Comptes rendus : Histoire et diplomatie

Opello Jr., Walter C. et Stephen J. Rosow, The Nation-State and Global Order. A Historical Introduction to Contemporary Politics, 2e éd., Boulder, Lynne Rienner, 2004, 319 p.[Notice]

  • Raúl Bernal-Meza

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  • Raúl Bernal-Meza
    cerial, Mendoza, Argentine

Recueil historique sur l’État territorial, depuis ses origines dans l’Europe médiévale jusqu’à l’actuel État-nation dans le contexte de la mondialisation, cet ouvrage offre une interprétation basée sur des hypothèses propres et une bibliographie d’auteurs amplement reconnus. Il passe ainsi en revue les influences de l’idéologie, de la politique, de la culture, de la religion et des institutions qui ont contribué à la création de l’État-nation moderne, à travers un long processus historique. Les auteurs fondent leur analyse sur l’argument selon lequel le processus de construction de l’État moderne est passé par cinq étapes, dont la dernière correspondrait à celle de la mondialisation actuelle. Le livre compte trois parties, divisées en trois chapitres chacune, et une quatrième partie avec deux chapitres, dont les conclusions, plus une introduction, une liste de cartes, une brève préface, une bibliographie et un index thématique et nominal. Sur le plan méthodologique, chaque chapitre se termine par un bref résumé. La première partie du livre analyse les éléments qui ont conduit à la constitution des États territoriaux en Europe. La deuxième traite les différentes formes prises par cet État territorial. La troisième examine ce que les auteurs appellent « les deuxième et troisième grandes transformations », à savoir l’extension de l’idée de l’État territorial vers des régions au-delà de l’Europe et la division de ces régions non européennes en États territoriaux souverains séparés par la force et le nationalisme. La quatrième et dernière partie du livre analyse les changements actuels et les thèmes qui mettent en doute la continuité de l’État comme une forme de domination politico-territoriale : l’avenir de la souveraineté, l’impact de l’économie globale sur l’État territorial. La perspective théorique du livre est présentée avec une première hypothèse selon laquelle la disparition de la partie occidentale de l’Empire romain a créé les conditions de l’émergence des États territoriaux, qui se développeront pendant le Moyen-Âge et que les besoins de la guerre contribueront postérieurement à raffermir comme entités. La Paix de Westphalie marquerait ainsi la déclaration internationale de leur avènement. Les auteurs s’accordent avec d’autres qui signalent que les fondements de la pensée politique sur la conception des affaires publiques remontent à la tradition patricienne romaine sous la République et aux idées sur le gouvernement représentatif; ces idées ont été par la suite réinterprétées par Machiavel. Dans cette tradition se trouve aussi l’idée de la propriété privée absolue, l’un des fondements du développement ultérieur du capitalisme. Vers 1200, les royaumes semi-autonomes se consolident autour de l’idée de frontières, en tant que territoires exclusifs d’un pouvoir militaire déterminé et deviennent de plus en plus bureaucratiques. En même temps, l’Église catholique s’est également transformée en un véritable royaume et disposait de l’énorme pouvoir de la communication (éducation) et du contrôle des idées morales, en plus du statut et du pouvoir économique. De cette façon, à côté d’un pouvoir séculier s’est constitué un pouvoir sacré. Les petits et moyens territoires, attribués à un souverain local, se sont vus bientôt dans l’obligation de se défendre des barbares et de leurs propres ennemis par leurs propres moyens. Le pouvoir du roi et de toute la monarchie ainsi que l’aristocratie ont commencé à apparaître comme quelque chose de lointain qui a été remplacé par le pouvoir local. Ce processus est à l’origine du féodalisme qui a créé les conditions sociales de l’essor postérieur à l’État territorial moderne. La société féodale, basée sur des liens de loyauté et d’obéissance personnels, serait plus tard substituée par une conception basée sur l’identité et la loyauté envers les institutions de l’État territorial souverain ; une société où se différenciaient trois pouvoirs : ceux qui priaient, …