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  • Lisa Dillon

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  • Lisa Dillon
    Département de démographie, Université de Montréal

Deux grands thèmes font l’objet de ce numéro spécial des  Cahiers québécois de démographie consacré à la recherche récente dans le domaine de la démographie historique : la migration, dans ses rapports avec la famille, et la création de bases de données à partir d’anciens recensements. Notre horizon : le Québec, le Canada, les États-Unis et la Suède. De tout temps, les réalités démographiques ont débordé les frontières locales pour se déployer à l’échelle des pays et du monde. Les migrants franchissent les frontières pour améliorer leurs conditions de vie. Tant les indices que nous utilisons en démographie (taux de fécondité et de mortalité, rapport de masculinité…) que les conditions de vie concrètes des populations sont liés à des forces socioéconomiques qui dépassent les régions. Les thèmes couverts et les sources exploitées dans ce numéro sont diversifiés. Mais tous les textes éclairent la manière dont les familles ont organisé leur vie, et influencé et perpétué les modèles hérités en matière de nuptialité, de migration et de façons de vivre. Les lecteurs des Cahiers sont sans nul doute conscients de la portée actuelle et passée des questions d’immigration. Le Canada accueille aujourd’hui plus d’immigrants par habitant que tout autre pays du monde. Nombreuses sont les questions que cela soulève, et qui concernent à la fois les immigrants et les politiques des gouvernements : à quels immigrants convient-il de donner la priorité; quels sont les niveaux d’immigration idéaux; l’immigration et les taux de fécondité des immigrants peuvent-ils compenser la chute de notre natalité; comment traiter les demandeurs du statut de réfugié, contrer l’isolement culturel des nouveaux immigrants ? Ces problèmes sont typiques de l’immigration dans le monde d’aujourd’hui, où la deuxième transition démographique, les droits humains, l’accès des femmes au marché du travail et les besoins des enfants sont au coeur des préoccupations. Mais il y a longtemps que des pays comme le Canada et les États-Unis cherchent à attirer des travailleurs étrangers, donnent la préférence à certains types d’immigrants et s’arrangent pour en refuser d’autres, se félicitent d’un solde migratoire positif et s’inquiètent d’une émigration excessive. Au-delà des politiques d’immigration nationales, il convient d’explorer les causes et les effets de la migration au niveau des individus, des familles et des communautés. Inez Egerbladh, Alice Bee Kasakoff et John W. Adams, abordant explicitement les comportements migratoires en tant que phénomène sexué, nous offrent une comparaison des modèles de migration observés dans le nord de la Suède (région de Skellefteå) et dans le Nord des États-Unis au milieu du 19e siècle, pour vérifier si, devenues autonomes, les femmes de ces deux régions vivaient plus loin du foyer parental que les hommes. Ils exploitent des données nombreuses pour en arriver à la conclusion que les deux régions présentent des similitudes en ce qui concerne les modèles de dispersion des enfants adultes, malgré leurs différences économiques. Le trait commun le plus remarquable est la plus forte tendance des femmes à migrer loin de leur famille d’origine. Il existe des différences entre Skellefteå et le nord des États-Unis, liées à la fécondité légitime plus forte dans cette dernière région, mais les proportions d’hommes établis près de chez leur père sont similaires dans les deux groupes. Les filles étaient plus susceptibles de s’éloigner, en raison peut-être de la coutume du mariage virilocal. Dans cette étude de la dispersion des parentèles aux États-Unis et en Suède, Egerbladh, Kasakoff et Adams notent que l’importance d’une descendance est en partie fonction de la durée écoulée depuis l’établissement des immigrants fondateurs. C’est l’un des aspects abordés par Francine M. Mayer et Mireille Boisvert, qui analysent la représentation des immigrants fondateurs …