Note de lecture

Dieudonné Ouédraogo et Victor Piché (sous la direction de) avec la collaboration de Stéphanie Dos Santos, 2007. Dynamique migratoire, insertion urbaine et environnement au Burkina Faso. Au-delà de la houe. L’Harmattan Burkina Faso/Presses universitaires de Ouagadougou/Paris, L’Harmattan, 328 p.[Notice]

  • Yode Miangotar

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  • Yode Miangotar
    Étudiant au doctorat, Département de démographie, Université de Montréal

Le livre collectif dirigé par Dieudonné Ouédraogo et Victor Piché nous rappelle, à travers le cas du Burkina Faso, la réalité des flux migratoires africains qui, paradoxalement, fait rarement la une des médias internationaux. Depuis plusieurs années, l’actualité internationale est plutôt dominée par les tentatives incessantes d’entrée clandestine des jeunes subsahariens dans les pays européens et par les nombreux débats sur le statut et l’intégration des migrants africains dans ces pays. Cet ouvrage présente les résultats de recherches et les réflexions menées par quelque dix-sept auteurs sur les différentes facettes du phénomène migratoire burkinabé. La particularité des articles de ce livre repose sur l’utilisation de données uniques sur la migration qui proviennent de l’Enquête migration, insertion urbaine et environnement (EMIUB) menée au Burkina Faso. L’EMIUB consiste en fait en une série de deux enquêtes rétrospectives réalisées entre 2000 et 2002; elle comprend un volet individuel (ménages et individus) et un volet communautaire (villages et villes). Les données de cette enquête offrent la possibilité de prendre en compte plusieurs niveaux d’analyse, précisément les niveaux micro, méso et macro, et de réaliser des analyses de transition. L’EMIUB est la première enquête à aller au-delà des zones de résidence actuelle des personnes enquêtées et permet de relier les biographies individuelles aux données contextuelles des localités de résidence passée et actuelle. La migration burkinabé est un sujet qui a passionné le monde de la recherche, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le rôle des migrants d’origine burkinabé dans l’essor des économies ghanéennes et ivoiriennes a grandement contribué à accroître cet intérêt scientifique, suscitant plusieurs enquêtes de terrain et une quantité appréciable d’écrits sur le thème. Mais la connaissance du phénomène migratoire burkinabé reste une quête sans cesse renouvelée puisque cette migration évolue dans ses motifs, dans ses formes et dans ses destinations au gré des contextes socio-économiques et politiques du Burkina Faso et des pays d’accueil. Il n’est donc pas surprenant qu’en 2000, le département de démographie de l’Université de Montréal, le Centre d’études et de recherche sur la population pour le développement (CERPOD) de Bamako et l’Institut supérieur des sciences de la population (IUSSP) de l’Université de Ouagadougou aient lancé une enquête nationale (l’EMIUB) pour retracer l’évolution du régime migratoire burkinabé. Les articles abordent des sujets aussi divers que l’apport de l’EMIUB à la connaissance de la migration burkinabé (articles 1 et 2), l’évolution des flux migratoires burkinabé (article 3), l’impact des politiques de développement local sur les flux en direction de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso (article 4), l’influence de l’environnement naturel sur la migration (article 5), l’insertion des migrants (article 6) et des migrantes dans le marché du travail (articles 6 et 7), l’évolution du mode de passage à l’âge adulte dans les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso (article 8) et la question de l’accès à l’eau courante à Ouagadougou (article 9). Le dernier article, dans lequel l’auteur s’intéresse au rôle de la mobilité géographique dans l’ascension sociale des individus, tient lieu de conclusion. Au terme d’un travail de recherche qui allie interdisciplinarité, originalité des données d’analyse et utilisation de méthodes avancées d’analyses statistiques, les auteurs de ces articles proposent des éclairages, des réflexions, des pistes d’actions politiques et des perspectives de recherche sur la migration et les migrants burkinabé. Les deux premiers articles exposent le potentiel des données de l’EMIUB pour l’étude des stratégies de reproduction élaborées par les populations sahéliennes confrontées aux situations de crise, tant en milieu rural qu’en milieu urbain. À travers le concept « des stratégies de reproduction », les auteurs ont voulu recourir à un concept qui soit mieux à même de faciliter l’étude …