Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisme

International Civil Society.Colas, Alejandros. Oxford, uk, Blackwell Publishing, 2001, 230 p.[Notice]

  • Georges M. Hénault

…plus d’informations

  • Georges M. Hénault
    École de Gestion
    Université d’Ottawa, Canada

Tiré de la thèse de doctorat de l’auteur à la « London School of Economics and Political Science », ce livre a pour objectif de démontrer la pertinence des agences volontaires, non étatiques, collectives, sociales et politiques dans le concert des relations internationales. C’est en effet l’ensemble de ces acteurs que Colas regroupe sous le vocable de société civile. Il cherche à en voir les pratiques pour mieux comprendre la solidarité transnationale au sein des mouvements sociaux et son impact sur la société internationale. L’approche ne se veut pas historique mais plutôt une recherche portant sur une catégorisation sociologique de la société civile internationale. La définition qu’il donne de la société civile internationale reflète bien l’esprit et la culture de sa démarche méthodologique. En effet, il précise que « la société civile internationale est l’espace socio-économique et politique créé internationalement et à l’intérieur des États par l’expansion des relations capitalistes de production où les mouvements sociaux modernes poursuivent des buts politiques spécifiques » (p. 50) dont l’émergence se situe vers la fin du xviiie siècle (p. 59). Une des questions particulièrement importantes que l’auteur pose à la fin de son deuxième chapitre est celle de l’ambiguïté qui pèse sur la légitimité politique des organisations non gouvernementales internationales (ongi) qui en tant que groupes de pression ne sont redevables que devant leurs membres. Or cette ambiguïté se renforce lorsque les spécialistes de ce type d’organisation relèvent des différences notoires entre les sous-catégories d’acteurs que sont les ongg (soutenues par les gouvernements), les ongd (appuyées par les agences Donatrices d’aide), les onge (celles provenant du regroupement des entreprises du secteur privé), les ongq ( c’est-à-dire les Quasi ong) et enfin les onggig (ou ong gérées et initiées par le gouvernement dont l’acronyme anglais gringo est savoureux pour les hispanisants). L’analyse de la place et du rôle des ongi dans la gouvernance globale est particulièrement intéressante. En effet, l’auteur remarque tout d’abord que l’on se doit de dissocier la société civile internationale de l’émergence de la mondialisation qui est bien plus récente. Il poursuit ensuite en affirmant qu’il ne s’agit pas d’une activité sociopolitique transnationale récente qui joue le rôle de contrepoids démocratique aux instances de gouvernance mondiale sans imputabilité, car de nombreux acteurs de la société civile internationale ne sont ni démocratiques ni imputables. En d’autres termes, il n’y a rien d’intrinsèquement progressiste ou démocratique à propos de la société civile internationale (p. 139). La question clé qui émerge alors est de savoir comment la relation entre l’État et la société civile se transforme internationalement sous les pressions de la mondialisation. L’activisme des organisations de terrain internationales devient plus efficace grâce à la mondialisation des outils et media audiovisuels, la popularisation du courrier électronique et d’internet, une plus grande mobilité des individus (tout au moins pour ceux des pays de l’ocde) ainsi qu’une familiarité accrue de l’opinion publique à l’égard des causes défendues par les ongi. Le rapport de la Commission sur la gouvernance mondiale mentionne explicitement que cette dernière doit inclure non seulement les grandes organisations internationales, mais aussi les ong, les mouvements de citoyens, les entreprises multinationales et les marchés financiers internationaux. En l’absence d’autorité centrale, ces deux premières catégories d’acteurs qui travaillent parfois de concert, parfois en parallèle ou même en situation de concurrence, se doivent de coopérer pour affronter les défis mondiaux. Cela n’est certes pas une tâche facile. En effet, le nombre d’ong participant, par exemple, aux grandes conférences internationales s’est multiplié depuis la première rencontre sur l’environnement à Stockholm en 1972. Ainsi, plusieurs centaines d’entre elles se …