Introduction[Notice]

  • Denis Lafortune

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Dans les réseaux de la sécurité publique, des services sociaux ou de la santé, on assiste depuis une trentaine d’années au développement de lignes directrices ou guidelines destinées à orienter les politiques et les interventions. De telles lignes directrices se veulent de plus en plus « fondées sur des données probantes » ou Evidence Based. L’expression est apparue au cours des années 1970 sous la plume d’Archie Cochrane, mais les principes auxquels elle renvoie ont été posés il y a bien plus longtemps. En effet, tout au long du xxe siècle, des représentants de diverses professions ont défendu une approche de la pratique qui s’appuie davantage sur des données scientifiquement validées et moins sur l’expérience individuelle de l’intervenant, ses préférences théoriques, les traditions orales (ex. : transmises au moyen de la supervision) ou les orientations politiques déterminées par différents ministères. Or, pour qui voudrait s’en inspirer afin d’éclairer et d’orienter les pratiques, les informations affluent de toutes parts. Il devient quasi impossible d’être à jour. S’intéressant à l’exemple de la communauté biomédicale, Noah (2002) écrit qu’il est très difficile d’identifier les principaux vecteurs de transfert des connaissances dans les milieux professionnels. Au terme d’une analyse de plus de 90 pages, l’auteur conclut à un processus « horizontal » (i. e. entre pairs) de transfert des connaissances par lequel chaque intervenant acquiert et assimile des informations passablement incomplètes et conflictuelles qui lui parviennent quasi quotidiennement par l’entremise de divers canaux. C’est pourquoi les méthodes qui permettent de synthétiser des connaissances ne cessent de proliférer. Dans un bon nombre de cas, une recension systématique des écrits prépare le terrain à une « méta-analyse », cette démarche statistique qui combine les résultats d’un ensemble de recherches évaluatives et d’essais cliniques indépendants menés sur un problème donné. D’autres fois, elle commande plutôt un bilan basé sur des méthodes qualitatives, qu’il s’agisse d’une synthèse réaliste, d’une synthèse narrative, d’une méta-synthèse ou d’une synthèse méta-ethnographique. Dans tous les cas, il devient difficile de faire publier une recension d’écrits moins systématique, qui procède « de proche en proche » à partir de quelques livres et listes de références. Pour être publiée et lue, une synthèse de connaissances doit désormais utiliser des critères explicites lors de la recherche des documents et de leur sélection. Il faut aussi procéder avec transparence lors de l’extraction des informations importantes. Il est nécessaire, enfin, de respecter un ensemble d’étapes standardisées de manière à ce que quiconque puisse éventuellement reproduire ou mettre à jour la méta-analyse ou la méta-synthèse. Ces années-ci, on ne compte plus les centres, les instituts ou les groupes qui se consacrent à la synthèse, au transfert et à l’application des connaissances. Il est possible de mentionner, entre autres, la Collaboration Cochrane, la Collaboration Campbell, le National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE), le Social Care Institute for Excellence (SCIE), le California Evidence Based Clearinghouse for Child Welfare, les programmes modèles de la SAMHSA (Substance Abuse and Mental Health Services Administration), le Centre for Reviews and Dissemination Evidence for Policy and Practice Information and Co-ordinating Centre (EPPI-Centre), le Centre for Evidence Based Mental Health et les programmes modèles du Center for the Study and Prevention of Violence (Université du Colorado). En matière de prévention du crime, on peut évoquer le Centre international pour la prévention du crime ou l’Institut pour la prévention du crime de l’Université d’Ottawa. L’UCL Jill Dando Institute of Crime Science entend aussi disséminer de l’information Evidence Based en matière de réduction des taux de criminalité. Par ailleurs, plusieurs revues savantes sont désormais consacrées à la publication de données probantes. Mentionnons par exemple : …

Parties annexes