Comptes rendus : Analyse de politique étrangère

Roosens, Claude, Valérie Rosoux et Tanguy De Wilde d’Estmael (dir.), La politique étrangère. Le modèle classique à l’épreuve, pie-Peter Lang, Bruxelles, 2004, 457 p.[Notice]

  • Houchang Hassan-Yari

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  • Houchang Hassan-Yari
    Département de science politique et d’économique
    Collège militaire royal du Canada, Kingston, Ontario

Ce collectif, qui se veut une oeuvre totale, s’inscrit dans la foulée des ouvrages sur la politique comparée, plus communs dans la littérature anglo-saxonne, mais moins courants dans le monde francophone. L’ouvrage se divise en trois principales parties. Il s’agit de « Définition et évolution de la politique étrangère », « La conduite étatique de la politique étrangère » et « Déterminants et instruments de la politique étrangère ». La première partie établit le cadre théorique et conceptuel, donnant le ton à celles qui suivent. Dans « Définition et repères », Roosens et Bento Beja cherchent à préciser les contours, identifier les objets et désigner les acteurs de la politique étrangère. Les auteurs s’efforcent de clarifier les appellations concurrentes : relations internationales, relations extérieures, politique internationale, etc. Ils fournissent également des éléments de réflexion sur les caractéristiques propres et les rapports de la politique étrangère avec la politique intérieure. Face aux changements survenus depuis la fin des années 80 et la transformation de nature de la politique étrangère, Roosens et Beja appellent l’État à s’adapter aux nouvelles réalités afin de rester pertinent sur la scène internationale. Christophe Dubois étudie la « genèse philosophique de la politique étrangère » à travers une revue succincte des anciens, comme Sun Tzu et Thucydide, du médiéval chrétien, de la Renaissance et le poids du réalisme de Machiavel et Thomas More, les Modernes tels Hugo Grotius, Thomas Hobbes et Baruch Spinoza, le xviiie siècle des Lumières, structuré autour des quatre maîtres mots qui sont la raison, la nature, le progrès et le bonheur, avec des géants tels Emmanuel Kant, Montesquieu. Le xixe siècle, avec son expérience de la démocratie et des nationalismes, nourrit les phénomènes révolutionnaires qui stimulent la proclamation du principe de la souveraineté populaire et nationale. Dans « le modèle d’élaboration et de gestion de la politique étrangère », Roosens s’attache à appréhender l’influence du temps sur les origines et le développement de l’appareil institutionnel dont les États se sont progressivement dotés pour gérer leurs rapports avec l’étranger. La prise de décision en politique étrangère fait l’objet de la réflexion de Vincent Legrand qui distingue trois générations dans l’évolution de ce champ. Il voit complémentaires les approches « positiviste – behavioriste – managériale » et « constructiviste – réflexive – critique ». « Nouvel ordre mondial, nouvelle diplomatie ? » fait l’objet de la réflexion de Rick Coolsaet et Tine Vandervelden qui tentent de démontrer que les idées sur la mort de la politique étrangère, telle qu’exercée avant les années 1990, et la disparition de l’État en tant que pilier essentiel du système international, comme la conséquence inévitable de la mondialisation, ne sont pas récentes et qu’elles tiennent plus du mythe que de la réalité. La deuxième partie consacrée à la conduite étatique de la politique étrangère étudie quelques cas. Claude Roosens analyse le rôle du Président, du gouvernement et le Parlement dans la politique étrangère de la France sous la ve République. Dans cette hiérarchie, le président a la main haute sur les Affaires étrangères, malgré le changement profond survenu sous la ve République. « La politique étrangère dans le présidentialisme américain » fait l’objet de l’analyse d’Amine Ait-Chaalal. Le président est l’acteur majeur du système politique américain, avec des pouvoirs très étendus. Le Congrès y joue un rôle secondaire quoique essentiel. Le président et le Congrès sont en compétition permanente pour plus de pouvoir. Les structures non officielles, les lobbies, les médias et les think tanks, d’ailleurs comme l’opinion publique, exercent une certaine influence dans le champ de la politique internationale des États-Unis. Selon Thierry Balzacq, …