elle a aussi son historienne. Sylvia T. Wargon s’est en effet attaquée à la tâche redoutable de dresser le bilan passé et récent de notre discipline tant au Québec que dans le reste du Canada. Il faut saluer cette initiative originale, presque sans équivalent à vrai dire. On dispose certes de l’histoire des Dupâquier, père et fils, pour l’ensemble du monde et principalement de l’Europe, mais personne, du moins à notre connaissance, n’a encore songé à publier l’histoire de la démographie à l’échelle d’un seul pays. Dans l’introduction, l’auteur prévient le lecteur que son travail constitue un relevé institutionnel et social et non pas une histoire de la discipline dans ses aspects théoriques, doctrinaux ou méthodologiques. L’ouvrage compte huit chapitres dont le premier est un résumé de l’histoire de la démographie en Europe et au Canada, le dernier correspondant en réalité à une conclusion. Trois périodes sont distinguées dans les six chapitres centraux : avant 1950, de 1950 à 1970 et après 1970; la première période fait l’objet d’un chapitre, la seconde de deux et la troisième de trois. Chaque fois, l’auteur procède systématiquement, à la suite de considérations générales de nature historique, à une description minutieuse des institutions et des personnes, dont elle résume en quelque sorte le curriculum vitae. Les notes se retrouvent à la fin du volume, lequel compte un précieux index, en plus de quelque 850 références bibliographiques et de quatre appendices, dont un index des 110 personnes patiemment interrogées par l’auteur. La jaquette est agréable et de belle qualité, mais il se dégage tout de même une certaine austérité de ce livre : le texte est un peu serré et les caractères sont plutôt petits, minuscules même dans les 70 pages d’appendice, la bibliographie et l’index; il n’y a ni photographies, ni illustrations, seulement une figure et huit tableaux. Le premier chapitre donne une bonne synthèse de l’histoire de la discipline en Europe. Même si les origines de la science démographique remontent au XVIIe siècle, celle-ci ne s’est vraiment développée qu’au cours du XXe, de sorte que son histoire n’est pas tellement plus récente au Canada qu’ailleurs. Le résumé relatif au Canada déflore quelque peu en revanche l’exposition subséquente de la matière des chapitres deux à sept. De plus, dans un enchaînement assez laborieux, précèdent successivement ce résumé des considérations néanmoins assez intéressantes sur les sources avant 1900, l’évolution de la population, les sources de nouveau, les différences entre les langues anglaise et française et le cas particulier du Québec. Au chapitre deux, le contexte historique général est abordé pour expliquer le faible développement de la démographie avant 1950 au Canada. On a ainsi droit à un paragraphe sur l’évolution du statut de la femme ainsi qu’à un rappel sur l’histoire des langues, l’auteur allant jusqu’à préciser, sans doute à l’intention de lecteurs non canadiens, que l’anglais et le français ont été les principales langues dans le passé. Suit l’histoire des recensements et des données d’état civil, puis des éléments biographiques à propos de chacun des pionniers de la démographie au Bureau fédéral de la statistique. L’auteur ratisse large, donnant même des renseignements sur l’époux de la démographe britannique Enid Charles. On en arrive à se demander si la période étudiée mérite 25 pages de description. Il est de toute façon impossible de citer tous …