Résumés
Résumé
Depuis longtemps, les sociolinguistes ont mis au jour la forte relation entre l’aspect social et l’interaction : Labov, 1966 ; Bell, 1984 ; Finegan et Biber, 1994 ; Rickford et McNair-Knox, 1994. Ils ont prouvé que les facteurs sociodémographiques (sexe, âge, classe sociale, ethnicité) influencent la variation linguistique quel que soit le style langagier (formel ou informel) adopté par le locuteur. L’usage de l’énumération - une stratégie discursive fréquente, expressive et fonctionnelle - chez les Montréalais francophones est influencé par des facteurs sociaux (l’âge et la classe socioprofessionnelle) et des facteurs interactionnels (l’entrevue et le questionnaire). Les plus jeunes locuteurs du corpus (15-33 ans) et les informateurs de la classe moins favorisée, à un degré moindre, sont responsables d’une plus grande part d’énumérations de type A : informatives, sous forme d’inventaire et peu complexes structurellement (longueur, syntaxe, marqueurs, répétition, etc.). Inversement, les locuteurs plus âgés (34 ans et plus) et ceux de la classe socioprofessionnelle élevée élaborent de préférence des énumérations de type B : argumentatives dont les éléments sont synonymiques ou organisés selon un ordre spécifique et structurellement plus complexes. Par ailleurs, on remarque un plus grand nombre d’énumérations de type A dans le questionnaire, alors que les énumérations de type B se repèrent davantage dans l’entrevue. Les résultats de mon analyse montrent clairement la variation linguistique déterminée uniquement par l’interaction ou par les facteurs sociaux, mais on observe également des parallèles importants entre les deux dimensions puisqu’elles existent conjointement et forment la base extralinguistique sur laquelle repose le discours des locuteurs.
Abstract
The strong relation between social factors and interaction has long been established by sociolinguists (Labov, 1966; Bell, 1984; Finegan and Biber, 1994; Rickford and McNair-Knox, 1994). They have shown that socio-demographic factors (sex, age, social class, ethnicity) affect linguistic variation, whatever the language style (formal or informal) adopted by the speaker. The lise of enumeration - a frequently used expressive and functional discursive strategy - by francophone Montrealers is influenced by social factors (age and socio-professional class) and interactional factors (the interview and questionnaire). The youngest speakers of the corpus (15-30) and, to a lesser degree, informants of the least privileged class are responsible for most ofthe type A enumerations, which are informative, inventorial in form and structurally simple (in terms of length, syntax, markers, repetition, etc.). In contrast, older speakers and those in a privileged socio-professional class prefer type B enumerations which are argumentative, organized according to a specific order and stucturally more complex. In addition, more type A enumerations are found in the questionnaire while type B enumerations appear more often in the interview. The results of my analysis clearly show that linguistic variation can be determined uniquely by interaction or by social factors, but we can also observe important parallels between the two dimensions since they exist conjointly and form the extralinguistic basis for discourse.
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