Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisme

Yovanovich, Gordana (dir.), The New World Order. Corporate Agenda and Parallel Reality, Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2003, 232 p.[Notice]

  • Gabrielle Lachance

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  • Gabrielle Lachance
    Sociologie, option développement
    Sainte-Foy, Québec

Voici un énième volume sur la mondialisation. Cette fois, on utilise la notion de Nouvel ordre mondial (nom), une expression employée pour la première fois par le président Bush après l’effondrement de l’Union soviétique et l’émergence des États-Unis comme seule superpuissance. Rappelons qu’au début des années 1970, les sociétés multinationales – dont les activités n’ont cessé de se multiplier et de s’intensifier depuis le début du 20e siècle – ont soudainement fait surface, ce qui a provoqué de vives discussions sur les règles du marché et mené à l’adoption, en 1974, du Programme d’action sur l’établissement d’un nouvel ordre économique international à la sixième session extraordinaire de l’onu. Les objectifs du nom proclamé par George Bush vont totalement à l’encontre de ceux du noei demandé alors par les pays du Tiers-monde. Ce volume trace un portrait de l’état actuel de certains secteurs d’activité sous le régime du nom. À le lire, on pense à une pièce de théâtre en 12 actes, chacune présentant une facette particulière de la réalité en rapport avec ce phénomène. C’est sans doute son originalité et ce qui fait son intérêt. Le premier acte sert d’introduction à la pièce : le nom n’est pas qu’économique, il a des répercussions dans tous les domaines de la vie. C’est ce qui sera démontré. La logique de profit du nom ne peut atteindre, à moyen terme, que la destruction de la vie. Le modèle de Marx est complété : l’argent, de moyen qu’il était au service des besoins humains, 1) est devenu une fin en vue de gains plus importants ; 2) a conduit à la production de biens de mort (armes de guerre, cigarettes, etc.) encore plus rentables ; et 3) à l’économie spéculative qui s’avère beaucoup plus profitable. Un dilemme moral confronte donc les citoyens de ce nom dont les lois entrent en contradiction avec la vie et ses besoins d’entretien et de croissance. Le nom est issu de visées manipulatrices et de procédures bureaucratiques. Lorsqu’il a été imposé d’en haut, les intellectuels n’étaient pas prêts à y faire face et leur rôle est demeuré moins important que celui de la classe politique. À cet égard, les États-Unis ont largement contribué à sa diffusion. Déguisés en gardiens et promoteurs des droits humains, et pour des motifs prétendument moraux, ils ont attaqué des pays et utilisé les moyens de communication pour atteindre leurs buts. Malgré tout, des peuples pauvres et opprimés survivent, parce qu’ils ont sauvegardé leur spiritualité et maintenu vivant le rêve d’une société meilleure. Les chapitres 4 et 5 se rapportent à la guerre dans les Balkans que les deux auteurs jugent illégale car elle violait les lois internationales. Sur le plan diplomatique, cette intervention s’avère un échec : elle n’a fait qu’exacerber le problème et intensifier le nettoyage ethnique. Il faudrait des critères pour déterminer la validité d’une intervention humanitaire, car cette guerre a été entreprise en fait pour des raisons politiques et sans justification humanitaire. Sur le plan légal, on met en doute l’impartialité du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie qui a été présenté comme preuve que le nom représente un âge d’or pour les droits humains. Le soi-disant succès économique chilien est souvent présenté comme une expérience réussie du néolibéralisme : développement d’une agriculture d’exportation ; amenuisement du secteur public ; législations anti-syndicales ; privatisation de l’éducation, etc. Ce projet, mis en place par la dictature et ses alliés, a été institutionnalisé et peaufiné pendant près de deux décennies de sorte que, depuis 1990, on observe une consolidation de ce modèle capitaliste autoritaire. Au Canada, l’éducation est …