Forum

La formation universitaire en travail social à l’épreuve du néo-libéralisme et de la nouvelle gestion publiqueIntroduction[Notice]

  • Judy MacDonald et
  • Kendra Nixon

La formation en travail social a connu bien des changements au fil des ans, que ce soit l’émergence de nouveaux cadres théoriques, l’arrivée d’idées novatrices de pratique, ou les effets sur la pratique des bouleversements économiques, sociaux, politiques ou idéologiques de notre époque. Au comité éditorial de la Revuecanadienne de service social, nous considérons qu’un ensemble de pressions provenant tout à la fois des gouvernements provinciaux et fédéral, des ordres professionnels ou des administrateurs d’université sont exercées sur la formation en travail social. Pour cette raison, nous avons créé un forum spécial et lancé un appel de propositions sur le sujet à tous les formateurs en travail social. Cinq professeurs en travail social provenant des quatre coins du pays ont soumis leur point de vue sur la question. Ils ont soulevé des enjeux aussi variés que leurs horizons. Représentante syndicale, professeure autochtone, professeure engagée au sein d’une association professionnelle provinciale, directeur d’une école de service social, et professeure au Québec. Nous présentons leur point de vue pour susciter la réflexion sur l’histoire de la formation en service social, sur l’état actuel de la profession et sur l’orientation de la formation des futurs professionnels du service social. Ce forum comprend cinq réflexions, soit celles de Catrina Brown de l’Université Dalhousie, présidente sortante de l’Association des professeurs de l’Université Dalhousie; de Jackie Stokes, membre du conseil d’administration du Collège des travailleurs sociaux de la Colombie-Britannique; de Shelly Johnson, professeure autochtone à l’Université de la Colombie-Britannique; de Nico Trocmé, directeur de l’École de service social de l’Université McGill; et d’Ysabel Provencher, professeure à l’Université Laval. Catrina Brown écrit du point de vue d’un syndicat de professeurs au sujet des contraintes néolibérales sur la formation en service social. Elle s’attarde particulièrement à la façon dont les universités fonctionnent comme de grandes entreprises, où les maigres ressources sont affectées aux installations matérielles et à un nombre croissant de postes administratifs, tandis que les membres du corps professoral doivent composer avec de moins en moins de ressources. Elle fait valoir l’importance pour les professeurs de connaître leurs droits inscrits dans la convention collective et rappelle l’importance de militer pour obtenir des postes permanents et pour contraindre les associations facultaires à mener des analyses judiciaires des budgets universitaires. Brown présente un exemple éclairant de l’influence qu’a eue (et que continue d’avoir) le programme néolibéral sur l’Université Dalhousie et sur l’école de service social. Elle insiste sur le fait qu’il « est temps de faire le point sur les façons de résister au programme néolibéral et au discours d’austérité prédominant au lieu de s’en faire les complices » (trad., p. 118). Jackie Stokes pour sa part fait porter ses réflexions sur les compétences et la réglementation, en formulant l’hypothèse selon laquelle : « les compétences d’entrée sur le marché du travail en service social correspondent au prolongement naturel des pratiques de formation existantes » (trad., p. 125). Stokes traite des changements introduits en Colombie-Britannique, notamment le fait que le British Columbia College of Social Workers a accepté le profil des compétences du Conseil canadien des organismes de réglementation en travail social. L’un des changements qui en découle est la mise en oeuvre d’un examen « d’admissibilité à la pratique ». Cet examen a des incidences sérieuses sur les universitaires en service social et pose des questions sur la formation dans les écoles de service social. Par exemple, les écoles doivent-elles apporter des changements à leur programme pour préparer les élèves à l’examen et qu’advient-il, dans ce contexte, du contenu essentiel sur la justice sociale? Ce contenu sera-t-il toujours considéré pertinent dans la pratique quotidienne des travailleurs …

Parties annexes