Éditorial

Le libre accès : acteurs et enjeux[Notice]

  • Emanuela Chiriac et
  • Stéphane Labbé

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  • Emanuela Chiriac
    Bibliothécaire, Université du Québec en Outaouais
    emanuela.chiriac@uqo.ca

  • Stéphane Labbé
    Directeur — Documentation et bibliothèques
    Doctorant en communication sociale, Université du Québec à Trois-Rivières
    Membre du Laboratoire de recherche sur les publics de la culture
    Membre du Centre de recherche interuniversitaire sur la communication, l’information et la société (CRICIS)
    Membre du Laboratoire art et société, terrains et théories (l/as/tt)
    stephane.labbe@uqtr.ca

Deux évènements majeurs ont eu lieu en novembre dernier à Montréal dans la foulée de la nouvelle politique tripartite annoncée en février 2015 par le gouvernement canadien. D’abord le 17 novembre, le portail Érudit tenait le séminaire intitulé Nouveaux modes de diffusion des connaissanceset libre accès au Canada. Ensuite, une table ronde sur le libre accès marquait le coup d’envoi du colloque des bibliothèques universitaires québécoises du  20 novembre 2015. Les deux rencontres ont connu une forte participation, laquelle traduit bien toute la mobilisation des acteurs du milieu autour des enjeux du libre accès. Le séminaire bilingue organisé par Érudit en partenariat avec le Réseau canadien de documentation pour la recherche (RCDR) avait pour objectifs de brosser le portrait économique des revues savantes canadiennes et de poser le cadre d’un échange fructueux entre le milieu éditorial et les bibliothèques académiques. L’allocution d’ouverture a été prononcée par Louise Poissant, directrice scientifique du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC). Cette intervention a clarifié les principes de base et les retombées de la politique harmonisée des trois organismes dans le domaine de la publication des revues savantes : contrainte du libre accès 12 mois après la publication initiale, valorisation de la recherche, mobilisation des connaissances, le tout dans le respect de l’excellence et du choix du chercheur. Au cours de cette présentation, on a identifié quatre options de diffusion pour les articles scientifiques : le site Web de l’éventuel éditeur du texte, les sites-dépôts (répertoires institutionnels, PubMed Central, etc.), le site Web personnel du chercheur et la plateforme de diffusion Érudit. On a également souligné l’importance d’un équilibre entre les acteurs du libre accès, soit les auteurs (chercheurs, étudiants, partenaires), les lecteurs, les éditeurs (revues, maisons d’édition, associations) et les opérateurs/diffuseurs (plateformes, dépôts institutionnels, bibliothèques). D’égale importance, en matière de modèles d’affaires centrés sur le libre accès aux communications scientifiques, la responsable du FRQSC suggérait que le poids de la nouvelle politique tripartite reposait maintenant sur les chercheurs : celle-ci fait en sorte que ce sont les chercheurs qui doivent absorber les coûts défrayés auparavant par les lecteurs. Par ailleurs, la nouvelle politique affecte de manière inégale les domaines d’études : les enjeux de la diffusion scientifique n’étant parfois pas les mêmes selon que l’on publie en sciences de la santé ou en sciences humaines et sociales. Enfin, la représentante du principal bailleur québécois des fonds pour la recherche concluait avec une interrogation ouverte : quel soutien, en matière d’expertise, de formation ou de contribution financière le FRQSC est-il censé apporter aux institutions afin de renforcer les répertoires en libre accès? Par la suite, Vincent Larrivière, professeur à l’EBSI, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les transformations de la communication savante et, depuis mai 2015, directeur scientifique d’Érudit, a présenté l’état des lieux, statistiques à l’appui, de l’édition savante en général, et de celle québécoise en particulier. Sa communication, « Les transformations de l’édition savante à l’ère numérique », a fait ressortir plusieurs enjeux, notamment une importance croissante des revues locales, phénomène qui se fait jour sur un fonds d’internationalisation de la recherche, la publication dans la langue nationale est progressivement délaissée au profit de l’anglais, même dans les revues locales (la France fait toutefois exception), et les impacts positifs du libre accès en matière de diffusion. Par ailleurs, la démocratisation du savoir serait parvenue à trouver ses marques dans un écosystème éditorial plus versatile que jamais. En 2013, environ 45 % des articles étaient publiés en libre accès, révèle Science Metrix. La popularité croissante de ce modèle nous laisse soupçonner une certaine défaillance …

Parties annexes