Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Binnendijk, Hans (dir.), Transforming America’s Military, Washington, dc, National Defense University Press, 2002, 394 p.[Notice]

  • Jacques Fontanel

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  • Jacques Fontanel
    Université Pierre Mendès France
    Grenoble, France

La révolution des affaires militaires requiert le développement de nouvelles technologies, définitions opérationnelles et structures d’organisation. Ce processus doit conduire l’armée américaine vers les missions nécessaires du xxie siècle. Cependant, le processus implique aussi des risques susceptibles de saper dangereusement les capacités militaires des États-Unis. Il s’agit de mettre en évidence l’intérêt d’une transformation progressive, impliquant simultanément tous les services et l’ensemble des partenaires concernés. L’effort de transformation a été engagé pendant l’administration Clinton. En 2001, la Revue Quadriennale de la Défense (Quadrennial Defense Review) a fixé plusieurs objectifs, notamment la protection du territoire national (homeland) et des réseaux d’information, le développement et le soutien de la puissance américaine vers des théâtres lointains, le refus de la sanctuarisation des ennemis et le renforcement des technologies de l’espace et de l’information. Les événements de septembre 2001 ont donné plus de poids au premier objectif. Dans une première partie « Les fondations de la transformation », Sam Tangredi (chap. 1) considère que la transformation des affaires militaires implique la mise en place sérieuse des priorités des objectifs et des missions. Aujourd’hui, les États-Unis doivent adopter un nouveau modèle de hiérarchie dans les missions, capable d’identifier dans les intérêts ceux qui sont « de survie », vitaux ou simplement importants nationalement. Les allocations de ressources doivent dépendre des réponses ainsi apportées. Si l’on a abandonné la stratégie de la victoire simultanée sur deux théâtres d’opération, la nouvelle stratégie doit permettre aussi plus de flexibilité pour une plus grande diversité de missions. Pour Thomas Hone et Norman Friedman (chap. 2), la question est de savoir comment les nouvelles technologies peuvent s’appliquer au secteur militaire. Ils mettent en évidence le potentiel d’une douzaine de technologies, dont certaines ont déjà fait l’objet de développements importants dans le domaine commercial. Après une présentation historique, Richard Krugler (chap. 3) insiste sur la nécessité de ne pas recourir aux solutions extrêmes en matière militaire. Le pluralisme des idées et des organisations est plus efficace qu’un plan centralisé et risqué. Dans la seconde partie « La transformation des services », Thomas McNaugher et Bruce Nardulli (chap. 4) mettent en avant l’importance des transformations à engager dans les services de « l’Army ». Le plan de l’Armée prévoit de mener simultanément des stratégies à long terme (Objective Force), à moyen terme (Interim Force) et à court terme (Legacy Force). À long terme, il faut construire le système de combat futur. Ainsi de petits véhicules en réseau (de 16 à 20 tonnes) devraient remplacer les chars M-1 Abrams de 70 tonnes et les véhicules d’attaque M-2 Bradley de 32 tonnes. Les paris sont faits en faveur d’améliorations importantes dans la technologie d’information, les senseurs et les robots. Pourtant cette démarche est dangereuse si les progrès technologiques ne s’avèrent pas suffisamment rapides. Au fond, avec le combat contre le terrorisme, l’armée a l’opportunité de modifier ses technologies et ses objectifs, ce qui la conduit à une réorganisation nécessaire, qui doit cependant rester très contrôlée. Pour William O’Neil (chap. 5), la Marine (Navy) est devenue une force aérienne considérable. Elle s’est adaptée à cette condition, en créant des plates-formes sur presque tous les navires de guerre. La Marine ne souhaite pas changer trop rapidement, car il faut 15 ans pour concevoir et construire un bâtiment de guerre, lequel est mis en service pendant au moins 35 années. Aujourd’hui, la Marine est sur la bonne voie, avec une capacité stratégique dominante depuis la fin de l’Union soviétique, malgré la diminution des coûts des missiles ou des mines des adversaires potentiels. Depuis …