Corps de l’article

Introduction

Documentation et bibliothèques (DB) célébrait en 2013 ses 40 ans d’existence. Pour souligner cet anniversaire, il nous a semblé approprié d’examiner et de caractériser le contenu des 163 numéros publiés entre 1973 et 2013.

Le présent article se situe dans la continuité de l’article de Lajeunesse et Wilson (1981), qui décrivait l’évolution du Bulletin de l’Association canadienne des bibliothécaires de langue française (ACBLF) et de DB de 1955 à 1979. Il est également lié au texte d’introduction à l’Index cumulatif 1973-2002, dans lequel Deschatelets décrivait DB comme un « témoin fidèle de l’évolution de la documentation et de la bibliothéconomie au Québec » (2004, 3).

1. Dates et événements marquants de l’histoire de DB

C’est en 1973 que Documentation et bibliothèques prend la relève du Bulletin de l’ACBLF. Établi en 1955 comme organe de diffusion des principales nouvelles de l’Association canadienne des bibliothécaires de langue française (ACBLF), le Bulletin s’est transformé au milieu des années 1960 en une revue intégrant des articles de réflexion originaux à la suite de la création d’une seconde publication, les Nouvelles de l’ACBLF. La métamorphose de l’ACBLF en Association pour l’avancement des sciences et des techniques de la documentation (ASTED) en 1973, conjuguée aux recommandations pour l’amélioration du contenu et de la présentation des revues émises lors d’un colloque des rédacteurs de revues de bibliothéconomie, justifie la disparition du Bulletin (Mot de la rédaction 1973). L’équipe de rédaction de DB se donne comme première tâche de diffuser un véritable protocole de rédaction. Il est décidé que la numérotation de la nouvelle revue continuera celle du Bulletin; le premier numéro de DB est donc le numéro 1 du volume 19.

Si DB reste la publication phare de la nouvelle association, il est entendu qu’elle doit être autonome par rapport à celle-ci. On reconnaît déjà le « besoin d’une revue québécoise et scientifique de bibliothéconomie qui ne reflète pas nécessairement les tiraillements quotidiens des membres de l’Association » (Perron 1975, 2). Le titre de la revue a été choisi pour sa concision, sa clarté, sa précision et sa proximité de la réalité qui est celle de la majorité des lecteurs, soit les professionnels et les techniciens oeuvrant en bibliothèque. La nécessité de répondre aux intérêts de la profession confère dès lors à DB la double identité de revue scientifique et professionnelle qu’elle conserve aujourd’hui.

Un sondage réalisé auprès des lecteurs en 1975 témoigne d’un niveau élevé de satisfaction mais révèle aussi un désir d’articles plus pratiques, suscitant une question qui ne cessera de préoccuper les équipes de rédaction successives :

[…] une revue comme DB qui vise à atteindre un certain niveau scientifique doit-elle surtout coller aux besoins immédiats des lecteurs en leur présentant des cas concrets, des expériences vécues, ou plutôt tenter de s’élever légèrement au-dessus de l’immédiat, sans le délaisser complètement, afin de faire avancer la discipline? 

Rousseau 1976, 61

En 1977, Marcel Lajeunesse soutient que DB ne peut prétendre au statut de revue scientifique générale, la qualifiant plutôt de revue quasi scientifique. Ce statut indéterminé n’empêche pas DB de se mériter, la même année, le H.W. Wilson Library Periodical Award, pour sa contribution à la bibliothéconomie canadienne-française et au développement de la bibliothéconomie dans la Francophonie mondiale (Lajeunesse 1978).

Les années 1980 sont marquées par une controverse causée par une intervention des administrateurs de l’ASTED visant à empêcher la publication d’un article (Mercure 1984). Le différend est l’occasion pour les responsables de la revue de réaffirmer l’indépendance de celle-ci et la liberté d’expression des auteurs qui choisissent d’y publier.

En 1989, un atelier sur la place d’une revue professionnelle dans un environnement technologique avancé met en lumière certaines lacunes de DB qui réduisent sa rentabilité et son rayonnement, la rendant moins attrayante aux yeux des auteurs potentiels. Les délais de publication sont importants et force est d’admettre que, comme bien des revues de langue française, DB a du mal à s’affranchir de la barrière linguistique. La revue est peu ou mal représentée dans les index informatisés qui s’imposent déjà pour le repérage d’information scientifique et technique et elle est largement ignorée dans le monde anglo-saxon (Marcouiller 1984). Il est intéressant de souligner que les participants à l’atelier de 1989 concluent à la pertinence de la revue mais insistent sur la nécessité d’utiliser les nouvelles technologies pour l’améliorer et en réduire les coûts de production (Archambault 1990). Les recommandations mènent à un changement de format, lequel permet l’ajout de 30 % d’espace rédactionnel sans coûts supplémentaires pour l’ASTED (Brault 1991).

Les résultats d’un autre sondage, en 1990, révèlent que DB est peu consultée après la première lecture qu’en font les abonnés. Certains suggèrent que le contenu est trop axé sur la bibliothéconomie et les bibliothécaires, au détriment des autres professionnels de l’information (techniciens en documentation, archivistes, etc.) On croit que ce sont d’abord des professeurs d’université et de collège qui alimentent la revue et on souhaite une plus grande diversité de contributions en provenance de l’ensemble de la Francophonie (Mercure 1990).

La question technologique refait surface dans un éditorial de France Bouthillier en 1997. La rédactrice y énumère les avantages liés à la mise à disposition d’une version numérique : accès plus rapide au contenu, plus grande visibilité, flexibilité, possibilité d’enrichissement des contenus par des éléments visuels et audiovisuels, etc. La question du financement n’est cependant pas abordée.

En 2003, les 30 ans de DB sont soulignés par la publication d’un index cumulatif. Dans son texte d’introduction, Gilles Deschatelets présente le contenu de DB comme le « reflet fidèle d’une discipline en mutation, fortement affectée par les technologies, mais où les valeurs fondamentales et les fonctions de base n’ont pas énormément changé et où l’impératif premier est toujours demeuré la qualité du service à l’usager » (2004, 5). Comme Bouthillier avant lui, il évoque la nécessité d’un passage au numérique. Il faudra pourtant attendre la deuxième décennie du XXIe siècle pour que le virage numérique soit enfin négocié. En 2011, une vaste majorité des répondants à un sondage (108 sur 118) se disent en faveur de la diffusion d’une version numérique de DB en parallèle à la version papier (Hudon 2011). DB est mise à disposition dans la base Érudit[1] en 2013. Dans leur tout premier mot de la rédaction, les co-directeurs Vanessa Allnutt et Marc-André Goulet parlent d’un « moment charnière dans l’histoire de la revue » et soulignent que

Érudit, c’est plus qu’une simple présence sur le Web. C’est la production de métadonnées de qualité, un service de référencement auprès d’agrégateurs généralistes, tels Primo Central, Summon, Worldcat ou encore EBSCO. C’est également un service de commercialisation auprès d’une clientèle institutionnelle canadienne et internationale, ainsi que l’assurance de la pérennité des liens et des collections. C’est encore la possibilité d’ajouter du contenu enrichi à la version numérique des articles publiés

2013, 188

Entre 1973 et 2013, notons que 13 personnes ont dirigé la revue (annexe 1). Si les mandats de direction ont été plus courts et irréguliers de 1973 à 1982, une certaine stabilité s’est installée par la suite, les mandats de direction s’étendant sur cinq à sept ans et chaque directeur assurant la production de plus d’une vingtaine de numéros.

2. Méthodologie

Pour réaliser cette analyse descriptive, nous avons procédé manuellement au dépouillement de tous les numéros parus entre mars 1973 (vol. 19, no 1) et décembre 2013 (vol. 59, no 4). Contrairement à Lajeunesse et Wilson (1981), nous avons décidé d’entrée de jeu d’exclure les comptes rendus de notre corpus. La présence de comptes rendus dans DB est importante mais, en l’absence d’une politique claire les concernant, nous pensons que l’inventaire des comptes rendus ne révélerait pas grand-chose sur l’évolution de la revue, de la profession et de la discipline.

Exemplaires originaux en mains, tous les éditoriaux, articles et chroniques furent recensés, et les données suivantes transcrites pour constituer le corpus à analyser :

  • Volume, numéro, année;

  • Type de texte (article ou chronique);

  • Titre complet de l’article ou de la chronique;

  • Nom complet du ou des auteurs;

  • Statut ou occupation du ou des auteurs;

  • Origine géographique du ou des auteurs;

  • Genre d’article ou type de contenu;

  • Catégorie thématique;

  • Autre(s) information(s) utile(s) (par ex. le titre de la chronique au sein de laquelle le texte est publié).

Au final, il fut décidé d’exclure de l’analyse les mots de la rédaction et les éditoriaux. Bien que certains de ces textes, les plus récents surtout, traitent d’un sujet particulier, un grand nombre portent sur la revue elle-même, annonçant des changements à la direction, au comité de rédaction ou à la politique éditoriale (annexe 2), ou encore sur l’ASTED et les congrès annuels. Plusieurs de ces textes ne portent pas de titres et certains ne sont pas signés.

Seuls ont donc été conservés pour analyse les textes identifiés clairement comme articles ou chroniques. L’ensemble de 163 numéros a été scindé en sous-ensembles regroupant de 20 à 24 numéros chacun pour faciliter l’analyse et la comparaison. L’application d’une grille d’analyse simple nous permet de présenter et de commenter les éléments suivants, lesquels ont également servi à structurer le présent article: le corpus, les thèmes, le lexique, les auteurs.

Chacun des éléments de la grille d’analyse est décrit en détail au moment de sa présentation dans le texte qui suit.

3. Le corpus

Cent soixante-trois numéros de DB ont été publiés entre mars 1973 et décembre 2013[2]. Pour en faciliter l’analyse, l’ensemble a été divisé en sous-ensembles de 20 à 24 numéros, à une exception près : les 28 numéros publiés entre 1989 et 1995 constituent un sous-ensemble un peu plus volumineux que nous n’avons pas voulu scinder, cette période couvrant un seul mandat de direction. Les deux premières colonnes du tableau 1 identifient chacune des sept périodes ayant servi à la création d’un sous-ensemble et précisent le nombre de numéros publiés au cours de la période.

Tableau 1

Nombre d’articles et de chroniques

Nombre d’articles et de chroniques
*

Le numéro 1 du volume 50 est un index cumulatif. Il a été exclu du compte des articles et du nombre de pages.

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3.1 Les articles

Les observations présentées dans cette section concernent le nombre, la longueur et le genre d’articles publiés dans DB entre 1973 et 2013.

La troisième colonne du tableau 1 montre le nombre d’articles distincts publiés au cours de chacune des périodes, le nombre total de pages imprimées occupées par ces articles, ainsi que la longueur moyenne des articles publiés. De 1973 à 2013, 668 articles ont été publiés dans DB. Deux tendances inverses sont notées : une courbe descendante au cours des trois premières périodes (la revue était-elle en difficulté à la fin des années 1980?) et une courbe ascendante très nette au cours des trois dernières périodes (91, 110 et 122 articles occupant respectivement 686, 877 et 1 034 pages). Entre les deux blocs, un long mandat de direction, un changement de format et des modifications à la politique éditoriale. Les chiffres les plus récents sont éloquents et on peut les considérer comme révélateurs de la vitalité d’une revue mature et de sa visibilité croissante, dans les milieux de la recherche notamment.

La longueur moyenne des articles, de 6,7 à 8,3 pages, varie peu. Il faut rappeler cependant que le changement de format de la revue, en 1991, a permis de publier des articles plus longs (en nombre de mots) sans augmenter pour autant le nombre de pages dans chaque numéro; ces moyennes pré-1991 et post-1991 ne sont donc données qu’à titre indicatif puisqu’elles n’ont pas la même valeur.

Notre analyse nous mène ensuite vers une caractérisation du contenu de DB selon le genre d’articles publiés. La presque totalité des 668 articles ont pu être regroupés en sous-ensembles correspondant à cinq catégories. Ont été identifiés comme articles de « réflexion » les textes présentant un point de vue ou une opinion sur une grande thématique ou sur un sujet, sans nécessairement s’appuyer sur des sources bibliographiques reconnues; ce genre d’article est normalement rédigé par des professionnels plutôt que par des chercheurs, et souvent à la première personne. Il peut présenter ou non un caractère critique. Voici quelques exemples :

  • Pour un engagement sociopolitique des bibliothécaires québécois (Cartier, G. 1973);

  • Un mariage forcé? L’audiovisuel et les bibliothèques (Delorme, S. 1981);

  • Bibliothèques publiques et conseils d’administration (Matte, P.  1987);

  • Des bibliothèques branchées sur la planète (Dion, J. 1994);

  • Éloge du livre à l’âge du numérique (Fischer, H. 2002).

Les articles « descriptifs » couvrent les mêmes thématiques et les mêmes sujets que les précédents, mais dans des textes objectifs et structurés qui s’appuient nécessairement sur la littérature professionnelle et scientifique de la discipline. Ils prennent la forme d’une revue de littérature ou d’un état de la question, et leurs auteurs sont aussi bien des professionnels que des chercheurs. Les articles à saveur historique ont été rattachés à cette catégorie. En voici quelques exemples :

  • La bibliographie régionale au Québec depuis 1970 (Houyoux, P. 1981);

  • Les journaux dans les bibliothèques parlementaires (Bernier, G. 1990);

  • Identification des ressources sur Internet et métadonnées : identification des standards (Lupovici, C, 1999);

  • La formation collégiale en techniques de la documentation (Thibault, D.  2008).

Les articles de « recherche[3] » sont consacrés à des projets s’appuyant sur une méthodologie scientifique. Ils se distinguent des précédents par l’énoncé d’objectifs spécifiques, la description d’une méthodologie rigoureuse, une discussion étoffée des résultats, une liste de sources consultées riche et volumineuse. Ils sont préparés par des chercheurs surtout, mais aussi par des professionnels et par des étudiants dans le cadre de travaux universitaires. Voici quelques exemples d’articles de recherche :

  • La référence chez les enfants dans les bibliothèques publiques (Burelle, S. 1987);

  • Lecture et société (Gauthier, B. et F. Graves 1993);

  • Problèmes de repérage des ressources bibliographiques en langue chinoise : une perspective occidentale (Arsenault, C. 2005);

  • Des archives mises en scène par les artistes (Boucher, M.P. et Y. Lemay 2010).

Les articles regroupés sous les catégories « projets » et « institutions » sont rédigés par des professionnels qui décrivent avec plus ou moins de détails un projet particulier, une institution documentaire particulière ou un service offert par une institution ou un ensemble d’institutions. Ces textes sont souvent d’intérêt local, mais ils peuvent également toucher des projets ou institutions nationales ou internationales. Voici des exemples d’articles classés dans l’une ou l’autre de ces catégories :

  • La nouvelle bibliothèque des sciences de l’Université de Sherbrooke (Michaud, T. 1973);

  • Thésaurus : Personnes handicapées, outil de coordination des services documentaires spécialisés (Janik, S. 1987);

  • Les 50 ans de la Bibliothèque de l’aviation civile internationale (Savric, D. et G. Giroux 1995);

  • Airs de famille : DOCAM, entre la muséologie et les sciences de l’information (Turner, J. 2009).

La catégorie « autres » regroupe quelques articles d’un genre particulier, par exemple une bibliographie commentée, un hommage ou un compte rendu d’événement.

Tableau 2

Articles, par genre

Articles, par genre

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Le tableau 2 dénombre les articles publiés entre 1973 et 2013, selon le genre. Notons que dans cette partie de l’analyse, chaque article n’a été classé que dans une seule catégorie. La détermination du genre d’un article a été faite à partir de son résumé seulement. Nous sommes conscients que cette façon de procéder pourrait avoir occasionné quelques erreurs de classification. Chaque cellule du tableau 2 présente le nombre d’articles et, entre parenthèses, un pourcentage correspondant à la proportion d’articles du même genre pour la période concernée.

Les 527 articles qui appartiennent aux trois premières catégories (réflexion, descriptif, recherche) occupent près de 80 % de l’espace réservé aux articles dans DB. Les articles de recherche fondamentale restent bien sûr considérablement moins nombreux que les textes de réflexion et les articles descriptifs; cela semble approprié dans une revue qui n’est pas destinée d’abord à des chercheurs, mais qui joue plutôt un rôle de vecteur de vulgarisation de la recherche menée dans la discipline. On notera toutefois que le nombre d’articles de recherche s’est accru au fil des années, et on verra que plusieurs textes de ce genre sont maintenant soumis par des chercheurs non québécois. La tendance inverse est observée dans la catégorie articles de réflexion qui, rappelons-le, fait davantage de place à l’opinion et à la subjectivité. Le nombre d’articles décrivant des projets, des programmes ou des services reste constant. On note deux pics significatifs dans le nombre d’articles consacrés à des institutions particulières; ces pics correspondent, dans la période concernée, à la publication de numéros thématiques portant respectivement sur les bibliothèques nationales (en 1993) et sur la Bibliothèque nationale du Québec (en 2005). S’il y a peu d’articles dans la catégorie « autres », c’est que la grande majorité des textes qui n’entrent pas dans les catégories principales sont plutôt, et naturellement, rattachés à la section Chroniques.

3.2 Les chroniques

La publication de textes sous l’en-tête Chroniques est bien intégrée à la pratique éditoriale de DB. On dénombre 232 textes publiés comme chroniques entre 1973 et 2013; jusqu’en 2001, ces textes constituaient plus du quart du contenu de la revue (tableau 1). Au fil des ans, plusieurs chroniques régulières ont tenu l’affiche et 107 textes y ont été publiés (tableau 3). La Chronique de la recherche, inaugurée dès la naissance de DB, disparut en 1980, au moment même où paraissaient les premiers articles rendant compte de projets de recherche scientifique rigoureux. La Chronique Littérature de jeunesse, préexistante à DB et renommée Bibliothèques et lectures pour jeunes en 1975, parut pour la dernière fois en 1979. Le sondage de 1976 avait révélé que les textes publiés dans cette Chronique ne suscitaient pas l’intérêt escompté et ne retenaient pas l’attention des lecteurs; on peut penser qu’elle fut abolie au moment où une nouvelle équipe de rédaction s’installait à DB, avec des préoccupations différentes, plus globales, plus technologiques aussi, des préoccupations qui se révéleraient un peu plus tard (1985-1994) dans la Chronique En périphérie. Dans sa Chronique Les mots du milieu, créée en 1990, Gaston Bernier a présenté de façon humoristique parfois, mais toujours pertinente et efficace, ses réflexions sur l’utilisation d’une trentaine de mots et d’expressions liés à notre discipline et à nos pratiques; bien que moins fréquente aujourd’hui, la Chronique a toujours sa place dans DB. Depuis 2003, la Chronique Nos retraités rend hommage, une ou deux fois l’an, à des figures marquantes de la profession, dont la contribution au développement de leur champ d’activité mérite d’être soulignée et présentée aux nouvelles générations de lecteurs.

Tableau 3

Chroniques régulières

Chroniques régulières

* La Chronique existe toujours dans DB

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Nous avons observé que le texte de la chronique, bien qu’il soit normalement plus court que celui de l’article (tableau 1), ne s’oppose pas uniquement à celui-ci par sa longueur; dans tous les sous-ensembles examinés, quelques textes présentés comme chroniques sont nettement plus développés que des articles paraissant dans le même numéro. De plus, les chiffres du tableau 3 nous permettent de penser qu’une proportion significative des textes publiés sous l’en-tête Chroniques l’ont été pour des raisons qui n’étaient pas toujours très claires. Quelques textes exprimant une opinion personnelle (mais pas tous), des énoncés de politiques, des données statistiques, des biographies, des comptes rendus d’événements, des comptes rendus de lecture détaillés et critiques, des témoignages divers sont identifiés dans la revue comme chroniques, mais plusieurs auraient pu être considérés comme article.

Les textes publiés sous l’en-tête Chroniques ont été catégorisés à l’aide de la grille déjà utilisée pour les articles. Le tableau 4 dénombre les chroniques publiées dans DB, selon le genre auquel elles se rattachent. Chaque texte n’a été classé que dans une seule catégorie. La détermination du genre d’une chronique a été faite à partir de son résumé lorsqu’il était disponible, du texte intégral en l’absence de résumé. Chaque cellule du tableau 4 montre le nombre de textes publiés sous l’en-tête Chroniques et, entre parenthèses, un pourcentage correspondant à la proportion de chroniques du même genre pour la période.

Tableau 4

Chroniques, par genre

Chroniques, par genre

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Le fait que près de la moitié des textes aient été classés sous la catégorie « réflexion » ne surprendra pas puisque c’est sous cette catégorie que sont classés les textes d’opinion, plus nombreux sous l’en-tête Chroniques. Comme c’était le cas également pour les articles, les textes descriptifs rédigés par des professionnels en exercice sont également très présents, laissant peu de place aux textes appartenant aux quatre autres catégories, soit 31 % seulement de l’espace dévolu aux chroniques. Il est intéressant de souligner au passage qu’on ne trouve plus après 1996 de chroniques traitant de recherche, au moment même où le nombre d’articles appartenant à cette catégorie est en croissance.

4. Les thèmes

Pour cette partie de l’analyse, nous avons défini neuf catégories thématiques :

  1. Profession : y sont regroupés les textes portant sur le rôle des techniciens et des professionnels, les associations au sein desquelles ils se regroupent, leur formation initiale et continue. Voici quelques exemples :

    • Un technicien, deux formations? (Paradis 1980);

    • Devenir compétitif et partenaire : de nouvelles valeurs culturelles à développer (1991);

    • Réjean Olivier, bibliothécaire, auteur, éditeur et bibliophile lanaudois (Olivier 2004).

  2. Discipline : y sont regroupés les textes portant sur les dimensions théoriques, philosophiques, historiques, terminologiques et pratiques des sciences de l’information en général, ainsi que des domaines de pratique que sont la bibliothéconomie, l’archivistique et la muséologie. On y trouve notamment les textes abordant la question des politiques d’information. Voici quelques exemples :

    • L’avenir de l’archivistique au Québec en matière de formation, d’éducation et de recherche (Chénier 1981);

    • Accessible ou consultable? (Bernier 1999);

    • Herméneutique et sciences de l’information : un état de la question (Ducharme 1999).

  3. Objet : y sont regroupés les textes décrivant l’un ou l’autre des objets d’étude des sciences de l’information et de ses divers champs de pratique, soit l’information, le document sous toutes ses formes, les collections, etc. Voici quelques exemples :

    • Publications officielles du Québec : le Journal des débats (Bernier 1974);

    • La langue française dans les bases de données (Côté 1982);

    • Le multimédia sur CD-ROM : le revers du disque (Mercure 1996);

    • La littérature grise : face méconnue de la documentation scientifique (Halima 2007).

  4. Activités et services : y sont regroupés les textes portant sur les activités et les services traditionnels en milieu documentaire (développement des collections, catalogage, référence, évaluation, normalisation, etc.) ainsi que sur les activités et services non traditionnels (intégration dans les équipes de recherche, gestion de dépôts d’archives numériques, etc.). Voici quelques exemples :

    • La référence automatisée dans les bibliothèques d’université et de recherche (Bonnelly 1973);

    • Monsieur Dewey parle maintenant français (1995);

    • Les processus cognitifs et la rédaction de résumés (Monday 1996);

    • La formation documentaire dans les bibliothèques collégiales : état de la question et enquête (Marquis 2002).

  5. Technologie : y sont regroupés les textes qui portent sur la technologie elle-même, plutôt que ceux qui décrivent des applications de la technologie au catalogage ou à la recherche d’information par exemple. Voici quelques exemples :

    • Les problèmes liés à l’implantation des réseaux automatisés d’information documentaire (Courrier 1978);

    • Le système Vidéotex canadien Télidon (Healy 1985);

    • Pour en finir avec le Web 2.0 : vers le Web 3.0 dans les musées (Vidal 2009).

  6. Clientèles : y sont regroupés les textes portant sur les besoins et les comportements de diverses catégories d’usagers des milieux documentaires, quel que soit leur âge, leur occupation, etc. Quelques exemples :

    • Les habitudes documentaires des journalistes québécois (De Bonville 1978);

    • Habiletés en recherche d’information des étudiants de première année universitaire en sciences de l’éducation (Gervais et Arsenault 2005);

    • Cinq variations sur un même thème : les non-usagers des bibliothèques publiques (Baillargeon 2009);

    • Adolescence, lecture et bibliothèques publiques (Moreau 2009).

  7. Milieux et institutions : y sont regroupés les textes qui portent sur les bibliothèques (générales et spécialisées), les centres de documentation, les centres d’archives et tout autre milieu au sein duquel sont acquis, organisés, préservés, diffusés, etc. de l’information et des documents. Quelques exemples :

    • L’implantation d’un centre de documentation : avant, pendant et après (Lavigne 1995);

    • La formation documentaire dans les bibliothèques collégiales : état de la question et enquête (Marquis 2002);

    • Bibliothèque St-Jean de l’Université de l’Alberta (Usova, Vézina et Boisvert 2013).

  8. Livre, lecture et édition : y sont regroupés les textes qui portent tout particulièrement sur le livre et sur sa production, sur divers types de littérature et sur la lecture comme activité. Quelques exemples :

    • Littérature de jeunesse au Canada français, 1973 (1974);

    • Positions et stratégies des éditeurs dans le champ éditorial québécois (Cau 1980);

    • La politique québécoise du livre (Robert 1983);

    • Bernard Coutaz, Harmonia Mundi et les petits éditeurs (Legendre 2010);

  9. Autres disciplines : y sont regroupés les textes qui décrivent l’apport de diverses disciplines aux sciences de l’information, témoignant ainsi du caractère interdisciplinaire de celles-ci. Quelques exemples :

    • Herméneutique et sciences de l’information : un état de la question (Ducharme 2000);

    • La valorisation de la recherche : savoir investir dans le savoir (Lemay 2007);

    • Le cadre juridique réservé aux bibliothèques numériques (Vermeys 2013).

La répartition en catégories thématiques de l’ensemble des 668 articles et 232 chroniques publiés dans DB devrait refléter les priorités de la discipline et de la profession au Québec et ailleurs entre 1973 et 2013. On comprendra cependant que l’exercice est périlleux et que les résultats présentés ici, établis sur la base d’une analyse des titres et des résumés, ne peuvent être considérés que comme indicateurs de tendances. Pour permettre de brosser un tableau encore plus juste de l’importance d’une thématique à divers moments de l’histoire de DB, certains textes appartenant nettement à deux ou trois catégories thématiques ont été comptabilisés plus d’une fois, ce qui explique que les totaux donnés aux tableaux 5 et 6 diffèrent de ceux qui ont été fournis au tableau 1. Pour cette même raison, aucun pourcentage n’a été calculé.

Tableau 5

Articles, par catégories thématiques

Articles, par catégories thématiques

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Tableau 6

Chroniques, par catégories thématiques

Chroniques, par catégories thématiques

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On remarquera la nette prédominance des articles et des chroniques portant sur les milieux (276 articles et  53 chroniques) et sur les activités et services (204 articles,  49 chroniques). Les textes portant sur les objets d’étude (96), ainsi que sur la profession elle-même (92) sont moins nombreux que ce à quoi on aurait pu s’attendre dans une revue professionnelle. En ce qui concerne la catégorie 5 Technologie, précisons que c’est la délimitation de la catégorie qui mène à ce chiffre relativement bas (77 articles, 14 chroniques). On sait bien qu’il est question de technologies de l’information dans la majorité des textes publiés depuis 1973, mais il peut être rassurant de constater que ces technologies ont été présentées comme outils (favorisant la réalisation d’une activité par exemple) plutôt que comme objet d’étude. Malheureusement, il semble qu’on ait toujours peu parlé de clientèles particulières dans DB (34 articles et 7 chroniques seulement sur l’ensemble de la période); les jeunes (9 articles ou chroniques) et les personnes ayant une déficience ou un handicap (7 articles ou chroniques) sont les clientèles identifiées le plus fréquemment dans les titres. Le livre, la lecture et l’édition préservent leur présence discrète mais constante dans DB depuis ses débuts : 60 articles, 28 chroniques et 3 numéros thématiques leur ont été consacrés. Les réflexions de nature théorique ou philosophique sur la discipline et ses champs d’activités sont régulières mais peu nombreuses (48 articles et 45 chroniques dans les catégories 2 Discipline et 9 Autres disciplines).

5. Le lexique

L’importance du corpus à traiter ne nous a pas permis de faire une analyse lexicale complète du texte des articles et des chroniques publiés entre 1973 et 2013. Il nous a semblé intéressant cependant, et révélateur de tendances, d’examiner la fréquence d’utilisation dans les titres de certains mots-clés importants dans notre domaine. Pour cette partie de l’analyse, nous avons exploité un corpus constitué de tous les titres d’articles et de chroniques. Dans leurs fonctions de signalisation et de promotion, les mots du titre suscitent l’intérêt du lecteur et l’invitent à prendre connaissance du contenu. Mais ils sont également l’un des éléments bibliographiques essentiels à l’exercice d’un jugement de pertinence par le chercheur d’information. Comme la période considérée coïncide avec le développement des grands index donnant accès aux revues scientifiques, mais qu’elle se situe en grande partie avant le développement de la recherche sur texte intégral, on perçoit l’importance du titre comme aide à l’indexation et au repérage. Enfin, il est raisonnable de penser que la fréquence d’utilisation de certains mots-clés dans les titres est révélatrice de l’orientation du contenu éditorial.

Tableau 7

Fréquence d’utilisation de mots-clés dans les titres

Fréquence d’utilisation de mots-clés dans les titres

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Pour calculer le nombre de mots constituant le corpus et la fréquence d’utilisation de chacun de ces mots, nous avons utilisé deux logiciels disponibles sur le Web. Le compteur de mots de Calculis[4] nous a fourni le nombre total de mots de trois lettres et plus et le nombre de mots distincts présents dans le corpus. Wordcounter.net a produit un inventaire des mots utilisés à deux reprises ou plus dans l’ensemble des titres d’articles et de chroniques.

Pour chacune des périodes considérées, nous avons relevé la fréquence d’utilisation des mots suivants : Bibliothèque(s), Bibliothécaire(s), Documentation, Information, Québec, Québécois(e-s). Nous avons également relevé la fréquence des adjectifs qualificatifs Publique(s), Scolaire(s) et Universitaire(s), ces adjectifs étant généralement combinés au mot Bibliothèque(s). Nous signalons également quelques cas intéressants sur le plan lexical, par exemple l’apparition du mot Internet dans les mots utilisés à plus de deux reprises au cours d’une période.

De 1973 à 1977, le mot Bibliothèque(s) est sans surprise celui que l’on rencontre le plus fréquemment, soit à 41 reprises, dans les titres d’articles et de chroniques. Notons huit utilisations des mots Bibliotechnique et Bibliothechnicien(s), qui ne réapparaîtront plus par la suite. Automatisation (3) et Automatique (2) sont les seuls mots à connotation technologique sur cette première liste.

Le mot Bibliothèque(s), utilisé à 22 reprises, vole encore la vedette de 1978 à 1982, suivi de près par le nom Québec (18). Les composés Base(s) de données (2) et Banque(s) de données (2) font une première apparition sur la liste des mots les plus fréquents. Le mot Bibliotechnicien a déjà été remplacé par la combinaison des mots Techniciens (2) et Documentation. Livre (3), Édition (3) et Lecture (2) font une de leurs apparitions régulières sur la liste. De 1983 à 1988, les mots évoquant les technologies de l’information se font un peu plus nombreux dans les titres : on rencontre à deux reprises chacun Systèmes-experts (2), Technologies (2), Informatique (2) et Informatisé (2).

De 1989 à 1995, l’utilisation du mot Bibliothèque(s) culmine avec une fréquence de 80, suivi de très loin par Québec (26), Information (17) et Documentation (14). Le mot Archives fait une première apparition sur la liste. Et comme il fallait s’y attendre, la liste des mots à connotation technologique prend encore de l’expansion : Cd-Rom (6), Technologie(s) (5), Réseau(x) (7), Optique(s) (6), Électronique(s) (2), Informatisé (2) et Ordinateur (2) s’installent dans le lexique, où les traditionnels Livre (6), Imprimé (3), Catalogue (2) Vedettes-matière (2), etc. figurent toujours en bonne position.

La tendance amorcée se poursuit au cours de la période suivante (1996-2001) et c’est du côté de la technologie que se remarquent les plus grands changements. Numérique (3) côtoie déjà Électronique, utilisé à  11 reprises. Internet, avec quatre présences, apparaît pour la première fois sur la liste; c’est également le cas pour Web (3), Multimédia (2) et Cyberespace (2). Entre 2002 et 2007, Numérique (5) prend le pas sur Électronique (2), et un nouveau venu, le mot Virtuel(le) (3) ajoute à la présence importante dans les titres de mots liés à la technologie. Un numéro thématique publié en 2005 redonne de l’importance aux mots Livre(s) et Lecture que l’on voit à 14 reprises sur la liste. Notons que Bibliothèque(s) et Québec restent en tête de liste, avec  33 et 17 présences respectivement.

Les mots liés à la technologie s’inscrivent immédiatement après les mots Bibliothèque(s) et Québec dans la liste des mots les plus fréquents dans les titres entre 2008 et 2013. Le mot Web est utilisé à huit reprises, et Numérique(s) (12) est en voie de déloger Électronique (2). Archives, utilisé à cinq reprises, fait une apparition remarquée. Le mot Musée(s) fait une première présence, utilisé à cinq reprises également dans les titres d’articles publiés dans un numéro thématique consacré à la muséologie.

De 1973 à 2013, le mot Bibliothèque(s) est donc, et de loin, celui que l’on rencontre le plus fréquemment dans les titres d’articles et de chroniques (307 occurrences), suivi des mots Québec et Québécois(e-s) (167); cette observation générale semble confirmer que DB reste avant tout une revue de bibliothéconomie d’intérêt au rayonnement plutôt local. Les mots Documentation (présent dans le titre de la revue) et Information sont également présents, avec une fréquence constante pour le premier et en croissance pour le second. Le mot Bibliothécaire est toujours présent sur la liste des mots utilisés à deux reprises ou plus, alors que l’appellation Documentaliste n’y apparaît jamais. Et ce simple calcul de fréquence des mots tendrait à confirmer ce dont se plaignent parfois les techniciens en documentation et les bibliothécaires oeuvrant en milieu scolaire, soit qu’ils sont parmi les grands absents du contenu de la revue.

6. Les auteurs

Nous avons considéré dans cette section les auteurs d’articles et de chroniques seulement. Rappelons que les mots de la rédaction, les éditoriaux et les comptes rendus ont été exclus du corpus à analyser, et que leurs auteurs ne sont donc pas comptabilisés.

Nous avons relevé pour chaque auteur les renseignements suivants : son nom, son origine géographique, son statut au moment de la publication de son texte (professionnel ou technicien, enseignant, chercheur, étudiant) et le nombre total de ses contributions à DB. Nous avons également noté la présence d’un auteur sur le comité de rédaction de la revue au moment de la publication de son article. Il s’est avéré difficile de déterminer un statut et une origine géographique précise pour tous les collaborateurs, le mode de signature des articles et les données d’identification des auteurs n’ayant jamais été normalisés dans DB; dans certains cas, nous avons dû extrapoler ou faire appel à des sources externes pour obtenir confirmation. Si cette analyse est moins complète que celle qu’avaient pu réaliser Lajeunesse et Wilson en 1981, elle est malgré tout révélatrice de tendances intéressantes.

Le tableau 8 montre que le nombre de collaborateurs distincts a augmenté progressivement depuis 1989. Cette augmentation ne surprend pas puisqu’elle correspond à l’augmentation du nombre d’articles publiés au cours de chacune des trois dernières périodes. La très grande majorité des auteurs n’ont publié qu’un seul article au cours d’une même période, et on note que le nombre d’auteurs de deux ou de trois articles ou plus, reste constant.

Tableau 8

Nombre d’auteurs distincts et nombre de collaborations (par période)

Nombre d’auteurs distincts et nombre de collaborations (par période)

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Au total, 667 auteurs distincts ont contribué au contenu de la revue entre 1973 et 2013 (tableau 9). De ce nombre, 512 ou 77 % n’ont publié dans DB qu’un seul article, alors que 7 individus ont fait plus d’une dizaine de contributions sous forme d’articles ou de chroniques. Ces auteurs prolifiques sont : G. Bernier, J.-R. Brault, G. Deschatelets, G. Gallichan, M. Lajeunesse, G. Mercure et P. Sauvageau. Il faut souligner que Bernier et Mercure ont été responsables au fil des ans d’une ou de plusieurs Chroniques régulières, et qu’ils sont les auteurs de la majorité des textes qui y ont été publiés. Cinq de ces auteurs ont également été directeurs de DB (Bernier, Brault, Deschatelets, Lajeunesse et Mercure). Notons enfin que deux seulement appartiennent à la catégorie des enseignants de carrière : Deschatelets (qui publiait déjà dans DB alors qu’il occupait encore un poste de professionnel) et Lajeunesse.

Tableau 9

Nombre total d’auteurs distincts et nombre d’articles publiés

Nombre total d’auteurs distincts et nombre d’articles publiés

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Entre 1973 et 2013, 69 articles seulement, soit 10 % du total, ont été publiés par un ou plusieurs auteurs, membres du comité de rédaction au moment de la publication de leur article. Cette situation ne concerne que 26 auteurs distincts, dont 5 ont été membres du comité de rédaction sur une très longue période (G. Bernier, C. Fournier, G. Gallichan, M. Lajeunesse et G. Mercure). Un total de 137 chroniques, soit près de 60 % du nombre total de chroniques publiées, étaient signées par un ou plusieurs membres du comité de rédaction au moment de leur publication. Ces signataires ne sont en fait que 12, dont 3 seulement n’étaient pas également auteurs d’articles publiés à la même période. Ces chiffres ne sont pas étonnants si l’on considère qu’une chronique régulière est souvent sous la responsabilité d’un membre du comité de rédaction qui en fournit également le contenu (tableau 3). Il est raisonnable de penser que ces quelques individus, membres du comité de rédaction et fréquents contributeurs au contenu de DB, sont justement ceux qui ont tenu la revue à bout de bras lorsqu’elle était en difficulté (c’est-à-dire lorsque le contenu manquait ou que la publication accusait un retard considérable).

Nous avons pu établir de façon certaine que  119 auteurs étaient enseignants de carrière, au cégep ou à l’université, au moment de la publication de leur article; bien que les données ne soient pas complètes, nous estimons qu’au fil des ans, moins de 25 % des auteurs étaient enseignants au moment de la publication de leur texte. On note que le nombre d’enseignants-chercheurs a augmenté depuis 1995, en même temps que le nombre d’articles de recherche dans la revue. Depuis 1997, date de création du programme de doctorat en sciences de l’information à l’Université de Montréal, plusieurs articles de recherche ont également été signés par des doctorants. Au moins 96 auteurs étaient étudiants (en techniques de la documentation, à la maîtrise ou au doctorat en sciences de l’information et dans des disciplines connexes) au moment de la publication de leur texte. Plusieurs de ceux-ci ont contribué à nouveau au contenu de la revue, une douzaine au moins en tant que professionnels et 3 en tant qu’enseignants-chercheurs. Soulignons que 10 auteurs s’identifient comme chercheurs, sans préciser s’ils sont également enseignants. Contrairement à la croyance générale exprimée lors du sondage mené en 1990 (Mercure 1990), soit que les professeurs étaient majoritairement responsables du contenu de la revue, il semble au contraire que les professionnels aient toujours occupé la plus grande partie de l’espace éditorial disponible, présentant volontiers leurs projets, leurs institutions, leurs réflexions et leurs opinions.

Les données que nous avons pu récupérer sur l’origine géographique des auteurs sont révélatrices d’une tendance dominante : malgré l’augmentation constante du volume de littérature professionnelle et scientifique publiée dans notre domaine, DB n’est pas considérée comme un lieu de publication privilégié par les professionnels et les chercheurs étrangers. Le nombre de collaborateurs québécois dépasse très largement le nombre d’auteurs de l’extérieur du Québec, et ce à toutes les périodes (tableau 10). La légère diminution de la proportion des auteurs québécois depuis 2007 correspond peut-être à l’augmentation du nombre d’articles de recherche publiés dans la revue, un nombre significatif de ceux-ci étant signés par des professeurs-chercheurs français qui apprécient de pouvoir publier dans leur langue, mais ailleurs que dans des revues locales. Le contingent d’auteurs provenant de la région de la capitale fédérale est le second en importance, mais il ne représente malgré tout que 8 % environ du nombre total de collaborateurs. Ces auteurs sont des employés du gouvernement fédéral et de Bibliothèque et Archives Canada; la légère diminution du nombre d’auteurs provenant de cette région depuis 1996 pourrait refléter, d’une part, la diminution du nombre de professionnels de la documentation au sein du gouvernement fédéral et, d’autre part, le désintérêt des milieux professionnels pour la recherche et la publication. Les chiffres sont cependant trop petits pour que des conclusions claires en ressortent clairement.

Tableau 10

Origine géographique des auteurs

Origine géographique des auteurs

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Comme c’était le cas pour l’augmentation du nombre de collaborations distinctes au cours des trois dernières périodes de publication, l’augmentation du nombre de collaborateurs distincts au cours de la même période, bien que ceux-ci soient majoritairement québécois, est révélatrice de la bonne santé relative de la revue.

7. Les numéros thématiques

Les numéros thématiques sont proposés au comité de rédaction par des professionnels ou des enseignants-chercheurs. Ils sont entièrement consacrés à un seul thème et constitués d’articles rédigés sur invitation ou évalués à la suite d’un appel d’articles. Leur fréquence de publication est irrégulière. Les numéros thématiques jouent un rôle important dans le parcours éditorial d’une revue généraliste comme DB. Ils attirent en effet un lectorat plus large, des étudiants par exemple, à la recherche d’information sur un sujet précis. Ils permettent aussi de mettre en relief un thème d’actualité ou particulièrement important dans un milieu donné. Finalement, ils suscitent la contribution de spécialistes qui ne songeraient pas nécessairement à publier dans DB le compte rendu d’une recherche ou d’une expérience sur un thème pointu ou innovateur.

Les numéros thématiques ont officiellement fait leur apparition en 1992. Soulignons cependant qu’un numéro entièrement consacré aux bibliotechniciens et à leur formation avait été publié en 1973. On trouve au tableau 11 l’inventaire des thématiques auxquelles a été consacré un numéro complet de la revue et le nom des personnes qui ont assumé la responsabilité intellectuelle de leur préparation. Au total, 23 numéros thématiques ont été publiés entre 1973 et 2013. Huit d’entre eux ont été consacrés à des types d’institutions documentaires, le plus récent présentant les bibliothèques numériques à partir de plusieurs perspectives. Un seul numéro thématique a été dédié à une institution particulière, soit Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Tableau 11

Numéros thématiques

Numéros thématiques

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Le tableau 12 montre le nombre de numéros thématiques et le nombre d’articles publiés dans des numéros thématiques pour chacune des périodes. En moyenne, le nombre d’articles constituant un numéro thématique est plus élevé que celui qui constitue un numéro ordinaire de la revue (8 articles et 4 articles respectivement).

Tableau 12

Nombre d’articles dans les numéros thématiques

Nombre d’articles dans les numéros thématiques

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Deux cent six auteurs distincts ont contribué à au moins un numéro thématique de DB; 30 d’entre eux l’ont fait à quelques reprises (tableau 13). Cent soixante et onze auteurs étaient en poste au Québec au moment de la publication de leur texte, le second contingent en importance étant celui de la France, avec 19 contributions, des enseignants-chercheurs pour la plupart. La donnée la plus intéressante est sans doute celle-ci : 148 des 206 auteurs ayant contribué au contenu d’un numéro thématique n’ont pas publié autre chose dans DB, ce qui témoigne de l’intérêt de produire des numéros thématiques pour élargir le bassin d’auteurs potentiels et la diffusion de la revue.

Tableau 13

Nombre d’auteurs distincts et nombre de collaborations dans les numéros thématiques

Nombre d’auteurs distincts et nombre de collaborations dans les numéros thématiques

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8. L’avenir et ses défis

Les résultats de l’analyse sommaire que nous avons présentés laissent entrevoir une revue spécialisée en assez bonne santé, au contenu diversifié, mais dont le rayonnement et l’impact, au sein de nos professions, dans l’évolution des sciences de l’information plus généralement et même dans le monde francophone de la documentation restent limités.

DB a toujours nourri des ambitions scientifiques; les comités de rédaction successifs ont d’ailleurs instauré au fil des années un processus d’évaluation des manuscrits de plus en plus rigoureux pour assurer la qualité et la légitimité des contenus. Mais, également, elle a voulu conserver aussi son statut de revue professionnelle orientée vers des problèmes pratiques, avec des fonctions d’information et d’instrument de formation permanente. Cette double identité pourrait lui avoir nui. L’analyse du dépouillement du contenu de DB entre 1973 et 1982 révélait déjà que les signalements étaient irréguliers dans les grands index (Marcouillier 1984), et il est fort probable que ce soit toujours le cas aujourd’hui, malgré la présence du résumé informatif en anglais qui accompagne chaque article; en témoigne notamment le peu de références à des articles pertinents publiés dans DB dans les travaux de nos étudiants. Nous avons été confrontés récemment, dans la recherche d’un diffuseur de la revue sous forme numérique, au problème posé par cette position mitoyenne entre publication savante et publication professionnelle : la revue est difficile à « classer » et l’auditoire potentiel mal circonscrit.

Toutefois, l’étroitesse du territoire québécois, en ce qui a trait au nombre d’auteurs et de lecteurs potentiels, ne permet pas de choisir un statut une fois pour toutes; DB ne peut survivre sans les contributions des rares praticiens qui tentent l’aventure de la rédaction et de la publication, et celles des chercheurs dans les disciplines qui l’intéressent, qui restent peu nombreux au Québec.

Le nombre de revues en sciences de l’information ne cesse de croître, notamment avec l’arrivée de plusieurs titres diffusés en version numérique sur le Web; la concurrence pour attirer les collaborateurs, praticiens comme chercheurs, est de plus en plus féroce. C’est dans un tel environnement que DB doit se positionner. Contrairement à de nombreuses revues de langue anglaise, DB jouit d’un statut privilégié, occupant presque toute la place disponible sur le terrain de la bibliothéconomie au Québec. Mais pour survivre, la revue doit tout de même s’attacher un lectorat très fidèle qui lui assurera au moins le soutien financier essentiel à sa publication. DB pourrait également élargir davantage sa couverture thématique, pour se rapprocher des revues couvrant l’ensemble des sciences de l’information, encore peu nombreuses dans la Francophonie. Qu’on choisisse l’une ou l’autre option, un effort conscient doit être fait pour accroître sa visibilité hors des frontières québécoises et le nombre de collaborateurs canadiens, français et étrangers. De plus, l’apport d’articles de recherche ou traitant de sujets professionnels, mais non locaux, semble essentiel à la diffusion d’idées originales et innovatrices qui pourraient être mises en application au Québec. Une fois la revue davantage connue à l’étranger, les réalisations québécoises bénéficieront également d’une vitrine internationale et DB servira de point de contact entre différentes cultures professionnelles et de recherche dans la Francophonie.