Résumés
Résumé
Avec les pressions socio-politico-institutionnelles en lien avec la transparence et la reddition des comptes, les organisations gouvernementales tendent à conduire des projets de libération des données ouvertes. Ces dernières sont des traces documentaires reflétant en partie les activités gouvernementales et dont l’accessibilité favorise une meilleure transparence administrative et une participation citoyenne plus active à la vie publique. Cependant, la réussite de ces projets commande non seulement l’exercice d’un leadership de la part des archivistes, de concert avec d’autres spécialistes, mais aussi des choix réfléchis quant aux investissements dans les ressources à déployer pour la bonne conduite des activités planifiées. Cet article se propose d’aborder l’optimisation des ressources dans le cadre de tels projets, tout en mettant de l’avant les indicateurs de performance à mettre à profit pour une planification, une exécution et un contrôle efficaces des activités misant sur la mise sur pied d’un portail de données gouvernementales ouvertes.
Abstract
With the socio-politico-institutional pressures associated with transparency and accountability, government organizations tend to conduct projects aiming to disclose data that reflect their activities in an open and reusable form. These data are used to promote a better transparency and stimulate citizen participation in government decisions. However, if these projects are to succeed, archivists’ leadership is needed in collaboration with other experts. Moreover, careful choices should be made regarding resources to be deployed to this end. In this article, we explore resources’ optimization while conducting open government data release projects. We also suggest a set of key performance indicators that are to be used for effective planning, execution, and control of activities aiming to implement an open government data portal.
Corps de l’article
Introduction
Avec les développements spectaculaires engendrés par le numérique, plusieurs gouvernements tendent à tirer parti des technologies de l’information (TI) à des fins de modernisation des appareils administratifs publics. Qu’il s’agisse de l’amélioration de l’efficacité et de l’efficience administratives pour une meilleure offre de services publics, ou encore de la promotion d’une culture de transparence encourageant une implication plus active du citoyen dans la prise de décision publique, les TI jouent un rôle clé dans la réinvention de la relation citoyenne à l’État (Matheus et Janssen, 2019 ; Wirtz, Becker et Weyeyer, 2023). Considérant le potentiel renfermé par les dispositifs technologiques, les institutions gouvernementales tendent aussi à libérer une partie de leur information documentaire sous forme de données ouvertes (Adi et Rochim, 2023 ; Shepherd et al., 2019 ; Vetrò et al., 2016). La mise en ligne des données gouvernementales ouvertes constitue une preuve de légitimité aux principes du gouvernement ouvert, soit la transparence administrative, la participation et la collaboration citoyennes (Wirtz, Becker et Weyeyer, 2023). Tels principes ont gagné une popularité considérable au courant des dix dernières années, grâce au développement du Partenariat pour un gouvernement ouvert (Open Government Partnership). Étant une organisation internationale à vocation non lucrative, ce Partenariat réunit un ensemble de gouvernements, pour s’engager dans la promotion et l’encouragement d’une culture axée sur les principes du gouvernement ouvert (Partenariat pour un gouvernement ouvert, s.d.).
Conscient de l’importance d’adhérer aux valeurs du gouvernement ouvert, le Canada a rejoint le Partenariat pour un gouvernement ouvert en 2012 (Gouvernement du Canada, s.d.), tandis que le Québec a mis du temps pour en devenir un état membre en octobre 2020 (Gouvernement du Québec, s.d.). Chaque gouvernement procède à la mise en ligne des données ouvertes portant sur les différentes activités gouvernementales (ex. éducation, culture, agriculture, économie, finances, politiques publiques, etc.). Cependant, la mise en oeuvre des stratégies définies pour respecter ces engagements en conduisant des projets de libération des données gouvernementales ouvertes n’est pas exempte de risques. Tels projets, intégrant une variété d’interventions sur l’information documentaire, dont sa structuration, la curation des données et la gestion de leur cycle de vie (Desrochers, 2022), nécessitent des investissements importants en ressources informationnelles, humaines, matérielles et financières (Boudreau et Caron, 2016 ; Purwanto, Zuiderwijk et Janssen, 2020). Or, considérant le fait que les organisations publiques disposent des budgets qui ne sont pas toujours répartis équitablement en fonction des secteurs d’activité (Cliche, 2020), force est d’admettre que l’optimisation des ressources s’impose afin d’établir un équilibre entre les objectifs des projets de libération des données ouvertes et les moyens disponibles pour les atteindre.
Au Québec, la question de l’optimisation des ressources a d’ores et déjà été évoquée par certains chercheurs comme enjeu de la libération des données gouvernementales ouvertes. Boudreau et Caron (2016) soulignent que le manque des ressources constitue un frein qui justifie la réticence des ministères et des organismes publics quant à la diffusion de ces traces. Or, les solutions pour pallier un tel enjeu demeurent peu explorées. D’un point de vue managérial, l’introduction de la mesure de la performance des activités des projets favorise une évaluation continue de la qualité des biens livrables. Elle aide à mieux contrôler les activités et les extrants générés dans le cadre des projets, pour une adéquation entre les ressources disponibles et les objectifs initialement fixés (Mio, Constantini et Panfilo, 2022). Cependant, cet aspect de quantification n’est pas suffisamment mis de l’avant dans les retours d’expérience recensés dans le contexte gouvernemental québécois. Ces derniers n’illustrent pas la manière dont l’approche agile, intégrant cette notion de mesure, peut soutenir la réalisation des projets de libération des données gouvernementales ouvertes.
Par ailleurs, la réalisation de ces projets implique une collaboration entre les acteurs organisationnels et une fédération de l’expertise en informatique et en science des données, en gestion documentaire et en droit (Da Sylva, 2017 ; Shepherd et al., 2019). Alors que la première est nécessaire à la curation des données, leur structuration et le choix des formats technologiques de leur diffusion, la seconde est essentielle pour mettre à profit les principes de la provenance et de la gestion du cycle de vie à des fins d’une meilleure description des activités génératrices des données et établir les durées de la préservation et la fréquence de mise à jour de celles-ci (Da Sylva, 2017 ; Shepherd et al., 2019). Quant à l’expertise en lien avec le droit, elle est utile à l’identification des risques éthiques en regard de la protection de la vie privée et de l’accès à l’information (Boudreau et Caron, 2016 ; Shepherd et al., 2019). Néanmoins, dans le contexte québécois, ces projets interpellent les experts en TI comme intervenants centraux qui procèdent au traitement et à la diffusion de ces traces. Bien qu’on assiste, au cours des dernières années, au développement d’un discours reflétant une conscience quant à la valeur ajoutée de l’archiviste dans tels projets (Côté et Leclerc, 2022 ; Da Sylva, 2017), ses interventions concrètes dans l’optimisation des ressources sont peu manifestes. Aussi, le rôle de ce spécialiste dans le développement des liens de collaboration avec d’autres experts à des fins d’évaluation collaborative de la qualité des biens livrables n’est pas suffisamment explicitée.
Dans la littérature scientifique en sciences administratives et en sciences de la gestion, les chercheurs s’intéressant à l’étude des modalités de conduite des projets de libération des données gouvernementales ouvertes ont étudié les facteurs de succès et d’échec de tels projets (McBride et al., 2018 ; Toots et al., 2017). Ils mettent l’emphase sur l’importance d’adopter des approches de gestion de type agile pour une meilleure réussite de ces projets (McBride et al., 2018). Ils soulignent en outre la nécessaire optimisation des ressources pour pallier les enjeux liés aux coûts (McBride et al., 2019a, 2019b). Si Charalabidis et ses collaborateurs (2018) mettent de l’avant l’importance de l’usage des indicateurs de mesure de la performance pour assurer la qualité des données gouvernementales ouvertes (Charalabidis et al., 2018), cette notion de mesure manque d’opérationnalisation. Aussi, dans la littérature spécialisée en archivistique, les chercheurs n’abordent pas le rôle de l’archiviste en tant qu’expert qui collabore avec d’autres spécialistes pour élaborer des indicateurs de performance intégrant l’aspect archivistique, légal, managérial, technique et communicationnel. Ainsi, le rôle des archivistes dans l’optimisation des ressources dans tels projets semble descriptif et plutôt étudié dans une perspective générique, sous l’angle de la gouvernance de l’information (Maurel et Zwarich, 2021 ; Zwarich et al., 2017).
Cette contribution se propose donc de combler en partie cette lacune théorique en abordant l’optimisation des ressources dans le cadre de ces projets, et ce, tout en positionnant le rôle des archivistes dans cette démarche managériale. L’article est structuré autour de plusieurs points. De prime abord, le concept des données gouvernementales ouvertes est rappelé et les caractéristiques de ces dernières sont mises exposées selon les principes de la Charte internationale sur les données ouvertes. Ensuite, les phases d’un projet de libération des données ouvertes sont présentées et les rôles respectifs des parties prenantes en question sont décrits. Enfin, les stratégies d’optimisation des ressources sont identifiées et décrites, notamment en y identifiant les indicateurs de performance à utiliser pour mesurer les extrants générés à l’issue de chaque phase du projet.
Les propriétés des données gouvernementales ouvertes
Dans la littérature scientifique, les données gouvernementales ouvertes sont définies comme étant des données structurées, dénonymisées, lisibles par machine et réutilisables par une tierce personne selon une licence d’utilisation, dont celle du type Creative Commons qui se veut la plus populaire (Boudreau et Caron, 2016 ; Ubaldi, 2013). Ces données rendent compte d’une partie de l’activité gouvernementale, notamment en prouvant au public la manière dont les ressources publiques sont exploitées, par quelle instance et dans le cadre de quelle activité (Purwanto, Zuiderwijk et Janssen, 2020). Leur libération vise ainsi à instaurer une culture de transparence administrative (Adi et Rochim, 2023 ; Shepherd et al., 2019), favorisant le développement d’une relation de confiance entre les administrateurs et les administrés. En vue d’être exploitables, les données gouvernementales ouvertes doivent répondre à des impératifs de qualité sur le plan archivistique, communicationnel, éthique et technologique. À ce sujet, la Charte internationale sur les données ouvertes a été élaborée en vue de soutenir la libération des données de qualité, soutenant la transparence administrative et permettant aux citoyens de se tenir informés sur les différentes activités de leurs gouvernements. Plus précisément, une série de principes a été établie à cet effet, en soulignant plus précisément que les données doivent être (1) ouvertes par défaut, (2) rapides et complètes, (3) accessibles et réutilisables, (4) comparables et interopérables, (5) stimulant la gouvernance publique et l’engagement citoyen et (6) favorisant le développement et l’innovation (Charte internationale sur les données ouvertes, s.d.) (voir figure 1).
Figure 1
Principes de la charte internationale sur les données ouvertes
Les données sont ouvertes par défaut, autrement dit, elles sont libérées dans le souci de promouvoir une meilleure transparence des activités gouvernementales en favorisant l’accès équitable à l’information. Aussi, ces données existent dans des formats technologiques ouverts favorisant l’interopérabilité, tel que le Comma Separated Values (.csv) au lieu du PDF (Portable Document Format), lequel n’offre pas de flexibilité dans la réutilisation des données. L’interopérabilité favorise l’accessibilité technique de ces traces documentaires et leur réutilisation par une pluralité d’usagers, comme les citoyens, les journalistes, les entreprises, les membres de la société civile, les développeurs des applications mobiles, les chercheurs universitaires et les étudiants. Dans un objectif de permettre à ces usagers de prendre connaissance de l’activité de leur gouvernement, ces données doivent aussi répondre à des impératifs de rapidité et de complétude. Plus spécifiquement, elles doivent être mises à jour sur une base régulière, puisque l’actualisation de ces traces favorise la constitution d’un lien de confiance entre les usagers et leur gouvernement, ainsi que la minimisation des risques liés à la désinformation et la propagation des fausses nouvelles (fake news) (Caron, 2021).
Ces données doivent aussi répondre à des exigences d’interopérabilité et de réutilisabilité, autrement dit, elles doivent être diffusées dans des formats technologiques ouverts, compatibles avec la plupart des environnements technologiques (ex. systèmes d’exploitation, applications mobiles, etc.). Elles sont réutilisables selon une licence d’utilisation flexible, spécifiant les conditions entourant la réexploitation, le remixage, l’adaptation et la commercialisation de ces traces documentaires.
Par ailleurs, ces données doivent être comparables et interopérables, c’est-à-dire qu’une fiche descriptive renseignant un ensemble de métadonnées doit accompagner ces données. Il peut s’agir de l’identification de l’organisme responsable de la gestion et la libération de ces traces, l’indication de la date de la mise en ligne initiale et de la fréquence de la mise à jour, ainsi que l’activité traitée. À cela s’ajoutent des métadonnées descriptives concernant les coordonnées de la personne responsable du dialogue entre l’organisme gouvernemental et les usagers (ex. rétroaction, corrections, etc.). Telle description fait en sorte que ces données soient comparables, c’est-à-dire que les données libérées par plusieurs ministères et organismes publics peuvent être comparables en termes de qualité. Cette dernière peut s’exprimer en termes d’authenticité, de fiabilité, d’intégrité, d’actualité, de pertinence et d’interopérabilité (Boudreau, 2020 ; Oliver et al., 2023).
Enfin, la libération de ces données ouvertes s’inscrit non seulement dans une optique de transparence et de reddition des comptes, mais aussi de contribution à l’innovation et à la recherche scientifique. C’est ce qui justifie le fait que les données ouvertes libérées doivent être suffisamment pertinentes pour que leur appropriation par les usagers puisse stimuler la gouvernance publique et la participation citoyenne aux différentes décisions prises par le gouvernement et qui touchent l’intérêt général. Qui plus est, l’importance de la pertinence de ces données se manifeste dans leur mise à profit à des fins de recherche scientifique, notamment pour appuyer des faits par des données probantes, ou encore pour illustrer les conclusions d’une étude par des chiffres actualisés. Sur le plan économique, ces traces documentaires renferment un potentiel d’exploitation à des fins de développement de nouveaux produits et services, adaptés aux besoins des citoyens. Par exemple, la libération des données ouvertes à vocation éducative permet d’adapter les services de tutorat offerts par les entreprises privées et les particuliers pour les apprenants, compte tenu des résultats de leur persévérance académique. Similairement, il est question de développer de nouvelles applications mobiles pour faciliter, par exemple, le repérage des ressources éducatives numériques, favorisant ainsi un accès plus équitable à l’éducation et à l’enseignement supérieur.
Cependant, malgré l’existence d’une conscience collective du potentiel renfermé par la libération de ces traces documentaires, les organisations publiques peinent à diffuser ces données (Huang, Lai et Zhou, 2017 ; Wirtz, Becker et Weyeyer, 2023 ; Zuiderwijk, Shinde et Janssen, 2019), et ce, en raison du caractère complexe des processus de leur identification, leur curation et leur diffusion. Autrement dit, un projet de libération des données gouvernementales ouvertes, comprenant l’ensemble de ces processus, possède un certain nombre de caractéristiques qui doivent être alignées avec les paramètres organisationnels (ex. culture, structure, logique de répartition des ressources, alignement stratégique, etc.) pour être réussi.
Les caractéristiques des projets de libération des données gouvernementales ouvertes
Un projet de libération des données ouvertes implique une pluralité d’acteurs, dont la haute direction de l’organisation, les usagers et les experts en gestion des données (Janssen, Charalabidis et Zuiderwijk, 2012). La haute direction se soucie de la définition des mécanismes du contrôle des données à diffuser, en établit les modalités d’usage et approuve les politiques, les règlements et les lignes directrices élaborés à cet effet. Par son rôle clé dans la gouvernance des données, elle identifie les données à libérer et se prononce sur les modalités de leur réutilisation. Ces données sont consommées par des usagers qui se répartissent en deux catégories. La première représente les usagers internes à l’organisation, soit les agents administratifs et les différents employés qui font usage de l’information administrative dans le cadre des processus d’affaires quotidiens (Desrochers, 2022). La seconde compte ceux qui sont externes à l’organisation, dont les journalistes, les entreprises, les citoyens, les organisations à but non lucratif, les chercheurs universitaires et les développeurs des applications mobiles (Boudreau, 2020 ; Janssen, Charalabidis et Zuiderwijk, 2012). Qu’ils se retrouvent dans la première ou dans la seconde catégorie, ces usagers exploitent ces données gouvernementales ouvertes suivant leurs propres préoccupations (ex. information générale, participation à la vie publique, recherche universitaire, développement des applications mobiles, génération de la valeur économique, etc.). Leur implication se veut essentielle dans un projet de libération des données gouvernementales ouvertes, puisqu’ils partagent leurs attentes à l’égard de l’accès équitable à l’information documentaire publique. Aussi, leur rétroaction face à la qualité des jeux de données diffusées en ligne fera en sorte que la qualité de celles-ci soit améliorée pour qu’elles correspondent à leurs préoccupations.
La sélection des jeux de données à libérer, leur diffusion en ligne et l’amélioration continue de leur qualité requièrent une fédération de l’expertise des archivistes, des scientifiques des données, des experts en TI et des spécialistes de la conformité (Da Sylva, 2017 ; Shepherd et al., 2019). Chacun est impliqué dans la réalisation des différentes étapes de la gestion du projet, car la valeur ajoutée de chaque partie est indéniable et différente en fonction de sa formation acquise et de ses habitudes du travail. Alors que les archivistes se soucient de la description des activités génératrices des données, de la gestion du cycle de vie de ces traces et de leur préservation à long terme, les scientifiques des données s’impliquent dans le processus d’extraction de celle-ci et de leur priorisation en fonction des critères de granularité, de pertinence, d’actualité et d’ouverture des formats technologiques (Da Sylva, 2017 ; Shepherd et al., 2019). Ils sollicitent, dans cette optique, les experts en TI qui apportent leur expertise dans l’extraction des données par des logiciels performants et le choix des formats technologiques appropriés pour la diffusion (Da Sylva, 2017). Il est aussi question de la conception des portails intégrant des propriétés ergonomiques et communicationnelles soutenant la recherche des jeux de données, l’exploration de leurs propriétés, leur visualisation, leur téléchargement et l’évaluation de leur qualité. Enfin, les experts de la conformité, dont les juristes et les avocats, s’assurent que la diffusion des données gouvernementales ouvertes respecte les principes de l’éthique et la protection de la vie privée (Shepherd et al., 2019). Ils sont aussi sollicités à des fins de définition des modalités d’usage de ces données, notamment en vue de choisir une licence d’utilisation qui correspond aux attentes des dirigeants et des usagers en regard de l’exploitation de ces traces. Grosso modo, ces parties prenantes possèdent des profils différents et des rôles variés dans les projets de libération des données ouvertes, ce qui laisse entendre que ces derniers commandent une coordination permettant à chaque acteur de jouir d’une certaine visibilité et d’être reconnu par les autres parties.
Un projet de libération des données ouvertes présuppose l’existence d’une culture de la donnée, enracinée dans les pratiques de gestion courantes d’une organisation (Boudreau et Caron, 2016 ; Oliver et al., 2023). Cette culture traduit l’ensemble des pratiques, des idéologies, des valeurs et des compétences en lien avec la création, la gestion, la curation, le traitement, la diffusion et la gestion du cycle de vie des données (Oliver et al., 2023). Elle reflète également la perception individuelle et collective en lien avec la valorisation de la donnée comme actif stratégique (Oliver et al., 2023) à être approprié par l’organisation à des fins de prise de décision, d’amélioration de la performance et de légitimité institutionnelle. La maitrise des données en tant qu’objets informationnels commande le développement des habiletés archivistiques, techniques et managériales qui sont mobilisées dans le processus de sélection des données en fonction de leur qualité, ainsi que leur bonne appropriation pour en tirer de la valeur. Ces aptitudes sont toutefois acquises d’une manière inégale chez les acteurs organisationnels, ce qui peut donner naissance à des rapports variés avec les données (Boudreau et Caron, 2016 ; Zuiderwijk, Shinde et Janssen, 2019). À cela s’ajoute la disparité pouvant être constatée au niveau de leurs formes d’exploitation par ces mêmes acteurs (Gao, Janssen et Zhang, 2023 ; Janssen, Charalabidis et Zuiderwijk, 2012). Ainsi, les aspects culturels sont à prendre en considération dans un projet de libération des données gouvernementales ouvertes, notamment en vérifiant le degré de compatibilité de la culture individuelle et collective avec les requis d’un tel projet.
Par ailleurs, les organisations publiques, fondées sur une structure bureaucratique, se dotent d’une culture administrative tournée vers la minimisation des risques et qui ne favorise pas toujours la collaboration et la communication horizontale (Boudreau et Caron, 2016 ; Jacob, Defacsqz et Agossou, 2020 ; Ruijer et al., 2020). Cela laisse entendre que la libération des données ouvertes fait naitre une série d’enjeux culturels pour ces organisations, puisque la détention de l’information, incluant les données, est synonyme de l’exercice du pouvoir. Qui plus est, la libération de ces données commande la mise en commun de l’information documentaire en provenance de plusieurs services administratifs, chose qui s’avère relativement difficile dans le cas où la circulation de l’information obéit à des logiques bureaucratiques entravant son échange fluide entre les différents niveaux hiérarchiques. Ces considérations d’ordre managérial peuvent influencer le degré de priorité d’un projet de diffusion des données gouvernementales ouvertes pour une organisation. Tout dépendamment des pratiques dont elle se dote, de ses convictions individuelles et collectives à l’égard de la gestion des données, une organisation exprime sa volonté d’entamer un projet de diffusion des données ouvertes et déploie les stratégies nécessaires pour y arriver (ex. appui de la haute direction, cadre de gouvernance, etc.).
Un autre aspect qui caractérise la libération des données gouvernementales ouvertes est celui des ressources informationnelles à déployer pour la réalisation de ce type de projets (Caron, 2021 ; Ruijer et al., 2020). Il est plus précisément question des dispositifs technologiques soutenant l’analyse des contenus, la fouille de textes, l’extraction des données et leur catégorisation en fonction de leur pertinence. L’acquisition des solutions logicielles soutenant la diffusion des données ouvertes nécessite des ressources financières importantes, ce qui contraint les organisations publiques à prioriser certains projets par rapport aux autres, et ce, suivant la répartition du budget en fonction des secteurs d’activité. Par surcroît, les processus techniques d’extraction, de curation, de diffusion et de mise à jour de ces données commandent une expertise humaine qualifiée (Boudreau et Caron, 2016) dans le domaine des sciences de la donnée, en archivistique, en technologies de l’information et en conformité. L’embauche de ces ressources humaines exige aussi un budget et une évaluation, voire une actualisation des compétences requises dans une logique axée sur la multidisciplinarité.
Toutes ces considérations font naitre des questionnements sur la manière dont les ressources informationnelles, financières et humaines peuvent être gérées d’une manière optimale pour favoriser un meilleur contrôle des activités sous-tendant les projets de libération des données gouvernementales ouvertes. Comment donc miser sur l’optimisation de la gestion des ressources, tout en assurant une collaboration et une communication continues entre les parties prenantes ? Comment instaurer une culture favorisant une synergie du travail et augmenter les chances du succès d’un projet de libération des données ouvertes ? Comment convaincre les acteurs en position de pouvoir afin d’investir dans un projet de diffusion des données ouvertes ? Comment revoir les processus du travail et la répartition des ressources en vue de favoriser le succès de ces projets ? Les réponses à l’ensemble de ces questions convergent vers un point commun, soit celui du déploiement d’une stratégie d’optimisation des ressources exploitées dans les projets de libération des données gouvernementales ouvertes. Plus précisément, telle stratégie doit être pensée et déployée tout au long du projet, soit depuis son amorce jusqu’à sa clôture. Ainsi, il semble légitime d’exposer les étapes clés d’un projet de diffusion des données gouvernementales ouvertes, tout en y identifiant les stratégies managériales à déployer pour assurer une exploitation rationnelle des ressources, favorisant ainsi le succès de tels projets.
Les projets de libération des données gouvernementales ouvertes : les étapes
Les particularités des projets de libération des données gouvernementales ouvertes commandent la conduite de ces derniers en suivant une approche de gestion en mode agile (Ansari, Barati et Martin, 2022). En sciences de la gestion, l’agilité désigne le caractère des activités et des processus qui sont déployés dans une logique de souplesse, favorisant l’intégration des changements imprévus, émanant de l’environnement externe dans lequel l’organisation évolue, de même que de la complexité pouvant caractériser certains processus d’affaires (Koch et Schermuly, 2020 ; Marnada et al., 2022 ; Sales, 2023). Autrement dit, il est question d’une approche de gestion caractérisant une organisation qui se veut à la fois réactive aux changements, et proactive, anticipant ainsi les complexités et les imprévus pouvant subvenir suite à l’introduction de nouveaux dispositifs, processus ou modes de travail dans les habitudes quotidiennes des acteurs organisationnels.
Calquée sur la gestion de projets, l’approche agile vise à conduire des projets de nature complexe selon une logique intégrant des changements continus aux différentes étapes de celui-ci (Marnada et al., 2022). Cela favorise une meilleure itération des activités ainsi que l’adaptation des biens livrables en fonction des besoins des acteurs organisationnels, des exigences en matière de conformité, ainsi que des ressources matérielles, humaines, financières et informationnelles disponibles. C’est l’approche de gestion la plus propice à la conduite des projets de libération des données gouvernementales ouvertes, puisqu’ils se caractérisent par une complexité qui commande des choix réfléchis des paramètres organisationnels. Ainsi, les étapes de planification, de l’exécution, du contrôle et de la clôture du projet, lesquelles constituent celles d’une démarche de gestion de projet (Kerzner, 2022), sont réalisées selon une logique itérative, favorisant une communication continue entre les parties prenantes, une meilleure souplesse et une plus grande adaptabilité aux changements (voir figure 2).
Figure 2
Étapes d’un projet de libération des données gouvernementales ouvertes
Concrètement, un projet de libération des données ouvertes est réalisé selon ces étapes. À l’intérieur de chaque étape, des sous-étapes sont planifiées, exécutées et contrôlées. Une consultation des parties prenantes, une évaluation de la conformité des biens livrables en regard de la portée des outils d’encadrement en vigueur (ex. politiques, règlements, procédures, lois, etc.) et des bonnes pratiques établies en matière de qualité des données ouvertes et une évaluation de l’utilisation rationnelle des ressources sont nécessaires pour veiller à la réussite du projet et minimiser les risques encourus. Les étapes de la planification, de l’exécution, du contrôle et de la clôture du projet comportent certaines particularités qui peuvent exiger des itérations et des adaptations régulières pour en assurer la qualité. Il appert ainsi légitime de poser que la stratégie de l’optimisation de la gestion des ressources doit être déployée parallèlement avec l’approche de gestion agile, pour exercer un meilleur contrôle des activités et favoriser la réussite du projet.
La planification du projet
C’est la phase durant laquelle on identifie les besoins des parties prenantes en regard de la libération des données gouvernementales ouvertes. Pour ce faire, l’équipe du projet, de nature multidisciplinaire (c-à-d. formée des archivistes, des experts en TI, des scientifiques des données et des spécialistes de la conformité) doit procéder à une analyse des obligations légales en vigueur et des pressions socio-politico-institutionnelles entourant l’accès à l’information et la reddition des comptes dans une optique de transparence. Il est aussi question de l’analyse des demandes d’accès reçues afin d’identifier la portée de l’information la plus sollicitée, et d’une manière générale, la nature des besoins exprimés par les ayants droit en regard de l’accès à l’information documentaire administrative. À partir de cette analyse, les objectifs du projet sont définis, nommément en identifiant les données à diffuser sous une forme ouverte et celles à extraire à partir des documents structurés et non structurés. Il est également question de spécifier les exigences à satisfaire pour assurer la qualité de ces données en regard de leur authenticité, intégrité, fiabilité, exploitabilité, pertinence, actualité, ainsi que leur accessibilité technique et linguistique.
Les objectifs du projet étant fixés, il importe d’élaborer le cahier de charges du projet, spécifiant les ressources matérielles, humaines, financières et informationnelles nécessaires et la manière dont elles seront exploitées pour atteindre les objectifs du projet. Une attention plus particulière doit être accordée à ce dernier aspect, car il importe de s’assurer que les ressources exigées seront utilisées rationnellement pour assurer la bonne conduite du projet. Pour ce faire, une charte du projet doit être élaborée. Il s’agit d’un document normatif servant d’instrument de pilotage des activités à réaliser, ainsi que de responsabilisation des parties prenantes impliquées dans la réalisation du projet. Cette charte doit également contenir la liste des biens livrables à produire à des fins de gouvernance de la gestion des données, autrement dit, leur création, traitement, diffusion et préservation à long terme. Parmi ces biens livrables, notons le schéma de métadonnées institutionnel, la convention de nommage des jeux de données, le thésaurus, le plan de gestion du cycle de vie des données, ainsi que le guide de sélection de ces dernières en fonction de leur qualité, leur pertinence et leur potentiel à être diffusées sous une forme ouverte. Tels instruments renferment une portée à la fois archivistique, communicationnelle, technologique et juridique, puisque la libération des données ouvertes questionne des aspects relevant des quatre aspects à la fois.
Sur le plan archivistique, le schéma de métadonnées institutionnel favorise une description des données en tant que produits de l’activité, en renseignant les contextes de création de ces données, y compris le producteur et la date de création initiale et de la mise à jour. Qui plus est, cet outil favorise une description plus exhaustive en vue d’améliorer l’intelligibilité de ces données et par conséquent, leur exploitabilité par les usagers, tout en se conformant aux principes de la Charte internationale sur les données ouvertes. Dans ce même esprit d’intelligibilité, l’élaboration d’une convention de nommage se veut essentielle pour favoriser le repérage et l’identification uniforme et harmonisée des jeux de données à diffuser en ligne. Sur le plan sémantique, le thésaurus permet le repérage des jeux de données, grâce à l’usage harmonisé des descripteurs reflétant l’activité gouvernementale, ce qui en accroit l’accessibilité pour les usagers. Pour sa part, leplan de gestion du cycle de vie des données se veut pertinent dans le sens où il précise les délais de conservation de ces traces structures ainsi que la fréquence de leur mise à jour, et ce, dans la limite des ressources des organismes qui en sont responsables d’une part, et compte tenu des besoins des usagers de ces données, d’autre part. Enfin, un guide de sélection des jeux de données à diffuser en ligne s’avère nécessaire, car tel outil guide le processus de la libération de ces traces et définit les critères archivistiques, communicationnels, technologiques et juridiques. Il peut s’agir des critères de pertinence, d’actualité, d’interopérabilité, d’intelligibilité, d’authenticité, de fiabilité, ou encore d’intégrité. Les données qui représentent une qualité acceptable sont celles qui ont le mérite d’être priorisées dans le processus de la diffusion.
L’ensemble des actions à faire sur les données gouvernementales ouvertes doit faire l’objet d’un encadrement institutionnel dans un objectif d’instaurer un cadre de gouvernance des données. Dès lors, il convient d’élaborer une politique de libération des données ouvertes, cet outil de régulation qui spécifie les rôles et les responsabilités des parties prenantes dans la création, la gestion, la diffusion, l’exploitation et la préservation à long terme des données gouvernementales ouvertes. Elle doit également spécifier les modalités de l’usage de ces traces documentaires, conformément à la variante choisie de la licence d’utilisation (ex. Creative Commons avec ou sans utilisation commerciale des données). Cette politique est perçue comme le fruit d’une médiation entre les différents membres de l’équipe multidisciplinaire du projet, et ce, de concert avec la haute direction et les usagers des données ouvertes. Elle constitue une expression d’accord entre ces parties, puisqu’elle met en lumière les actions à entreprendre par chacun en vue de tirer parti du potentiel de ces données.
Toutes ces spécifications doivent être consignées pour former une documentation pertinente accompagnant le projet. Alors que la charte du projet constitue un document générique et officiel représentant les grandes lignes du processus de la libération des données gouvernementales ouvertes, certains documents accompagnant le projet portent sur l’administration des volets spécifiques de celui-ci. Il s’agit de (1) la gestion des considérations temporelles par un échéancier approprié, détaillant le calendrier des réunions des acteurs de la gestion du projet, la date de la remise des livrables périodiques et des rapports d’avancement, (2) l’administration des ressources matérielles, humaines, financières et informationnelles par un cahier de charges rendant compte de la manière dont ces moyens sont exploités et dans le cadre de quelles activités, ainsi que (3) la coordination de la communication entre les acteurs en jeu par le biais d’un registre des parties prenantes, identifiant les rôles et les responsabilités de chaque partie dans le projet. La communication doit aussi être coordonnée par un plan précisant les moyens de dialogue et d’échange mis à profit pour faciliter la conduite des réunions et le partage des documents relatifs au projet.
Par ailleurs, il convient de considérer l’élaboration d’un plan de gestion des risques dans un projet d’une telle envergure. Certes, la libération des données ouvertes comporte son propre lot de risques, notamment sur le plan technologique, informationnel, légal et politique. En termes technologiques, la diffusion des données requiert des investissements importants dans les ressources informationnelles, puisque les processus d’extraction des données, d’identification de celles qui sont prioritaires, ainsi que leur curation, sont relativement complexes et requièrent du temps et des moyens appropriés. Sur le plan informationnel, la question de la qualité disparate des données, dont la diffusion commande une priorisation et une projection d’une réflexion anticipée de l’usage qui en sera fait, de telle sorte que celui-ci ne soit pas à l’encontre de l’effet recherché chez les usagers (ex. désinformation). Sur le plan légal, la diffusion des données ouvertes renferme le risque de la réidentification des individus sur lesquels portent les données administratives, notamment pour ce qui est la population desservie par un ministère ou un organisme public. Cela entraine des enjeux d’atteinte à la vie privée, notamment dans un contexte légal où les organisations actuelles tendent de déployer les mesures nécessaires pour se conformer aux dispositions législatives en lien avec la Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels (R.L.R.Q., 25). Enfin, les enjeux politiques se manifestent dans la détention asymétrique de l’information documentaire en faisant de celle-ci une source de pouvoir. Il est dès lors nécessaire de disposer d’un scénario de contingence et de gestion des risques, planifiant les mesures à suivre dans le cas de la fuite de l’information, ou encore de dépassement des délais de production des biens livrables périodiques et finaux.
En sus de la planification de ces éléments, force est d’admettre que la complexité des projets de libération des données gouvernementales ouvertes exige que les experts de l’équipe agissent dès la planification du projet en vue d’anticiper les dysfonctionnements potentiels. Un moyen pour y parvenir est de définir des indicateurs de performance tout au long du projet. Ces derniers, communément connus en sciences de la gestion sous le nom des Key Performance Indicators (KPI), aident à obtenir des résultats spécifiques suite à l’évaluation du rendement d’une activité donnée (Parmenter, 2015 ; Voyer, 2011). Cela favorise le développement d’une culture d’amélioration continue, permettant aux experts de l’équipe du projet d’avoir un meilleur contrôle sur les activités, de miser davantage sur l’optimisation des ressources et minimiser les redondances et les gaspillages de celles-ci. Ainsi, en nous appuyant sur la cartographie des indicateurs de performance suggérés par Kerzner (2022) pour une démarche globale de la gestion des projets, nous en avons transposé une partie pour en démontrer l’utilité dans le cadre des projets de libération des données gouvernementales ouvertes. Nous avons identifié un ensemble des indicateurs en lien avec la planification, la communication ainsi que la répartition du pouvoir, des rôles et des responsabilités. Chaque type d’indicateur sert à mesurer, sous un angle différent, les activités relatives au projet, ce qui permet à l’équipe d’identifier les dysfonctionnements en amont du projet, favorisant ainsi une rationalisation de la gestion des ressources et du temps (voir tableau 1).
Tableau 1
Indicateurs de performance relatifs à la phase de la planification du projet
La mise à profit de ces indicateurs de performance dès la phase de la planification du projet permet de s’assurer que celui-ci tient route conformément aux orientations prévues, notamment pour anticiper les risques et les problèmes d’utilisation irrationnelle des ressources. Elle aide également à évaluer la répartition du pouvoir entre les experts de l’équipe du projet de telle sorte que chaque spécialiste puisse revendiquer son territoire d’autorité et faire valoir son expertise. C’est plus particulièrement le cas pour les archivistes, ces experts en gestion de l’information documentaire qui sont parfois absents de ce type de projets, à la différence des autres spécialistes qui semblent plus interpellés dans ce contexte. L’évaluation de la nature de la collaboration entre les archivistes et les autres spécialistes aide à identifier les écarts et, au besoin, suggérer des pistes de solutions amenant ces acteurs à fédérer leur expertise et travailler ensemble pour la réussite du projet. Les résultats de l’évaluation à l’aide de ces indicateurs de performance déterminent dans quelle mesure il est légitime de passer à la phase subséquente du projet, soit celle de son exécution.
Considérant la complexité de ces projets et la nature hétérogène des activités les sous-tendant, il apparait légitime d’envisager ces derniers sous forme de mini-projets suivant l’approche de gestion agile. En guise d’exemple, on peut songer à un découpage en fonction de la nature des activités, en suggérant quatre mini-projets, soit (1) l’élaboration des outils normatifs, (2) la conception des outils archivistiques, techniques et juridiques, (3) la mise sur pied du portail public avec ses fonctionnalités et (4) la mise en ligne des données.
Le découpage en mini-projets facilite l’exécution des activités planifiées et leur contrôle, ce qui minimise le risque d’erreurs et des redondances des tâches qui menacent l’utilisation rationnelle des ressources. Chaque mini-projet traverse les mêmes phases du projet global, soit la planification, l’exécution, le contrôle et le suivi, ainsi que la clôture. À la phase de la planification, les objectifs globaux du projet peuvent être répartis en fonction des exigences de chacun des quatre mini-projets pour en faciliter l’exécution et l’anticipation des problèmes qui pourraient être rencontrés.
Figure 3
Découpage du projet en mini-projets
La phase de l’exécution
Il s’agit de la phase durant laquelle les différentes activités planifiées sont mises en oeuvre. Elle s’amorce par la rédaction d’une politique en matière de libération des données ouvertes, puisqu’il s’agit d’un outil normatif qui met énonce et décrit les rôles et les responsabilités de chaque acteur dans la gouvernance de ces données. Il est aussi question de délimiter le processus de gestion de ces traces documentaires, notamment en définissant le cadre institutionnel et légal qui régit leur gestion. Ce dernier peut concerner les politiques et les procédures mises en place par l’organisation pour assurer la gestion des archives (ex. politique de gestion documentaire), ainsi que les politiques encadrant la sécurité des ressources informationnelles et la protection des renseignements personnels. Ces outils d’encadrement se basent, en partie, sur le cadre légal et réglementaire régissant la gestion de l’information, notamment la Loi sur les archives (R.L.R.Q., A-21.1), la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et la protection des renseignements personnels (R.L.R.Q., A-2.1), ainsi que la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publicset des entreprises du gouvernement (R.L.R.Q., G-1.03), de même que la Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels (R.L.R.Q., 25).
Les instruments normatifs étant élaborés, il convient d’en opérationnaliser la portée sous forme d’outils de gestion, soutenant la réalisation des différentes activités planifiées pour atteindre les objectifs du projet. Cette opérationnalisation se concrétise par la conception des outils revêtant à la fois une portée archivistique, communicationnelle et technologique. Sur le plan archivistique, la conception de la convention de nommage, du schéma de métadonnées et du plan de gestion du cycle de vie est nécessaire au développement d’un programme de gouvernance des données. Plus précisément, tels instruments favorisent le développement de pratiques harmonisées de gestion des données renfermant un potentiel d’être libérées sous une forme ouverte. Si la convention de nommage et le schéma de métadonnées soutiennent l’identification et le repérage des jeux de données, le plan de gestion du cycle de vie énonce les périodes pendant lesquelles les données sont préservées, la fréquence de leur mise à jour ainsi que leur sort final. Les durées de conservation des jeux de données peuvent être définies sur la base d’un ensemble de considérations, dont la portée des demandes faites par les usagers, les limites de stockage dans les serveurs informatiques ainsi que les délais légaux pour la préservation de certains types de données, entre autres. Il convient de noter que ces durées, à l’instar de celles énoncées dans le calendrier de conservation des documents d’archives, doivent être définies en fonction du type du jeu de données. Autrement dit, les données de la reddition des comptes n’ont pas la même durée de conservation que les données de référence, puisque les premières s’alimentent et s’ajustent sur une base régulière, au fur et à mesure de l’avancement des activités administratives, tandis que les données de référence sont celles qui décrivent d’une manière unique une personne, un service ou un organisme. La nuance des types des jeux de données se révèle dès lors nécessaire pour savoir quoi conserver, pourquoi et pendant quelle période.
En sus de la conception des outils archivistiques, il importe d’élaborer le guide de sélection des jeux de données ouvertes à diffuser en ligne. Il s’agit d’un processus qui peut prendre plusieurs mois, puisque la sélection de ces traces documentaires, de même que le choix de critères de priorisation doivent être réfléchis. Le respect des principes de la Charte internationale sur les données ouvertes, tout en considérant les contraintes de l’organisation, nommément en termes de ressources, constitue le principal enjeu qui se pose dans ce contexte. Ce guide de sélection doit intégrer à la fois les principes de la Charte, les exigences institutionnelles en regard de la qualité archivistique, communicationnelle et technologique des données ouvertes, ainsi que les spécifications législatives en regard de l’accès à l’information et la protection des renseignements personnels. Qui plus est, il est question d’un outil orientant le processus de cartographie de l’espace documentaire concerné, incluant les bases de données, les documents structurés (ex. pages web, formulaires, etc.) et non structurés (ex. documents en format Word, présentations PowerPoint, images, etc.). En outre, la démarche d’extraction des données à partir de ces documents doit être clairement explicitée, puisqu’il est faux de tenir pour acquis que tous les acteurs concernés possèdent des compétences égales en matière de gestion et d’appropriation des données. Enfin, les considérations technologiques doivent se fonder sur des choix rationnels, notamment pour la définition des formats technologiques interopérables (ex. le format CSV, soit le Comma Separated Values) et le type du logiciel de gestion et de préservation à long terme des données gouvernementales ouvertes, lequel doit, de préférence, être de type ouvert pour une meilleure flexibilité dans son paramétrage et l’adaptation de ses fonctionnalités aux besoins des parties prenantes.
À l’issue de la conception des outils et de la mise sur pied du portail des données ouvertes, il convient de procéder à la mise en ligne de celles-ci. Pour ce faire, il convient d’opter pour une logique incrémentielle, commençant par les types de données les plus faciles à diffuser pour se consacrer pleinement à ceux qui sont plus complexes. Autrement dit, un usage stratégique du temps s’impose pour minimiser les risques de dépassement des échéances. Il peut être question de viser les données déjà structurées, par exemple, les données à extraire directement des bases de données et qui sont déjà curées, suivies de celles agrégées dans des documents structurés et non structurés. Le processus de la mise en ligne de ces données extraites, curées et sélectionnées doit spécifier la variante de la licence d’utilisation choisie (celle du type Creative Commons), conformément aux exigences des outils normatifs conçus. La publication de chaque jeu de données doit être accompagnée d’une fiche descriptive, renseignant un ensemble de champs tels que l’identifiant unique de la ressource, l’activité couverte (ex. mots-clés en langage naturel ou contrôlé), le ministère ou l’organisme public responsable, ses coordonnées, ainsi que les métadonnées d’intégrité telles que la date de la mise en ligne initiale et celle de la mise à jour, sans oublier le degré de respect des principes de la Charte. Enfin, puisque la diffusion en ligne des données gouvernementales ouvertes s’inscrit dans une préoccupation de stimulation du dialogue entre l’État et les citoyens, l’intégration des fonctionnalités de rétroaction au portail, telles que les boites de commentaires, les courts sondages et les échelles de mesure s’avère importante. Les extrants à générer par les usagers soutiennent l’amélioration continue de la qualité de ces données, ce qui en stimule l’utilité et l’utilisabilité.
La phase de l’exécution d’un projet de libération des données gouvernementales ouvertes commande une véritable coordination entre les parties prenantes, puisqu’elle met en jeu des logiques de gestion des données propres à plusieurs disciplines, dont l’archivistique, le droit, la science des données et l’informatique. En vue d’évaluer les résultats de ces activités en regard des exigences normatives et des attentes respectives des parties prenantes, il importe d’opter pour des mesures de contrôle appropriées, traduisant les interventions managériales propres à la phase subséquente du projet.
La phase du suivi et du contrôle
La phase de l’exécution étant achevée, il s’agit de procéder à un suivi et un contrôle des livrables et des extrants générés en vue d’assurer leur conformité en regard des principes de la Charte, ainsi que des dispositions législatives en vigueur et des politiques et règlements organisationnels. Les résultats de cette phase déterminent la nécessité d’apporter, sur une base itérative, les changements appropriés aux activités propres aux mini-projets précédemment identifiés. Dans le contexte de la libération des données gouvernementales ouvertes, plusieurs types d’indicateurs peuvent être mis à profit, comme (1) les indicateurs de mesure de la qualité des biens livrables, (2) de la gestion opérationnelle et (3) de la gestion des risques (voir tableau 2). Si le premier type d’indicateurs renvoie au degré de correspondance des résultats obtenus avec les spécifications des données gouvernementales ouvertes, notamment en regard des critères de qualité initialement identifiés, le second revêt plutôt une touche opérationnelle, visant à mesurer la performance des unités administratives de l’organisation et leur apport au projet.
Tableau 2
Exemple des indicateurs de performance à utiliser à des fins de suivi et du contrôle d’un projet de libération des données gouvernementales ouvertes
Des aspects managériaux tels que la qualité de la collaboration entre les parties prenantes, doivent aussi être pris en compte, puisque leur évaluation permet de s’assurer que tous les acteurs pressentis assument leurs rôles dans le projet. L’exploitation réelle des ressources est aussi un point critique devant faire l’objet d’une évaluation, et ce, en vue d’assurer la continuité des activités et de les prioriser, au besoin, en fonction de leur degré d’importance. Pour sa part, le dernier type d’indicateur sert à évaluer l’intensité des risques entourant la mise en ligne des données ouvertes, notamment en regard des exigences éthiques en lien avec le respect de la vie privée. Il concerne également les risques du non-respect des aspects managériaux initialement prévus pour le projet, dont le calendrier des activités et les ressources à déployer pour atteindre les objectifs définis. Dans ce contexte, la consultation des parties prenantes, ou encore de leurs représentants, se veut nécessaire pour obtenir un portrait global et fidèle des résultats de l’application de ces indicateurs de performance, puisque les points de vue empruntés par chaque acteur ne sont pas nécessairement les mêmes. Cela favorise la projection des regards croisés sur les attentes des parties et permet de se concentrer sur les aspects à améliorer ou à changer, au besoin.
Somme toute, l’évaluation des extrants par des indicateurs de performance appropriés aide non seulement à anticiper les risques encourus, mais aussi à cibler les aspects à améliorer pour faire de la libération des données ouvertes un aspect stratégique soutenant la visibilité de l’organisation et sa légitimité en regard des pressions socio-politico-institutionnelles auxquelles elle est soumise. La phase du suivi et du contrôle du projet permet, d’une manière générale, de s’assurer que les investissements de l’organisation dans la diffusion des données gouvernementales ouvertes sont porteurs de bénéfices escomptés et correspondent aux besoins des parties prenantes. Les résultats d’une telle évaluation déterminent si le projet est rendu à sa finalisation, et ce, suivant leur qualité et leur valeur ajoutée pour l’organisation et ses partenaires.
La phase de la clôture
Cette phase ultime traduit l’achèvement du projet et une finalisation de ses activités. Elle constitue l’aboutissement du projet, et est considérée comme une continuité des mesures amorcées à la phase précédente. En vue de finaliser le projet, il importe de réaliser un audit en vue de s’assurer que les objectifs du projet ont été atteints. Les biens livrables sont présentés aux parties prenantes, et le rapport final du projet est rédigé. Ce dernier doit rendre compte, pour des besoins de traçabilité et de reproductibilité du projet, de l’ensemble des activités et des modifications ayant été apportées aux processus planifiés, et ce, depuis la planification du projet jusqu’à sa clôture. Telle phase comprend aussi la conduite des sondages de satisfaction (voir tableau 3), ainsi que le déploiement des mesures misant sur l’amélioration continue des activités, notamment en mettant à profit les indicateurs de performance précédemment développés.
Tableau 3
Exemples d’aspects à inclure dans un questionnaire de satisfaction
En résumé, un projet de libération des données gouvernementales ouvertes comporte les phases de planification, d’exécution, de contrôle et de clôture. Celles-ci sont réalisées selon une logique itérative, avec un découpage des activités en mini-projets en vue d’en assurer l’exécution et le contrôle. L’usage des indicateurs de performance appropriés, couplé à la consultation régulière des parties prenantes tout au long du projet, favorise l’anticipation des dysfonctionnements, tout en s’assurant que les ressources sont exploitées d’une manière efficace et rationnelle pour atteindre les objectifs du projet. Aussi, la conduite d’un sondage à l’issue du projet aide les experts de l’équipe multidisciplinaire du projet à cerner les impacts de celui-ci sur les parties prenantes, ce qui en rend facile l’identification des facteurs du succès et permet d’en tirer des leçons pour les futurs projets à portée similaire.
Conclusion
Bien que la libération des données gouvernementales ouvertes soit porteuse d’un bon nombre de bénéfices en termes de réutilisation de ces traces documentaires à des fins d’amélioration de la performance organisationnelle, de participation à la vie publique, de recherche scientifique et d’innovation, elle comporte son propre lot de risques. Compte tenu de la variation des points de vue exprimés par les parties prenantes, des paramètres organisationnels, des pressions légales et réglementaires et de la complexité des processus en question, l’approche agile semble la plus appropriée pour la conduction d’un projet d’une telle envergure. Allant de la phase de la planification à la clôture, en passant par l’exécution, du contrôle et du suivi des processus, cette approche offre une meilleure souplesse à un projet de diffusion des données ouvertes, puisqu’elle favorise l’intégration continue des ajustements en fonction des attentes des parties prenantes.
En vue de favoriser le succès du projet tout en utilisant d’une manière optimale les ressources allouées, il importe de mettre à profit des indicateurs de performance offrant la possibilité d’évaluer la qualité des livrables et la synergie du travail entre les parties prenantes tout en identifiant, voire anticipant les dysfonctionnements. Telle collaboration aide à libérer des données gouvernementales ouvertes exploitables par les citoyens à des fins de participation à la vie publique, de recherche ou de développement des applications mobiles. À l’ère de l’automatisation, ces traces ouvertes peuvent être utilisées à des fins d’entrainement des algorithmes de l’intelligence artificielle (IA) pour soutenir l’activité gouvernementale, que cela soit à des fins d’automatisation des processus administratifs, de conception des robots conversationnels pour optimiser la communication avec les citoyens, ou encore de prédiction des comportements de ceux-ci. Or, les dispositifs de l’IA agrègent des jeux de données en provenance de sources de plusieurs ministères et organismes, ce qui commande une certaine harmonisation des pratiques de gestion de ces traces. Il reste à voir jusqu’à quel point l’introduction de l’IA dans le secteur public peut encourager la normalisation de ces pratiques pour améliorer la performance des algorithmes.
Parties annexes
Note biographique
Siham ALAOUI est candidate au doctorat et chargée de cours à l’Université Laval. Détentrice d’un baccalauréat en sciences de l’information (obtenu au Maroc en 2013 à l’École des sciences de l’information, à Rabat) et d’une maîtrise en sciences de l’information (obtenue en 2015 à l’Université de Montréal), elle a occupé plusieurs postes dans des bibliothèques et des milieux archivistiques. Elle s’intéresse à la médiation documentaire numérique, notamment dans le contexte actuel d’ouverture et de participation citoyenne, et a écrit plusieurs articles scientifiques et professionnels publiés dans des revues spécialisées en sciences de l’information : Archives, Revue canadienne des sciences de l’information et de bibliothéconomie,Argus, Comma, Les Cahiers de la Documentation, Documentation et Bibliothèques.
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Liste des figures
Figure 1
Principes de la charte internationale sur les données ouvertes
Figure 2
Étapes d’un projet de libération des données gouvernementales ouvertes
Figure 3
Découpage du projet en mini-projets
Liste des tableaux
Tableau 1
Indicateurs de performance relatifs à la phase de la planification du projet
Tableau 2
Exemple des indicateurs de performance à utiliser à des fins de suivi et du contrôle d’un projet de libération des données gouvernementales ouvertes
Tableau 3
Exemples d’aspects à inclure dans un questionnaire de satisfaction