Comptes rendus : Économie internationale

Lal Das, Bhagirath, The wto and the Multilateral Trading System. Past, Present and Future, London, Zed Books, 2004, 256 p.[Notice]

  • Alice Landau

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  • Alice Landau
    Département de science politique
    Université de Genève, Suisse

Le livre de Bhagirath Lal Das prend résolument le parti des pays en développement. Il critique donc l’organisation qui régule le commerce international. Il ne procède pas à une analyse des accords comme le fait par exemple le livre d’Alice Landau The Multilateral Trading System, à paraître au début de 2005 chez Routledge. L’ouvrage examine l’historique de l’omc depuis les années 1920. L’organisation naît de l’entente entre les deux puissances au sortir de la guerre, les États-Unis et l’Angleterre, mais une organisation internationale ne verra jamais le jour. Au contraire, le gatt est un accord intérimaire signé par vingt-sept pays dont des pays en développement. Il relève très judicieusement le rôle joué par les entreprises multinationales qui se tiennent souvent dans les délégations des pays développés. Il ne faut pas oublier que les multinationales dans le secteur pharmaceutique, électronique et des télécommunications ont exercé des pressions sur le Président des États-Unis et sur le Congrès. Des lobbys aussi importants que l’Association of Pharmaceutical Producers, la Motion Picture Association of America, la Audio-Visual Industry, la Semi-conductor Industry, la Californian Chemical Industry, et la Californian Wine Industry ont agi de concert au niveau de l’administration et des gouvernements alliés pour promouvoir leurs idées et inscrire la propriété intellectuelle dans l’ordre du jour des négociations. L’omc n’est pas une organisation qui prend en compte les intérêts des pays en développement. Il est certain que l’omc n’est pas une organisation pro-développementaliste comme l’est par exemple la cnuced bien que cette dernière aide dorénavant les pays en développement à suivre les préceptes néo-libéraux et à mieux négocier à l’omc. Bhagirath Lal Das a des mots très durs pour l’omc qu’il traite de monument d’hypocrisie. On ne peut pas aller jusque-là puisque l’omc a tenu compte des désirs des pvd par exemple à Doha lorsque les États-Unis ont abandonné l’idée d’inclure les normes sociales à l’omc. Les pvd forment maintenant l’essentiel des pays membres de l’omc et parmi les pays en attente d’y entrer ne figurent que des pays en développement à l’exception de la Russie. Mais Bhagirath Lal ne relève pas ce fait qui va à l’encontre de ses thèses. Cet ouvrage reprend certaines failles du système pour étoffer ses arguments. Dans l’accord sur l’agriculture il est vrai que les subsides ne vont pas être éliminés. Les fermiers reçoivent leurs chèques du gouvernement et leur pouvoir est donc encore renforcé. Tout en réduisant les subsides qui sont couverts par l’obligation de les réduire, les gouvernements des pays développés augmentent les autres subsides faisant passer les subsides de l’ue de 83 milliards de dollars en 1986-1988 à 96 milliards en 1996. Les pays développés ont aussi utilisé fréquemment les clauses de sauvegarde qui leur permettent de protéger leur production lorsqu’il y a augmentation des importations à des prix très bas. Le système est injuste et discrimine les pvd dans le commerce mondial, mais est-ce une raison pour châtier une organisation dont le but est de libéraliser les échanges ? Le textile est également un système particulièrement injuste et pernicieux. L’accord sur les textiles organise la transition de l’arrangement multifibre au régime soumis aux obligations de l’omc qui doit disparaître à la fin de la période de transition au 1er janvier 2005. À cette date, l’arrangement multifibre prendra fin ainsi que le système des quotas existant sous son égide. Le commerce du textile et des vêtements sera soumis à la discipline du gatt. Mais l’accord ne spécifie pas la répartition des produits à être intégrés à l’intérieur des différentes catégories (peignés et …